David Lisnard était au collège Gérard Philipe, à Ranguin, pour distribuer 110 exemplaires de la BD « Justes parmi les Nations – Lueurs dans les ténèbres » à 4 classes de 3ᵉ, en présence d’Yvon Bertorello, co-auteur. Au total, 1 500 exemplaires ont été remis aux élèves de 3ème et de Terminale cannois.

« Cette action s’inscrit au croisement de plusieurs enjeux : inciter notre jeunesse à la lecture dans le cadre de notre politique 100% Éducation Artistique et Culturelle, au respect de nos valeurs républicaines et transmettre notre Histoire commune. » David Lisnard.

Ateliers de grec, de latin et de philosophie sur le temps périscolaire dès la maternelle, distribution de livres, de dictionnaires à tous les élèves de CM2, Trousseau de lecture conçu dès la naissance jusqu’au 6ème anniversaire, Clubs Coup de Pouce pour accompagner les jeunes élèves en difficulté : la mairie de Cannes a récemment communiqué sur les actions pionnières et concrètes souhaitées par David Lisnard et mises en place au cours de son mandat pour favoriser la lecture. Pour rappel, Cannes a été la première ville 100% Éducation Artistique et Culturelle de France en 2017.

« Lire, c’est développer son imaginaire ; c’est s’approprier des mots et donc maîtriser le langage ; c’est s’extirper de l’instantanéité de notre époque, notamment générée par les écrans et réseaux sociaux, et donc apprivoiser le temps. Lire élève, instruit, émancipe. Un enfant qui maîtrise la langue française aura toujours plus de chance qu’un autre de réussir dans la vie. » David Lisnard.

Retrouvez l’intégralité de son interview à partir de 56’20.

David Lisnard est revenu sur les grands enjeux du pays – éducation, sécurité, finances, écologie, compétitivité – et a dévoilé ses pistes et propositions pour redresser le pays : « il faut libérer l’acte entrepreneurial des surcharges bureaucratiques et juridiques. La propriété est la condition de la prospérité. Depuis 20 ans, les atteintes à le propriété se multiplient ».

Selon une étude publiée ce 8 avril, les Français sont de moins en moins enclins à lire, surtout les jeunes. David Lisnard et l’enseignante Lisa Kamen-Hirsig arguent que ni les livres récents ni leur enseignement ne donnent envie de lire. Une tribune parue dans Le Figaro

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Le 8 avril, le Centre national du livre (CNL) a publié le 8 avril son baromètre de la lecture 2025. Conclusion : les Français lisent de moins en moins. Et lorsqu’on se penche sur les résultats détaillés, le phénomène est encore plus flagrant chez les jeunes qui lisent très peu et sont 32 % à déclarer envoyer des messages en même temps qu’ils parcourent un livre… Même la bande dessinée marque le pas au profit des mangas et des romans sentimentaux. Bref, journalistes, responsables politiques, professeurs, parents, tout le monde le déplore : les jeunes ne lisent plus !

Glissons-nous quelques minutes dans la peau d’un jeune élève, en âge de découvrir les merveilles de la littérature et la joie de trouver des réponses hors de lui-même, dans la fréquentation d’amis moins transitoires et plus profonds que ses camarades d’écoles : les personnages et leurs auteurs. Imaginez que vous ayez six ou huit ans dans la France d’aujourd’hui. Vos fesses sont vissées sur une chaise six heures par jour, pendant que votre enseignant s’échine à vous extraire de votre ignorance en vous apprenant à lire. Croit-il ! Car lui-même n’a pas forcément compris que la méthode qu’il utilise n’est pas efficace. En effet, la méthode mixte – semi-globale donc – est encore dominante dans les écoles, si répandue que malgré vos efforts, vous rencontrez d’énormes difficultés à maîtriser les correspondances entre ce qui se dit et ce qui s’écrit. Vous êtes condamné à deviner les mots…

Chacune de vos lectures est suivie de tests, de QCM, de consignes exécutives comme : «Dessine dans le cadre le personnage tel qu’il est décrit page douze» ou encore de mots croisés, de travaux de groupes, d’exposés et de «rallyes». Rien n’est jamais gratuit. La lecture n’est pas un cadeau mais un exercice, une évaluation permanente. On vous demande même de lire des textes le plus rapidement possible. Vous savez bien, comme tous vos amis, que vous devez réussir le test de fluence, sinon vos parents seront convoqués pour leur signaler un problème. L’angoisse ! Alors la ponctuation et la respiration (qui donne aussi son sens à un texte) passent à la trappe.

Votre enseignant, se conformant aux listes publiées par l’Éducation nationale, soucieux de satisfaire sa hiérarchie plus que de vous instruire, vous demande de lire Monsieur Crocodile a beaucoup faim, Mon prof est un troll ou Cent Culottes et sans papier. Il vous fait apprendre des poèmes mièvres, qui ne riment pas. C’est un principe : la rime, c’est classique, le classicisme est une violence de classe. Les poèmes retenus sont surréalistes, parfois écrits par des enseignants et publiés sur leurs blogs, parlent d’oiseaux qui pondent des œufs tout blancs à l’infini ou des valeurs olympiques. Ils n’évoquent jamais la mythologie, les contes, les fables ou la grande littérature du 19e siècle parce qu’elle n’est pas assez engagée à ses yeux. Il s’est convaincu que tout cela était violent, sexiste et qu’une langue recherchée favorisait le fils de bourgeois ayant appris à parler avec ses parents. C’est l’inspecteur qui l’a dit.

Lorsque vos parents apprenaient par cœur Ronsard ou lisaient La Bergère et le ramoneur,ils intégraient le sujet inversé, le passé simple, le subjonctif et des centaines de mots précis ayant leur place dans une pensée articulée. On vous prive de cette richesse et de cet héritage au nom de la sacro-sainte lutte contre les inégalités. Vous faites les frais des délires idéologiques. On vous emmène dans des bibliothèques où se succèdent des animations : semaine du polar, de la littérature scandinave, des écrivaines ou des mots en ouille. À aucun moment on ne cultive chez vous le goût du silence, de l’intériorité, le plaisir de la solitude. La lecture aussi est intégrée au «vivre-ensemble». Il n’y a plus de refuge, plus d’ermitage… Quelle plaie !

Avant votre naissance, une ministre progressiste a décrété que chaque classe de France serait pourvue d’écrans. Il y en a partout au motif qu’il faut lutter contre la fracture numérique. Lutter, toujours lutter : ça donne l’impression d’être concerné préoccupé par la misère du monde… Peu nombreux sont ceux qui ont relevé que c’étaient justement les élèves des familles modestes qui passaient le plus de temps sur écrans et qu’il n’était pas nécessaire de leur en imposer à l’école.

Certains professeurs pensent que «chancelant» est de la famille de chance ou de chanteur et commettent des erreurs d’orthographe un peu partout.. Vous le voyez, vous le savez car malgré tout, votre intelligence résiste ! Vous comprenez qu’un nombre croissant d’entre eux a été recruté malgré leur inculture, parce que personne ne veut faire ce métier. Vous n’avez aucune envie de leur ressembler. Terminée l’exemplarité.

Il y a quelques jours, votre école Jean de La Fontaine a été renommée Boris Vian. Le collège d’à côté s’appelle Angela Davis. Tout se vaut. Le beau, le vrai, le bien ne sont plus que des appréciations relatives. Vous vous glissez dans cette modernité. À quoi bon résister, seul contre ce relativisme et ce culte du «progrès» ? L’école vous impose «un quart d’heure de lecture par jour» entre 13h30 et 13h45. C’est à peu près la même corvée que se laver les dents ou aider maman à mettre la table. La maîtresse vous observe du coin de l’œil : alors vous tournez les pages sans faire attention.

On vous assure que lire Harry Potter est formidable, que «ça peut mener à la littérature». On harrypotterise votre classe, vos cahiers, votre cerveau. Après quelques années de ce régime, vous n’êtes plus capable de supporter une description de plus de quatre lignes, la profondeur psychologique des personnages ne vous intéresse pas. Le style non plus. Vous finissez par regarder les films et acheter la littérature pour ados du même tonneau : des jeunes filles anorexiques ont des superpouvoirs et ça finit bien.

On vous enseigne très peu et très mal la grammaire, le vocabulaire. Les mots ne vous semblent pas toujours à leur place dans les phrases que vous lisez. Il suffit qu’un sujet soit inversé pour que vous le preniez pour un complément d’objet direct. Mais qui est là pour vous détromper ? Vous ne le savez pas mais en quarante ans, les élèves ont perdu environ 600 heures d’enseignement de la langue française entre le CP et la seconde…

Ah oui, j’oubliais : vos parents, vos professeurs, les surveillants, tout le monde est vissé sur son téléphone à longueur de temps. Vous en concluez logiquement – mais qui ne le ferait pas ? – que c’est cela qui est désirable. Car ces gens-là, les adultes, sont libres, vous le savez. Et que font-ils de cette liberté ? En profitent-ils pour se jeter dans les bras de Maupassant, de Milan Kundera ou de Pierre Michon ? Entretiennent-ils un journal ? Non non, ils jouent à Candy Crush, font défiler des vidéos «sur Instagram».

Pourtant, vous sentez confusément qu’on vous prive d’un bonheur, «qu’il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. » (Marcel Proust. Sur la lecture) Vous ne pouvez pas savoir que les sangs mêlés d’Achille, de Cosette et du Petit Chose coulent dans vos veines, que vous pouvez pleurer avec Cadichon, Perrette ou Gervaise, mais ils vous manquent. Après cette petite expérience de transfuge corporel, vous soupirerez peut-être encore que «les jeunes ne lisent plus». Mais comment pourraient-ils apprécier la lecture alors que tout conspire à les en dégoûter ? Apprenons leur déjà à déchiffrer correctement leur langue, à l’aide de méthodes purement syllabiques. Cessons d’occuper le temps scolaire avec des activités ludiques et de faire de l’école un lieu de combat contre les inégalités : édifions nos enfants par la littérature classique. Exigeons que les enseignants y soient formés, ainsi qu’à la grammaire et à l’histoire de leur langue.

« La France fait face à un déficit d’ingénieurs malgré un besoin croissant lié aux défis de la transition énergétique. Une refonte de l’attractivité des formations et une meilleure collaboration entre le secteur public et privé sont essentielles » une tribune de David Lisnard et Constance Nebbula pour le JDD.

 

La France compte 45 000 nouveaux ingénieurs diplômés par an. Or, il en faudrait 20 000 de plus pour répondre aux besoins des entreprises et du monde de la recherche.

Malgré une tradition académique reconnue, notre pays se heurte à cette réalité préoccupante, juxtaposée à un besoin croissant d’expertises techniques pour répondre aux défis de la réindustrialisation, de la transition énergétique et de l’innovation technologique qui seront ceux du siècle. Cette dissonance peut en partie s’expliquer par trois phénomènes : une désaffection marquée pour les filières scientifiques, une baisse du niveau scolaire en mathématiques et en sciences, une représentation féminine insuffisamment encouragée.

La désaffection pour les spécialités scientifiques au lycée est frappante

La désaffection pour les spécialités scientifiques au lycée, depuis la réforme du bac adoptée en 2019, est frappante. L’exemple de la nouvelle filière NSI (numérique et sciences informatiques), qui suscitait une réelle attente, est criant. Elle est l’une des plus abandonnée entre la Première et la Terminale. Peu valorisée par l’Éducation nationale, proposée dans peu de lycées, elle ne révèle pas à la hauteur du fait d’un programme peu ambitieux ou même de matériel peu performant. Comme souvent, les moyens ne sont pas à la hauteur des enjeux.

La réforme Fouchet de 1965 avait permis aux volumes horaires de sciences et de mathématiques d’augmenter sensiblement au lycée, jusqu’à la rupture survenue en 2020. À cette date, les effectifs des bacheliers scientifiques chutent, jusqu’à revenir en 2022 au niveau de 1988, et la part des bacs scientifiques dans le bac général de tomber à 27 %, son plus bas niveau historique.

Il est ici indispensable d’évoquer le déclassement éducatif en mathématiques et en sciences dès le primaire, que confirment toutes les enquêtes internationales comme PISA ou TIMS, ainsi que les évaluations internes à l’Éducation nationale au collège. Les écoles d’ingénieurs, établissements exigeants s’il en est, constatent ainsi, d’années en années, la baisse du niveau, notamment de savoirs fondamentaux, ce qui fait nécessairement reculer le nombre d’étudiants acceptés.

Pour y remédier, certaines revoient à la baisse leur exigence au niveau des admissions, ou diversifient les cursus pour offrir des parcours moins ardus que les classes préparatoires aux grandes écoles. Ce type de décisions « en mode survie » pourraient s’entendre si les moyens étaient mis pour proposer un encadrement renforcé qui permette de combler les lacunes et de s’assurer un niveau de sortie constant.

Or, les difficultés financières des écoles vont à l’encontre de ce que la situation exige, ce qui impacte la qualité des futurs ingénieurs qui seront sur le marché du travail. Enfin, comment réussir à combler le manque structurel d’ingénieurs si l’on se passe de la moitié des talents potentiels ? Après une nette augmentation dans les années 90 et 2000, la part des femmes dans les écoles françaises d’ingénieurs stagne aux alentours de 28 % quand elle est de 36 % en Terminale « Mathématiques et Physique Chimie ».

 

La dynamisation de ces filières doit s’appuyer sur l’ingéniosité du secteur privé

À l’aune de ces constats, une interrogation majeure se pose alors : comment notre système éducatif et notre politique de soutien au monde scientifique peuvent-ils évoluer pour inverser cette tendance et relever les enjeux stratégiques liés à la réindustrialisation, à la modernisation de notre agriculture et à notre ambition en matière de recherche et d’innovation pour être compétitif sur le plan international ?

Si du côté de Bercy ou du Ministère de la transition écologique, on nous sert quelques effets d’annonces, comme le Plan « Industrie verte » qui entend former 1 million de diplômés pour 2030, cela sonne assez creux du côté du soutien aux écoles, qui dépendent du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

La dynamisation de ces filières exige une approche novatrice, qui doit s’appuyer sur la flexibilité et l’ingéniosité du secteur privé, tout en reconnaissant aux pouvoirs publics un rôle d’encadrement et de facilitation. Plutôt que d’imposer des directives, l’État doit encourager les synergies entre les universités, les entreprises, et les écoles d’ingénieurs, favorisant ainsi les investissements privés dans la recherche et le développement, les bourses d’études, et les programmes de mentorat.

Repenser l’attractivité des formations d’ingénieurs est primordial, en renforçant les partenariats avec le secteur privé pour offrir des parcours d’apprentissage en alternance, des stages rémunérés, et des perspectives de carrière concrètes dès le début des études. L’innovation pédagogique, soutenue par des investissements ciblés et des initiatives entrepreneuriales, élargirait l’éventail des opportunités pour les futurs ingénieurs. Cela permettrait non seulement d’assurer une source de financement durable pour les cursus au-delà du bac +2, mais aussi de mieux aligner les programmes d’enseignement avec les besoins réels du marché et les enjeux contemporains.

La France doit se donner les moyens non seulement de combler le déficit actuel d’ingénieurs mais aussi de se positionner à l’avant-garde de l’innovation technologique. La relance de notre industrie, fortement tributaire d’une main-d’œuvre qualifiée et innovante, repose sur notre capacité à anticiper et à intégrer les mutations technologiques et environnementales. La transition vers une économie décarbonée, l’exploitation des technologies de l’information et de la communication, ainsi que le développement de l’intelligence artificielle, de l’informatique quantique et de la robotique, constituent des domaines où l’expertise française pourrait briller.

Par ailleurs, la recherche fondamentale et appliquée, pilier de l’avancement scientifique et technique, doit être perçue non seulement comme un investissement dans l’avenir mais aussi comme un élément central de notre souveraineté.




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Comment enrayer la course permanente à la réglementation ? Quatre personnalités proposent une solution pour lâcher (un peu) la bride des Français.

Une tribune à lire sur le site de Valeurs Actuelles

« Plutôt que de proposer des programmes militants aux élèves comme la visite d’associations promigrants, l’Education nationale devrait se recentrer sur ses missions fondamentales ».

« Alors même que la démarche scientifique suppose la neutralité et l’objectivité, l’association du nom «savoir » et de l’adiectif « vert » sous-entend un alignement de la science sur l’idéologie » Une tribune de David Lisnard et Lisa Kamen-Hirsig pour Le Figaro.