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ENTRETIEN. L’édile, qui préside l’Association des maires de France, veut émanciper sa ville (et le pays) de l’enfer des normes et réglementations.

Il ne dira rien de ses ambitions politiques. Mais le maire de Cannes, qui a inauguré à Paris son microparti Nouvelle Énergie en octobre 2023, est clairement prêt à gravir les marches. Nostalgique de la France de Pompidou, auquel il vient de consacrer un ouvrage avec Christophe Tardieu (Les leçons de Pompidou, Éditions de l’Observatoire), ce libéral pur jus ne cesse de mettre en avant son combat pour la simplification bureaucratique et la liberté d’administration, que ce soit au sein de l’Association des maires de France, à la tête de laquelle il a été confortablement réélu en novembre 2023, ou à Cannes. Il peut ainsi se targuer d’avoir fait de la cité des festivals la première ville qui a obtenu l’autorisation de réutiliser les eaux usées alors que la France est à la traîne sur le sujet. Ou encore d’avoir réduit la dette de 71,5 millions d’euros depuis 2014 quand le déficit public national s’élève à 5,5 % du PIB. De quoi préparer sereinement l’avenir de sa ville et servir son projet national.

Le Point : Comment voyez-vous Cannes en 2030 ?

David Lisnard : Ce sera la ville de la qualité de la vie, une ville jardin avec des secteurs urbanisés, d’autres sanctuarisés, et qui, je l’espère, aura obtenu le classement des îles de Lérins au patrimoine mondial de l’Unesco. En 2030, Cannes sera totalement couverte par des réseaux de chaleur décarbonés. Elle aura au moins doublé le nombre de ses étudiants, elle sera la capitale européenne des métiers de l’écriture. J’espère aussi que nous pourrons maîtriser la baie, grâce à un pouvoir de police que je réclame depuis sept ans au gouvernement, afin d’éliminer les paquebots disgracieux. L’accessibilité pour les handicapés est aussi fondamentale, on a un agenda d’au moins 1 million d’euros par an, qu’on tient depuis dix ans.

La rigueur budgétaire, qui marque votre politique financière, ne va-t-elle pas oblitérer le financement de vos grands projets ?

Depuis 2014, nous avons réduit la dette de 71,5 millions d’euros sans augmenter la fiscalité. Pour 2030, l’objectif est une baisse de 125 millions. Notre ville maîtrisera donc encore mieux son destin. Nous avons une capacité d’autofinancement confortable, comme l’a attesté la chambre régionale des comptes, ce qui nous permet d’investir en équipements 80 millions d’euros par an. C’est le résultat d’un management participatif avec les agents municipaux, qui permet à la fois d’améliorer leurs conditions de travail et de rendre plus efficaces les services aux usagers.

Comment adapter une ville aussi exposée que Cannes au changement climatique ?

Depuis les effroyables inondations du 3 octobre 2015, nous avons lancé un programme d’actions de prévention de 148 millions d’euros sur dix-huit ans pour désimperméabiliser certains secteurs, en densifier d’autres, reformater les cours d’eau, installer des batardeaux [barrages destinés à la retenue d’eau provisoire, NDLR]. Cannes a obtenu la distinction « Tsunami Ready » [prêt contre le tsunami, NDLR] de l’Unesco, une première en Méditerranée et en France métropolitaine. Enfin, nous encourageons le civisme environnemental dans le cadre de notre plan de lutte contre l’incivisme. Dans ce domaine, je m’inspire de ce que j’ai vu au Japon et qui repose sur la responsabilité individuelle.

« Je dis bravo aux agriculteurs qui ont réussi à se faire entendre, mais nous, élus, sommes face au même délire bureaucratique. »

Cannes est la première ville à avoir obtenu l’autorisation de réutiliser les eaux usées pour le lavage des voiries, l’irrigation des espaces verts et des terrains de sport. Non sans mal…

Dix ans ont été nécessaires pour avoir cette autorisation ! Entre-temps, l’Europe est passée devant la France : notre pays ne réutilise que 0,7 % des eaux usées traitées, quand l’Allemagne en est à 10 %, l’Italie à 18 % et l’Espagne à 20 %. Pourquoi ? Parce qu’on a un enchevêtrement d’administrations qui se contredisent. On pourrait avoir un foisonnement de projets pour préserver la ressource en eau là où il y a une sécheresse dramatique, comme dans les Pyrénées-Orientales. Mais, pour cela, il faudrait en finir avec notre régime d’autorisations préalables et mettre en place un régime déclaratif. L’État contrôlerait a posteriori et sanctionnerait les élus défaillants, y compris pénalement. Je dis bravo aux agriculteurs qui ont réussi à se faire entendre, mais nous, élus, sommes face au même délire bureaucratique. Prenez le « zéro artificialisation nette » (ZAN). C’est une tutellisation de plus de l’État.

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