La dette est le prix de notre soumission, et inversement
En 1956, les Etats-Unis ont contraint le Royaume-Uni à se retirer de Suez en menaçant de vendre leurs réserves de livres sterling. En 2010, la Grèce a dû accepter la tutelle de la troïka. La France n’est pas à l’abri. Retrouvez la chronique de David Lisnard pour l’Opinion.
Dans le monde réel, il n’y a pas d’indépendance possible sans maîtrise de ses comptes. Avec 3 345 milliards d’euros de dette, un déficit public de 170 milliards en 2024, notre pays a perdu cette maîtrise.
Ce déficit représente 37,8 % de nos recettes publiques. Plus d’un tiers de ce que l’Etat encaisse n’est pas financé par l’impôt mais par l’endettement.
Après avoir emprunté 285 milliards d’euros en 2024, puis 300 milliards en 2025, la France va devoir emprunter 310 milliards en 2026. Encore un record battu.
Dépendance. Cette dépendance aux marchés financiers, devenue structurelle, traduit l’épuisement de notre modèle étatiste, obligé d’emprunter toujours plus pour financer le déficit public et refinancer les dettes qui arrivent à échéance. La dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s le 17 octobre n’est pas la cause mais la conséquence de l’état du marché, c’est-à-dire du degré de confiance que nous accordent les prêteurs.
Cette addiction au crédit a un prix : la charge de la dette atteint 66 milliards d’euros, et devient le premier poste de dépense de l’Etat, devant l’Education nationale et la Défense.
Une autre donnée : 54,7 % de notre dette est détenue par des non-résidents. A titre de comparaison, ce ratio est de10 % pour le Japon, 22 % pour les Etats-Unis, 27 % pour l’Italie, 40 % pour l’Espagne, 50 % pour l’Allemagne.
Or, nous ignorons qui sont ces détenteurs étrangers. La Banque de France ne fournit que des données agrégées et lacunaires. On sait simplement que figurent parmi eux des banques centrales asiatiques, des fonds souverains du Golfe, des gestionnaires d’actifs anglo-saxons.
Opacité. L’opacité est la règle. Et l’opacité n’est jamais source de confiance.
Nos créanciers nous connaissent mieux que nous ne les connaissons. Ils scrutent nos comptes, analysent nos faiblesses, anticipent nos besoins de refinancement, tandis que nous naviguons à l’aveugle.
Cette asymétrie d’information est dangereuse.
Peut-on encore parler d’indépendance nationale quand plus de la moitié de notre dette est entre des mains que nous ne connaissons pas et a fortiori ne maîtrisons pas ? La question est rhétorique.
Les exemples abondent. En 1956, les Etats-Unis ont contraint le Royaume-Uni à se retirer de Suez, en menaçant de vendre leurs réserves de livres sterling. En 2010, la Grèce a dû accepter la tutelle de la troïka. Aujourd’hui, plusieurs pays africains voient leurs politiques dictées par leurs créanciers chinois.
La France n’est pas à l’abri.
Que décidera un Etat créancier si nous menons une politique contraire à ses intérêts ? Quelle pression exercera un fonds souverain sur notre diplomatie, notre politique industrielle, notre régulation numérique ? Quel degré d’autonomie conserverons-nous si, pour éviter une hausse des taux ou une défiance des marchés, nous devons réviser nos choix et renoncer à une décision ?
Menace. Le mécanisme est simple. Un créancier mécontent peut vendre massivement nos obligations, faire monter les taux auxquels nous empruntons et renchérir notre financement. La menace suffit souvent.
C’est le soft power de la dette, la diplomatie obligataire : une influence qui ne dit pas son nom mais pèse sur chaque arbitrage. Le danger est double.
Géopolitique d’abord. Notre politique extérieure devient tributaire d’intérêts étrangers. Nos positions sur Taïwan, l’Ukraine, le Proche-Orient, l’Afrique, peuvent être influencées par la nécessité de ménager nos créanciers.
Démocratique ensuite. Nos choix électoraux peuvent être lus à travers le prisme du risque financier. C’est ainsi qu’en 2022, le gouvernement de Liz Truss au Royaume-Uni a dû démissionner après la réaction des marchés financiers, consécutive à l’annonce d’un plan de baisses d’impôts non financées.
Souveraineté. Une fois la souveraineté budgétaire perdue, chaque gouvernement se retrouve pris entre la sanction des marchés et la tentation de ponctionner ses propres citoyens.
Sous des vocables euphémisés – « mobilisation de l’épargne populaire » ou « contribution exceptionnelle » – se cache une réalité brutale : la captation forcée de l’épargne.
L’histoire récente le montre : confiscation étatique des fonds de pension en Argentine en 2008, ponction sur les dépôts bancaires à Chypre en 2013, hausses fiscales rétroactives et contrôle des capitaux en Grèce en 2010 et 2015. Et depuis 2016, le droit européen autorise les pays membres à ponctionner les dépôts bancaires supérieurs à 100 000 euros dans le cadre d’un renflouement interne pour sauver une banque en difficulté.
Vulnérabilité. Notre vulnérabilité tient à trois facteurs structurels.
D’abord, la fréquence de nos besoins. Avec une maturité moyenne de huit ans, nous devons refinancer 12,5 % de notre stock de dette chaque année, en plus du déficit annuel.
Ensuite, la concentration des détenteurs. Nous l’avons vu : plus de la moitié de notre dette est détenue par des non-résidents, dont 27% hors zone euro. Parmi eux figurent des fonds souverains, des banques étrangères, et une large part de gestionnaires d’actifs ou d’entités privées.
Enfin, l’interconnexion des risques. Une crise bancaire en Chine, une récession américaine, un conflit au Moyen-Orient : tout choc externe se répercute immédiatement sur nos conditions de financement. Nous subissons des crises que nous n’avons pas créées.
Contraintes administratives. On ne sortira pas de cette dépendance et de la dette sans croissance, et il n’y aura pas de croissance tant que nous battrons des records de prélèvements obligatoires, de contraintes administratives et de dépense publique.
Nous avons les moyens concrets d’y parvenir à travers un plan de réduction massive de la dépense publique, à hauteur minimale de 200 milliards d’euros, dont 60 à 80 milliards immédiatement, tout en renforçant les missions régaliennes et les services publics essentiels.
Ces économies ont déjà été identifiées : suppression d’agences et d’opérateurs redondants, réduction de plus de 500 000 postes administratifs, privatisations, rationalisation des aides aux entreprises, suppression des doublons et strates administratives, mise en concurrence des services, réduction de l’aide publique au développement, allocation sociale unique plafonnée, suppression de l’Aide médicale d’Etat, réservation des aides non contributives aux nationaux et étrangers résidant régulièrement depuis au moins cinq ans sur le territoire, convergence des régimes de retraite et introduction d’un étage de capitalisation obligatoire.
Cette politique puissante de redressement de la France ne pourra se faire qu’avec une légitimité forte, donc dans le cadre d’un nouveau cycle électoral complet remettant les choses dans l’ordre : présidentielle et législatives ; le plus vite possible, en laissant quelques mois pour une vraie campagne et une confrontation des projets.
Retrouver la maîtrise de nos finances publiques n’est pas une affaire technique. C’est la condition première de notre liberté. A force de différer les décisions, nous avons transformé la dette en dépendance, et la dépense en impuissance.
La dette n’est pas qu’un fardeau économique. Elle devient un risque existentiel pour notre démocratie si ce sont les citoyens qui votent mais les marchés qui arbitrent les choix politiques. Ainsi va la France.
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Les holdings dans la tempête
Le projet de loi sur la taxation des holdings est extrêmement nocif pour l’innovation, la création et le développement d’entreprises. L’Etat n’a pas à décider de la manière dont un entrepreneur dépense son argent, dénoncent Sophie de Menthon et David Lisnard dans une tribune parue dans Les Échos.
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« Pendant ce temps-là… la folie administrative continue »
Le vide politique ne signifie pas vide administratif, loin de là. David Lisnard déplore l’incessante inflation normative, coûteuse pour la collectivité. Une tribune de David Lisnard parue dans Les Échos.
Newton nous enseigne que, dans le vide, un corps en mouvement conserve toujours sa vitesse. Cette loi fondamentale n’est pas étrangère à notre administration publique. A l’heure où la France célèbre l’attribution du prix Nobel de physique à Michel Devoret, il nous faut reconnaître que les enseignements de la physique s’appliquent bien au-delà des frontières de cette noble discipline.
Dans le vide politique présent depuis le 9 septembre – date à laquelle nous avons eu notre dernier gouvernement – de nombreuses masses continuent de s’abattre sur nous, citoyens, entreprises, collectivités, avec la même célérité : les normes !
Nous aurions pu penser que l’atonie de l’exécutif aurait eu au moins un effet positif, une pause dans l’inflation des règles qui tombent sur la société civile. Or, pendant les trois semaines où s’est déroulée la tragicomédie de la constitution du gouvernement furtif de Sébastien Lecornu, de sécheresse normative il n’y en eut point. Ce déluge a continué de déferler sur la France. La folie administrative n’a même plus besoin de gouvernement !
27 textes réglementaires en un mois
Les maires, dont je suis, chargés d’en appliquer un grand nombre, sont les premiers témoins de cette inertie dans laquelle les normes nouvelles poursuivent leur folle trajectoire. En un mois, les collectivités territoriales ont vu s’abattre sur elles 27 textes réglementaires supplémentaires. « Décret relatif à la doctrine technique du numérique pour l’éducation », « décret relatif au calendrier d’autorisation et de renouvellement pour les établissements d’accueil du jeune enfant », « décret modifiant diverses dispositions relatives aux passeports et aux cartes nationales d’identité », « décret fixant le régime des redevances dues pour l’occupation du domaine public de l’Etat et de ses établissements publics par les ouvrages de transport et de distribution d’électricité »… Le cent-mille feuilles administratif est celui de nos codes.
Et tout comme chaque masse a son poids, chaque norme a son coût. La transposition de la directive sur la rénovation énergétique, imposant aux collectivités territoriales de rénover 3 % de la surface chauffée des bâtiments de plus de 250 m², est chiffrée à 10 milliards d’euros par an pour les collectivités par le Conseil national d’évaluation des normes.
Ce que l’on constate dans nos mairies est identique en entreprises et pour les particuliers. Si 27 nouveaux textes réglementaires concernant les collectivités ont été élaborés en trois semaines en l’absence de gouvernement de plein exercice, combien de nouvelles normes qui touchent directement les Français ont-elles été prises ?
La baisse des dépenses publiques est une nécessité absolue pour notre pays. Il faut en finir avec cette inflation et ce harcèlement textuels qui non seulement génèrent de nouvelles dépenses, mais en plus étouffent la création de richesses ; en finir avec le centralisme qui réglemente tout dans les moindres détails, puis à prévoir des nouvelles réglementations pour y déroger lorsque – surprenant – la règle détaillée ne parvient pas à être appliquée localement.
En finir avec le conformisme technocratique, qui consiste à penser que créer une norme, une procédure, ou un schéma directeur, c’est agir. En finir avec tous ces contrôles a priori qui empêchent les maires comme les entreprises de prendre la moindre initiative.
Décentraliser, vraiment
Il faut en finir avec toutes ces administrations et directions régionales de l’Etat, ni proches, ni loin, et les placer sous l’autorité du préfet de département : dépeupler les ministères et les agences pour repeupler les préfectures, supprimer des normes nationales, pour laisser les collectivités décider comment les lois s’appliquer.
En finir avec un Etat qui, à force de s’occuper de tout, ne parvient plus à assurer ses missions fondamentales. En finir avec un Etat-providence déjà mort mais toujours coûteux.
Libérons l’Etat de toutes ces missions qu’il s’inflige, et nous retrouverons de l’efficacité. Libérons les énergies locales, et nous sortirons du vide. Libérons la France de sa technocratie et nous éviterons le chaos.
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Taxe Zucman ou les habits neufs du vieux collectivisme
Face à la démagogie fiscale, partagée de l’extrême gauche au RN, rappelons que l’impôt n’a pas à être moral, il doit être utile et efficace, ce qu’il n’est plus depuis longtemps. Une tribune de David Lisnard parue dans Valeurs Actuelles le 24 septembre 2025.
La France détient le record mondial en matière de taux de prélèvements obligatoires. Si la fiscalité créait la prospérité, nous serions le pays le plus riche du monde. Or, la réalité est cruelle: services publics dégradés, hôpital en crise, école qui s’effondre, économie atone, appauvrissement relatif en termes de PIB par habitant. Le problème n’est évidemment pas le manque de recettes fiscales mais il vient d’un État inefficace et dépensier. Et pourtant, nous assistons depuis des semaines à un détournement d’opinion publique à travers un débat daté et dépassé: taxer les « ultrariches » par le mécanisme de la taxe dite Zucman est ainsi devenu le nouvel étendard de l’égalitarisme fiscal, ce poison collectiviste qui préfère punir la réussite plutôt que favoriser la prospérité.
Comme souvent, ce qui peut paraître séduisant est ici trompeur et dangereux. Les 20 milliards de recettes annoncés relèvent en effet de la fiction comptable. Les estimations sérieuses, intégrant les effets d’évitement et l’exil fiscal, convergent vers 3 à 5 milliards au mieux la première année. Encore moins par la suite.
En réalité, le solde sera négatif car en s’attaquant à la propriété privée, on décourage l’investissement privé et la création de richesses. L’expérience de l’impôt sur la fortune (ISF) devrait nous servir: chaque euro prélevé s’accompagnait de pertes supérieures en capital détruit et en entrepreneurs exilés. L’Allemagne, la Suède, le Dane-mark, l’Autriche, les Pays-Bas ont supprimé leur impôt sur la fortune. La Norvège en fait le constat après des mois d’hémorragie fiscale. Partout, le bilan est identique: fuite des capitaux, destruction d’emplois, recettes dérisoires.
Cette taxe frapperait des actifs illiquides: parts d’ETI (entreprises de taille intermédiaire), actions non cotées, start-up en croissance. Elle confond valorisation et revenus, capital immobilisé et trésorerie disponible. Une entreprise qui réinvestit ses bénéfices n’a pas de liquidités pour payer. La mécanique est implacable: pour s’acquitter de l’impôt, il faut vendre des parts, diluer le capital français et ouvrir la porte aux fonds étrangers. Les vraies victimes ne seraient pas les supposés « ultrariches » qui partiront, ce seraient les salariés qui resteront.
Pour augmenter le pouvoir d’achat, il faut augmenter les revenus. Pour augmenter les revenus, il faut augmenter la production. Et la production précède toujours la distribution. Or, il n’y a pas de production sans capital, et pas de capital sans protection du droit de propriété.
Une telle taxe sur la détention d’actifs non monétisables revient à légitimer une forme de dépossession légale. Ce glissement est à la fois économiquement dangereux et politiquement malsain. Il installe l’idée que l’État a un droit de regard permanent sur ce que vous possédez, même en l’absence de revenus.
Face à cette démagogie fiscale, partagée de l’extrême gauche au Rassemblement national, en passant par tout le spectre politique, il faut rappeler que l’impôt n’a pas à être moral mais qu’il doit être utile et efficace, ce qui n’est plus le cas depuis longtemps. On le sait: trop d’impôt tue l’impôt. À partir d’un certain seuil, il tue le contribuable. Aujourd’hui, l’urgence n’est pas de taxer davantage, la priorité est de dépenser beaucoup moins. La dépense publique atteint un tel niveau qu’elle étouffe l’investissement privé, donc la croissance, donc les recettes futures. Cette réalité économique est vérifiable partout dans le monde.
Taxer le succès aujourd’hui, c’est sacrifier l’avenir. Ne commettons pas cette faute historique. Refusons la confiscation qui appauvrit. Choisissons la prospérité par l’investissement, la propriété et la liberté d’entreprendre.
Pas de pourboire pour l’Etat
Avez-vous envie de laisser un pourboire à l’Etat plutôt qu’au pompiste ou au serveur ? Moi, non. C’est pourtant ce qui est en gestation à Bercy. Retrouvez la chronique de David Lisnard pour l’Opinion.
Incapable de se réformer pour faire des économies, l’Etat continue de faire littéralement les poches des Français. Toujours aussi créatif quand il s’agit de remplir les caisses qu’il vide aussitôt, il pioche toujours plus profond, là où c’est facile.
Cynisme. A partir de janvier 2026, il s’apprête à franchir un nouveau seuil de cynisme en taxant les pourboires. Oui, les pourboires. Ces quelques euros glissés pour saluer un bon service. Cette gratification modeste et humaine, née de la reconnaissance, non de la contrainte. Ce complément de revenu bienvenu pour ceux qui travaillent dur, souvent pour des salaires modestes, dans des métiers exigeants et mal considérés.
Il faut n’avoir jamais passé une soirée de service en restauration pour envisager une telle mesure. Il faut n’avoir jamais tenu un plateau, assuré des livraisons ou des heures de route, affronté les heures debout, le stress, les clients difficiles, le rythme éreintant d’un double service pour imaginer ponctionner ce qui relève d’un simple geste de gratitude.
Mais dans les bureaux des technocrates, où l’on s’échange plus facilement des tableaux Excel que des poignées de main, le réel n’existe plus. Pour ces gens-là, tout est flux, tout est traçable, tout est taxable. A leurs yeux, un pourboire n’est pas un merci, c’est une niche fiscale.
Le gouvernement prévoit ainsi de ne pas reconduire, à partir de 2026, l’exonération de charges et d’impôts sur les pourboires instaurée en 2022. Une mesure pourtant saluée par l’ensemble du secteur, et utile pour redonner de l’attractivité à des métiers qui peinent à recruter. Les chiffres sont clairs : 83 % des salariés considèrent le pourboire comme un avantage incontournable. Ils sont 41 % à envisager de quitter leur emploi si ce revenu est taxé. Faut-il vraiment aggraver la pénurie de main-d’œuvre dans la restauration pour quelques miettes fiscales ?
Car cette idée est non seulement injuste, mais économiquement absurde. Son rendement budgétaire sera marginal, voire négatif. Ce ne sont pas grâce aux pièces laissées par les clients qu’on comblera un déficit public annuel de 170 milliards d’euros. Ce n’est pas en prélevant quelques euros sur un sourire qu’on réformera l’Etat. Le coût administratif de cette collecte dépassera probablement son rendement.
Spirale infernale. Voilà la spirale infernale de l’inefficacité coûteuse qui pénalise le mérite. Plus l’État est obèse, plus il a faim. Plus il prend de l’argent, plus il est clochardisé. Plus il échoue, plus il ponctionne. Plus il dysfonctionne, plus il surveille ceux qui tiennent encore par le travail.
Il faut une sacrée déconnexion sociale pour penser que quelques euros de pourboire sont un luxe. Mais surtout, il faut manquer singulièrement de courage politique pour aller chercher là ce que l’on n’ose pas récupérer ailleurs.
Ce système est devenu fou. Il confond la fraude et la reconnaissance, le privilège et la récompense, le travail et la rente, la spoliation et l’impôt. Il surveille le serveur plutôt que le fraudeur. Il prétend taxer la générosité quand il faudrait contrôler la corruption, coûteuse et toxique, conséquence de la confusion que génère l’Etat dans l’économie via sa caste nourrie au capitalisme de connivence, celui des circuits opaques de la dépense publique, des copinages bien placés, des passe-droits protégés. Pendant qu’on traque les euros du serveur, on ferme les yeux sur les millions qui s’évaporent dans les méandres de l’administration.
Inefficacité. Ce projet dit tout d’un système usé, rongé par l’inefficacité, incapable de se réformer mais toujours capable de punir ceux qui travaillent dans l’économie réelle, de l’effort et du risque. Cette mesure consacre l’échec d’une vision purement redistributive de la société : au lieu de créer de la richesse, on organise méthodiquement sa confiscation.
On ne demande pas au gouvernement de féliciter les serveurs, chauffeurs, pompistes, coiffeurs ou autres livreurs. On lui demande simplement de ne pas les pénaliser. De ne pas humilier des professionnels par une mesure mesquine et contre-productive.
Liberté. Le pourboire, c’est le dernier espace de liberté dans la relation de service. Un client satisfait gratifie directement celui qui l’a bien servi. Sans intermédiaire. Sans bureaucratie. Sans Etat. C’est précisément ce qui dérange. Cette zone libre de générosité insupportable au Léviathan fiscal. Cette transaction humaine qui échappe à la machine administrative.
Refusons cet Etat soupçonneux et tatillon. Un Etat qui ne croit plus en l’initiative, qui traque ce qui échappe à ses radars, qui taxe ce qu’il ne comprend pas. Un Etat qui étouffe les élans simples – l’effort, le mérite, la générosité – sous prétexte d’équité.
Faudra-t-il demain déclarer les quelques pièces données à une personne nécessiteuse ? Jusqu’où ira cette folie bureaucratique ?
A force de tout vouloir encadrer, cet Etat détruit ce qu’aucune loi ne peut décréter : les ressorts moraux qui tiennent une nation debout – la décence, la reconnaissance, la solidarité librement consentie. Ce ne sont pas des variables fiscales. Ce sont les conditions élémentaires du lien social qu’il nous appartient de reconstruire par le sens de la justice et de la mesure.
Réhabilitons l’effort, allégeons les charges, retrouvons du bon sens fiscal : tout commence par le respect de ceux qui, chaque jour, accomplissent leur part, honnêtement, avec dignité.
Tout comme on ne rétablira pas les comptes publics en faisant les poches des Français, on ne redressera pas le pays en surveillant les pourboires pendant qu’on ferme les yeux sur la fraude et la corruption. On le redressera en ayant le courage de réformer l’Etat, de libérer le travail, de valoriser le mérite. En rendant à chacun ce qui lui appartient : au serveur son pourboire, au citoyen sa liberté, à l’Etat ses vraies missions. Ainsi va la France…
David Lisnard en Corse : « Je ne cherche pas à plaire, je cherche à convaincre »
En déplacement en Corse, David Lisnard, président de Nouvelle Énergie, s’est exprimé dans l’émission PuliticaMente sur RCFM.
Autonomie : une illusion institutionnelle ?
Favorable à la décentralisation, David Lisnard met en garde contre « une illusion institutionnelle » :
« En Corse, on parle surtout de transports, de logement, du coût de la vie… Pas seulement d’autonomie. Quand vous perdez tous les matchs de foot, il y a ceux qui essaient d’améliorer l’équipe, et ceux qui veulent changer les règles. »
Reconnaissance d’un État de Palestine : « une faute lourde »
Il critique également la décision d’Emmanuel Macron à l’ONU, qualifiée de « faute lourde ».
Taxe Zucman : « une illusion dangereuse »
Concernant la proposition de taxe sur les grandes fortunes, il tranche :
« Cette taxe, c’est une illusion dangereuse. Elle ne résoudra rien. Si on empêche les entrepreneurs de développer leurs entreprises ici, ils iront ailleurs. »
« Convaincre, pas plaire »
« Moi je ne cherche pas à plaire, je cherche à convaincre. »
Avec Nouvelle Énergie, David Lisnard défend une ligne claire : réduire la dépense publique, libérer l’innovation et refuser les illusions fiscales qui aggravent les problèmes.
Retrouvez le replay de son interview sur le site de France Bleu RCFM en cliquant ici.
La taxe Zucman est une illusion dangereuse
FISCALITÉ. Le président de Nouvelle Énergie dénonce un débat démagogique, qui risque de freiner l’investissement et d’affaiblir la France. Retrouvez son interview parue sur le JDD, dimanche 21 septembre.
Taxe Zucman : les Français méritent mieux que des illusions fiscales
Alors que les soutiens de Gabriel Zucman ne craignent plus de populariser des inepties économiques aux heures de grande écoute, il paraît d’autant plus urgent de lever le vrai tabou français : celui de la croissance et de la productivité, seuls véritables moteurs de l’amélioration des conditions de vie et conditions de l’équilibre des finances de l’Etat. Une tribune parue dans l’Opinion d’Erwan Le Noan co-signée par David Lisnard, Muriel Jourda, Alexis Karklins-Marchay, Cécile Maisonneuve, Constance Nebbula, Hervé Novelli et beaucoup d’autres membres de Nouvelle Énergie.
La dégradation de la note de la France par Fitch confirme ce que chacun sait : l’économie française décroche en dépit d’une dette publique qui ne cesse d’augmenter. L’Etat a beau dépenser toujours davantage, la croissance reste faible et le pouvoir d’achat progresse moins qu’ailleurs: si la France avait eu la même croissance que les Etats Unis lors des quinze dernières années, les Français seraient plus riches de 30 %.
Cette situation s’explique non par l’insuffisance de taxes, mais par une stagnation de la productivité – l’écart avec les Etats-Unis, là aussi, n’a cessé de se creuser (10 points depuis 2019). C’est donc l’absence d’innovation, le manque d’investissement dans le capital matériel, immatériel et humain qui devraient être au cœur du débat public.
Pourtant, une certaine classe politique préfère s’illusionner dans la célébration de la « taxe Zucman ». A l’écouter, cette taxe qui porterait sur 1 800 « ultra-riches » devrait renflouer les caisses de l’Etat et ramener de la « morale fiscale ». Une solution miracle…
Méconnaissance. Sauf qu’elle repose sur une méconnaissance profonde des mécanismes économiques les plus élémentaires. En proposant d’imposer un patrimoine financier, cette proposition de taxe oublie qu’elle ne porte jamais sur un revenu disponible : ce n’est pas parce que vous êtes actionnaire d’une entreprise dont la valeur estimée, qui peut fortement varier, est élevée (parce que le marché parie sur son potentiel) que vous disposez de liquidités équivalentes. Parfois, l’entreprise n’est pas même rentable. Certains entrepreneurs n’auront donc d’autre choix que de revendre une part de leur entreprise, notamment à des fonds étrangers, pour acquitter un impôt Zucman sur des actions qu’ils n’auront plus. Fascinant non?
Et quand Thomas Piketty suggère qu’ils n’ont qu’à vendre ce capital aux salariés ou à l’Etat, il oublie que les premiers n’ont pas les moyens, ni peut-être l’envie, de le faire, et que le second ne s’est jamais distingué par ses capacités de gestionnaire. Sans quoi, la dette ne serait pas de 114 % du PIB.
L’argument selon lequel cette solution permettrait d’enfin taxer les holdings est au demeurant totalement fallacieux : les revenus qu’elles perçoivent sont déjà soumis à l’impôt sur les sociétés (à 25 %), puis à nouveau taxés à 30 % lorsqu’ils sont distribués.
Autrement dit, cette taxe est une illusion fiscale. Son introduction ne résoudra nullement les problèmes de productivité et de croissance mais favorisera, encore une fois, le démantèlement de l’appareil productif français, en accélérant la fuite des talents et du capital et en contraignant à la vente les pépites nationales.
Champions. C’est aux Etats-Unis, et non en France, que Stéphane Bancel a par exemple fait émerger Moderna et contribué à une révolution scientifique mondiale. C’est vers les marchés financiers les plus dynamiques que les jeunes entreprises se tournent pour accélérer leur croissance. C’est là-bas que se déploient aujourd’hui les champions qui façonnent l’économie de demain et notre avenir.
Alors que les soutiens de Gabriel Zucman ne craignent plus de populariser des inepties économiques aux heures de grande écoute, il paraît d’autant plus urgent de lever le véritable tabou français : celui de la croissance et de la productivité, seuls véritables moteurs de l’amélioration des conditions de vie et conditions de l’équilibre des finances de l’Etat.
Ce sont elles, et non la dépense publique, qui ont permis à la France, il y a quelques décennies encore, d’être un phare social et technologique pour le monde. Et ce sont elles qui permettront à l’avenir d’inverser le décrochage social, en offrant à chacun l’opportunité de vivre mieux que ses parents.
Mais pour retrouver cette trajectoire, il n’y a pas de solution magique. Il faut miser sur l’innovation, la compétitivité, libérer les forces productives et redonner confiance à ceux qui entreprennent. Si la France parvenait à faire émerger ne serait-ce que deux « Mistral » du calibre de Nvidia, leurs contributions rapporteraient davantage aux finances publiques que dix taxes Zucman. La solution n’est donc pas dans l’augmentation des impôts, ni dans une prétendue morale fiscale, mais dans la libération des énergies économiques, qui passe par une réduction du fardeau fiscal qui pèse sur les entrepreneurs et les investisseurs.
Le débat public ne peut donc se réduire à une chasse aux sorcières contre celles et ceux qui ont réussi. Ce n’est pas en taxant les milliardaires qu’on crée de la croissance ni qu’on améliore l’efficacité des services publics. Sans quoi le communisme aurait été un franc succès. L’important est de redonner l’envie d’entreprendre, de libérer l’innovation et de promouvoir la création de richesses : une tâche plus complexe, bien loin des solutions faciles et du « prêt à taxer », mais nécessaire pour que notre chère France rayonne à nouveau.
Pour notre classe politique comme pour nous, électeurs, il est temps d’abandonner les illusions pour se mettre au travail.
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Signataires :
- Erwan Le Noan, essayiste, consultant
- Olivier Babeau, économiste et président de l’institut Sapiens
- Louise Baroin, directrice marketing et réseaux sociaux de GenerationLibre
- Marc de Basquiat, économiste, président du think tank AIRE
- Baptiste Bayart, entrepreneur
- Frédéric Bedin, entrepreneur
- Sacha Benhamou, directeur de la communication et des relations institutionnelles de GenerationLibre
- Pierre Bentata, économiste et essayiste
- Godefroy de Bentzmann, entrepreneur
- Benjamin Bitton, chef d’entreprise dans le conseil financier spécialisé dans l’innovation et l’entrepreneuriat
- Jean-Baptiste Blanc, sénateur du Vaucluse, vice-président de la Commission des finances
- Anne Boudu, avocate
- Timothée Bouteloup, GenerationLibre
- Nicolas Bouzou, essayiste et entrepreneur
- Kevin Brookes, enseignant-chercheur en science politique, Directeur de GenerationLibre
- Virginie Calmels, présidente fondatrice de Futurae et Présidente de Croissance Plus
- Laurent Cappelletti, professeur au CNAM, chaire de contrôle de gestion
- Eric Chaney, expert associé à l’institut Montaigne
- Sébastien Chapotard, dirigeant de PME industrielle
- Karine Charbonnier, entrepreneur
- François-Marie Charmet, entrepreneur
- Philippine Charon, entrepreneuse
- Antoine Copra, directeur de la rédaction des Electrons Libres
- Jean-Philippe Delsol, essayiste et président de l’IREF
- Alexandra Dublanche, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France
- Simon Dufeigneux, conseiller METI
- Grégory Edberg, banquier d’affaires et enseignant à Sciences Po
- Pierre Entremont, co-founder & managing partner, Frst Capital
- Edouard Fillias, président de JIN et vice président GenerationLibre
- Samuel Fitoussi, essayiste et investisseur
- Pierre Garello, économiste, professeur des Universités
- Gabriel A. Giménez Roche, enseignant-chercheur en économie et finance
- Bruno Grandjean, chef d’entreprise
- Olivia Grégoire, députée de Paris, ancienne ministre
- Philippe Goetzmann, chef d’entreprise
- Thierry Herrmann, entrepreneur en immobilier et investisseur dans le sport
- Muriel Jourda, sénateur du Morbihan, présidente de la commission des Lois
- Philippe Juvin, député des Hauts-de-Seine, membre de la commission des Finances
- Nathalie Janson, enseignant-chercheur en économie et finance
- Alexis Karklins-Marchay, entrepreneur et essayiste
- Guillaume Labbez, président de CommStrat, enseignant à Sciences Po
- Philippe de Ladoucette, docteur en droit
- Delphine Lancel, entrepreneure
- Guillaume Larrivé, vice-président des Républicains
- Nicolas Lecaussin, économiste, IREF
- Gregory Lenne, Conseiller stratégique de GenerationLibre
- David Lisnard, président de Nouvelle Energie, maire de Cannes
- Alain Madelin, ancien ministre de l’Economie et des Finances
- Cécile Maisonneuve, experte associée à l’Institut Montaigne
- Hélène Marchand, chef d’entreprise dans l’industrie
- Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari
- Bertrand Martinot, expert associé à l’institut Montaigne
- Marc Menasé, founding partner de Founders Future
- Jean-Bernard Meurisse, entrepreneur dans l’accompagnement des PME
- Frédéric Motte, industriel, conseiller régional
- Constance Nebbula, vice-présidente de la région Pays-de-la-Loire
- Hervé Novelli, entrepreneur, ancien ministre
- François-Xavier Oliveau, dirigeant d’entreprise, essayiste
- Sylvain Orebi, entrepreneur
- Denis Payre, entrepreneur, Fondateur de Croissance Plus et Nous Citoyens
- Bruno Raillard, co-founder & managing Partner, Frst Capital
- Olivier Redoulès, économiste
- Adina Revol, essayiste et enseignante
- Julien Revol, entrepreneur
- Christophe Seltzer, consultant indépendant, ancien directeur de Students for Liberty et de GenerationLibre
- Rubin Sfadj, avocat
- Philippe Silberzahn, enseignant-chercheur, spécialisé en innovation et entrepreneuriat
- Rafik Smati, entrepreneur
- Alexandre Stachtchenko, entrepreneur, auteur et candidat aux législatives Paris 2e circonscription
- Jean-Louis Thiériot, député de Seine-et-Marne, ancien ministre
- Erwann Tison, économiste, enseignant à l’université de Strasbourg
- Arnaud Vaissié, président de International SOS
- Sébastien Verdeaux, conseil stratégique aux familles
- Aurélien Véron, conseiller de Paris
- Pierre-Emmanuel Weil, dirigeant d’un multi family office
- Nikolai Wenzel, enseignant- chercheur en économie
David Lisnard invité de “Tout est politique” sur France Info
Le 2 septembre 2025, David Lisnard était l’invité de l’émission “Tout est politique” sur France Info. Au cours de cet entretien, le président de Nouvelle Énergie est revenu sur plusieurs sujets majeurs de l’actualité nationale. Face à la situation politique et à la dissolution probable de l’Assemblée nationale, il a livré ses réflexions sur le fonctionnement de nos institutions et la nécessité de repenser notre cycle démocratique. David Lisnard a également confirmé son intention de participer à une grande primaire ouverte à droite, pour désigner un candidat unique en vue de l’élection présidentielle de 2027. Cette proposition, qu’il défend depuis plusieurs mois, vise à éviter la division des forces de la droite et du centre et à garantir un projet cohérent face aux défis du pays. À travers cet échange, il a réaffirmé sa volonté d’incarner une alternative fondée sur la liberté, la responsabilité et l’efficacité de l’action publique.
Dans une tribune publiée sur Causeur, Sophie de Menthon, Cheffe d’entreprise et présidente du mouvement Ethic, déplore le manque de vision économique et d’audace libérale dans la classe politique française. Elle estime que, parmi les responsables de droite comme de gauche, seul David Lisnard a su porter avec clarté et pédagogie un libéralisme fondé sur la liberté et la responsabilité individuelles.

Pour lire l’intégralité de la tribune et découvrir l’analyse complète de Sophie de Menthon sur la place du libéralisme dans le débat politique français, rendez-vous sur le site Causeur en cliquant ici.