« Être Charlie, c’est demander la libération de Boualem Sansal » David Lisnard.
« Il y a 10 ans deux terroristes islamistes pénétraient au sein de la rédaction de Charlie Hebdo et y commettaient un massacre. Dans leur funeste sillage, ils assassinaient aussi un agent de maintenance et un policier en pleine rue.
Ils s’appelaient Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Wolinski et Ahmed Merabet. J’ai une pensée pour Simon Fieschi, webmaster de la rédaction, victime de cet attentat qui lui aura laissé de trop lourdes séquelles physiques et psychologiques, et qui a mis fin à ses jours le 17 octobre dernier.
Ils s’appelaient aussi Clarissa Jean-Philippe, Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab, assassinés dans les jours qui suivirent, parce que policière pour l’une, parce que juifs pour les autres.
Chacun se souvient où il était, ce qu’il faisait, lors de ces trois journées de janvier 2015, qui aboutirent, le 11, au plus grand rassemblement spontané de France, y compris à Cannes. Pour dire « non » à l’obscurantisme, pour dire « non » à cet islamisme qui, depuis plus de 10 ans maintenant, tente par tous les moyens, y compris par les armes, de nous arracher nos symboles, nos valeurs et nos vies. Un rassemblement pour dire « Je suis Charlie » à ceux qui se sont attaqués à la liberté d’expression. Et comment ne pas penser, en écrivant ces mots, à Samuel Paty, assassiné 5 ans plus tard pour l’avoir enseignée…
Depuis ce 7 janvier 2015, chaque jour ou presque nous prouve à quel point il est nécessaire de rappeler la signification de ce « je suis Charlie ». Être Charlie ne signifie pas adouber l’intégralité de la ligne éditoriale d’un journal. Être Charlie ne signifie pas être contre telle ou telle religion – et là encore il faut se souvenir que Charlie Hebdo n’en a jamais oublié une seule. Être Charlie, c’est être attaché à la liberté de dire, d’écrire, de dessiner ; de caricaturer.
Être Charlie, c’est demander la libération de Boualem Sansal. Non pas parce que l’on apprécie la personne, que l’on cautionne ses propos, mais parce qu’en France, patrie des Lumières, on ne peut accepter que l’on entrave la liberté d’expression en détenant arbitrairement un écrivain de nationalité française pour des motifs politiques explicitement avoués.
« A titre personnel, j’ai une grande estime pour Boualem Sansal, pour l’homme comme pour l’œuvre. A titre personnel, je n’apprécie pas toutes les caricatures de Charlie Hebdo, loin de là, esthétiquement et politiquement – certaines m’ont même choqué – mais c’est parce que je désire pouvoir être choqué que « je suis Charlie », parce que je veux être dans un pays où la liberté religieuse est garantie et la liberté de s’en moquer tout autant. C’est parce que je crois en notre universalisme que je suis républicain. C’est parce que je chéris notre liberté que je suis Français.
Le combat pour notre liberté, et donc contre toutes les formes de totalitarisme, est multiple : il est culturel, éducatif, judiciaire, militaire. Il exige surtout une grande constance. Car dès que l’on faiblit, dès que l’on oublie pourquoi des millions de personnes, de toutes origines, de toutes confessions, proclamaient le 11 janvier 2015 « Je suis Charlie » dans les rues de France, nous perdons un peu plus chaque jour ce qui fait à la fois l’unité et la grandeur de notre nation.
Plus que jamais, 10 ans plus tard, je suis Charlie, je suis républicain ; je suis Français.
Vive la liberté. Vive la France. » David Lisnard