David Lisnard : « Emprisonnement de Boualem Sansal, trois cents jours d’indignité et d’effacement de la France »

TRIBUNE – Face à un régime algérien de plus en plus liberticide, dont la seule martingale politique consiste à attaquer notre pays et à jouer de notre faiblesse, ces trois cents jours d’inertie et de silence marquent la fin d’une certaine idée de la France, déplore David Lisnard

International le 12 septembre 2025
Sansal ARTICLE

Trois cents jours. Trois cents jours que notre compatriote Boualem Sansal subit l’arbitraire du pouvoir algérien. Trois cents jours que cet immense écrivain croupit dans les geôles algériennes. À 80 ans, gravement malade, il paye sa double nationalité franco-algérienne. Il paye d’enrichir la France de sa plume et de faire rayonner l’esprit universaliste français. Il paye de critiquer le régime de Tebboune, les islamistes, et de penser librement. L’auteur de 2084, celui qui dissèque les totalitarismes avec la lucidité d’un Orwell, est réduit au silence. Face à un régime algérien de plus en plus liberticide, dont la seule martingale politique consiste à attaquer notre pays et à jouer de notre faiblesse, ces trois cents jours disent tout de l’effacement de la France.

Trois cents jours d’injustice et de souffrance pour un homme libre et trois cents jours d’indignité pour nos intellectuels, nos artistes, et tous les bien-pensants. Eux si prompts à embrasser des causes étrangères, souvent hostiles à la France et plus largement aux démocraties, eux qui ont défendu Cesare Battisti, terroriste italien, avec une ferveur militante, eux qui arborent des drapeaux palestiniens en soutien aux néo-nazis du Hamas, sont aphones, incapables du moindre mot pour un compatriote, un auteur de langue française à l’œuvre universelle. Les mêmes, qui se gargarisent de grands principes, ont des indignations sélectives et sont muets quand il s’agit de défendre un écrivain qui ne correspond pas à leur grille idéologique. Leur silence assourdissant sur Boualem Sansal les discrédite à jamais.

Ces trois cents jours sont aussi ceux de l’incapacité pour l’exécutif français à agir. Le président de la République et le ministre des Affaires étrangères ont-ils seulement essayé, eux qui ont voulu nous faire croire à des tractations en coulisses pour nous faire taire et jouer sur l’oubli ? Les déclarations polies du Quai d’Orsay masquent une inertie coupable. La diplomatie française s’enferme dans une posture de repentir systématique. Cette culpabilisation permanente nourrit le mépris et encourage l’arrogance du régime algérien. La France n’a su imposer ni dialogue partenarial ni rapport de force. Ni stratégie, ni autorité.

Rien n’est fait non plus pour le journaliste français Christophe Gleizes, emprisonné, lui aussi arbitrairement, depuis mai 2024. Notre diplomatie sait-elle encore agir ? Jusqu’alors, jamais, à aucune époque, sous aucun président, avec aucune génération d’intellectuels, la France n’avait toléré pareille ignominie. Jamais la France, héritière des Lumières, patrie de Voltaire, Zola, Hugo, Camus, n’abandonnait ainsi les siens. Jamais la France n’avait renoncé à être elle-même.

Ces trois cents jours sont aussi et enfin ceux de l’inconscience de la société française. Beaucoup pensent que cette affaire ne les concerne pas, qu’il s’agit d’une histoire entre Algériens. Erreur tragique. Non seulement Boualem Sansal est l’un de nos compatriotes mais n’y avait-il pas également de la France chez Soljenitsyne, Vaclav Havel ou Primo Levi ? Quand un écrivain est emprisonné pour ses idées, c’est l’âme française qui est attaquée et notre conception de la liberté qui est piétinée.

Face à cette indifférence, avec le comité de soutien international à Boualem Sansal, animé notamment par Arnaud Benedetti, Catherine Camus et Noëlle Lenoir et regroupant des voix courageuses comme celles de Georges-Marc Benamou, Pascal Bruckner et quelques autres, nous avons lancé l’opération « Je lis Sansal ». Ils sont peu nombreux à rappeler l’essentiel face à la lâcheté générale, mais en cela ils tentent de sauver Sansal et un peu de notre dignité collective. Aussi importante soit-elle, cette mobilisation reste insuffisante si le pays demeure indifférent et le pouvoir inopérant.

Le régime algérien teste notre détermination. Il constate que la France alterne entre silences pesants et soubresauts stériles, faits de rodomontades sans conséquences vis-à-vis de nos partenaires ou adversaires. Il est un constat objectif et cruel : notre pays se révèle incapable de protéger ses propres citoyens.

Le silence et l’inertie français sont un déshonneur collectif. Ils marquent la fin d’une certaine idée de la France. Celle qui savait que défendre un écrivain emprisonné, c’était défendre la liberté de tous. L’enjeu, aujourd’hui, n’est pas seulement la survie d’un homme âgé, malade, victime d’une justice instrumentalisée et d’un pouvoir despotique. L’enjeu, c’est l’existence même de l’esprit français et de l’âme de notre nation. Liberté pour Boualem Sansal. Liberté pour Christophe Gleizes. Immédiatement. Car leur liberté est la nôtre. Et leur abandon est notre reddition.

 

Retrouvez la tribune de David Lisnard parue dans le Figaro, vendredi 12 septembre 2025, en cliquant ici.

Tribune

David Lisnard était l’invité de Vincent Derosier, dans l’émission RTL Matin, jeudi 31 juillet.

Dans un entretien accordé à l’AFP, David Lisnard estime possible pour la droite de tomber d’accord sur dix mesures et appelle à l’organisation d’une primaire en 2026, dans la foulée des élections municipales. Résumé via BFM.

Ce podcast live sur ThinkerView, diffusé sur Twitch et YouTube, invite David Lisnard à s’exprimer sans montage ni censure. Pendant près de 2h50, le Président de Nouvelle Énergie décrypte les grands enjeux géopolitiques et la situation actuelle de la France.

« Quand il n’est plus conçu comme une garantie au service de l’ordre public et de la responsabilité, mais comme un bouclier procédural opposable à toute décision politique, le droit devient ainsi un outil d’impuissance » Retrouvez la chronique de David Lisnard pour l’Opinion.

Retrouvez le communiqué de David Lisnard, publié mardi 13 mai.

Procès du RN, Justice, exécution provisoire, syndicat de la magistrature, Algérie, immigration, présidentielles de 2027 : David Lisnard était “L’invité politique” de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio.

Retrouvez le résumé de son interview en cliquant ici.

Boualem Sansal, diplomatie, Conseil Constitutionnel, dépenses publiques, son projet : retrouvez l’intégralité de son interview.

TRIBUNE. David Lisnard et Alexandra Martin appellent à abaisser l’âge de la majorité pénale à 16 ans et à lever l’excuse de minorité dès 13 ans pour les délits graves, soulignant la nécessité de fermeté et de réformes pour contrer la délinquance juvénile et restaurer l’ordre public.

Il n’y a pas de fatalité. Agressions, passages à tabac, dégradations, mais aussi trafics de stupéfiants, viols ou bien homicides : ce que l’on nomme pudiquement des faits divers, dont se rendent coupables de plus en plus de mineurs, ne cessent de faire l’actualité et la une de la presse locale et nationale. Les exemples sont légion et frappent les esprits par leur brutalité et leur récurrence.

Un effet en trompe-l’œil pourrait pourtant laisser penser que cette délinquance des mineurs est en diminution au regard des statistiques du Ministère de la Justice. Il n’en est rien pour les faits les plus graves qui ont augmenté de 40 % depuis le début de l’année 2023. En 2022, 119 homicides, soit une hausse de 12 % en cinq ans, ont été commis par des jeunes de 13 à 17 ans qui concentrent également 20 % des mis en cause dans des affaires de stupéfiants.

Malgré cela, quelques jours après la mise à mort de Shemseddine, 15 ans, à Viry-Châtillon, dans laquelle sont impliqués trois jeunes de 17 ans, le Premier ministre annonçait un délai de huit semaines de « réflexion collective ». Après tant de rapports, de commissions, de débats, voilà donc que nos dirigeants tergiversent encore et toujours, englués dans le manque de courage et les contradictions.

Et que dire du garde des Sceaux qui refusait en 2020 de parler d’ensauvagement de la société pour ne pas « accroître le sentiment d’insécurité qui est pire que l’insécurité elle-même ». Il s’agit du même Ministre qui émettait un avis « très défavorable » à l’amendement au Projet de loi sur l’orientation et la programmation de la justice 2023-2027, déposé à notre initiative en 2022, qui devait permettre de lever l’excuse de minorité dès l’âge de 13 ans dans les cas les plus graves.

Il faut changer de braquet et de paradigme : l’âge ne peut plus être un bouclier contre la responsabilité de ceux qui brisent des vies et font régner la terreur dans leurs établissements scolaires ou dans leurs quartiers.

Aussi, abaisser l’âge de la majorité pénale à 16 ans n’est plus une option. C’est devenu une impérieuse nécessité ainsi qu’une mesure de justice équitable, dès lors que l’acuité du discernement commande de répondre pleinement de ses actes. Cette proposition, que nous réclamions dès septembre 2022 dans une tribune cosignée avec Naïma M’Fadel et le pédopsychiatre Maurice Berger, est soutenue par 76 % des Français selon un récent sondage CSA.

Cet abaissement de la majorité pénale doit être au cœur de la nécessaire évolution du code de la justice pénale des mineurs pour l’adapter à la réalité.

Mais cette mesure ne saurait être la seule.

En plus de celle-ci, la levée de l’excuse de minorité dès l’âge de 13 ans dans les cas les plus graves, la réduction de l’excuse de minorité à 20 % de la peine encourue, la demande de justification du maintien de l’excuse de minorité par les juges, l’instauration et l’effectivité de très courtes peines de prison dès la première infraction, l’accélération des procédures, mais aussi la création d’internats disciplinaires pour continuer d’accompagner les jeunes dans leur parcours éducatif, dans un cadre approprié, nous paraissent être des mesures essentielles.

C’est un changement radical qui doit être opéré. Nous ne nous en sortirons pas avec des mesures cosmétiques et les séances de communication inutiles auxquelles nous a habitués le gouvernement. Il faut de la cohérence, de la constance, et de la fermeté dans la durée.
Oui, il est temps d’en finir avec l’impunité des mineurs violents et de mettre un terme à l’impuissance publique, qui pénalise tant les victimes et constitue l’une des causes de la crise civique et démocratique que nous traversons.

Cette réforme est indispensable pour restaurer l’ordre et la justice, enrayer le cours de la décivilisation et assurer un avenir plus sûr pour tous.

Retrouvez cette tribune sur le site du JDD en cliquant ici.

Une tribune de Chloé Morin et David Lisnard pour l’Opinion

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