TRIBUNE. Le ras-le-bol des agriculteurs français, les bons élèves de l’Europe, est légitime. Il est temps pour le gouvernement français d’agir afin de les protéger davantage.

Par David Lisnard et Yves d’Amécourt

Des panneaux d’entrée d’agglomération sont retournés par les Jeunes Agriculteurs pour dénoncer une politique agricole qui marche sur la tête. © Catherine Nicol / MAXPPP / PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/MAXPPP

Depuis quelques jours, les panneaux de certaines communes sont retournés par les associations de Jeunes Agriculteurs. Même si on aimerait que les panneaux restent à l’endroit et que les maires ne soient pas obligés d’ajouter cela à leurs préoccupations, le plus important est que la France retrouve le bon sens agricole. Il convient de saluer cette action nationale, non violente, destinée à attirer l’attention du plus grand nombre sur l’inflation des prix, l’inflation des normes, l’inflation de la bureaucratie.

Le message des Jeunes Agriculteurs est simple : « On marche sur la tête ! » D’un côté, l’inflation frappe de plein fouet les exploitations agricoles et de l’autre, le gouvernement leur demande de baisser les prix pour augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs. Il y a quelques jours, l’Europe a décidé de redonner une autorisation à l’utilisation du glyphosate en agriculture et de l’autre, la France, qui s’est abstenue, a annoncé qu’elle maintiendrait les restrictions d’usage.

Cette même Europe continue à signer des traités internationaux dits « de libre-échange » alors que les produits importés n’ont pas les mêmes contraintes ni les mêmes normes de production que les productions européennes. Le vrai libéralisme n’admet pas les distorsions normatives ou fiscales de commerce.

Vilipender au lieu de féliciter

L’agriculture française est reconnue mondialement comme l’une des plus saines et des plus respectueuses de l’environnement, en progrès permanent, mais on n’arrête pas de la vilipender au lieu de la féliciter, de l’encourager et de la promouvoir !

À ce rythme, nous risquons de ne pas rester longtemps la première puissance agricole européenne et la cinquième mondiale, ni d’afficher un excédent commercial dans ce secteur, qui tient grâce à l’exportation des céréales, des vins et des spiritueux.

Il s’avère en effet que nous importons toujours davantage de denrées alimentaires et de produits d’entrée de gamme que nous interdisons à nos propres agriculteurs de produire. Quelque 60 % des fruits que nous consommons, 40 % des légumes, 50 % de la viande blanche et 25 % de la viande rouge sont ainsi des produits d’importation.

Agriculture : à quand un plan d’envergure ?

Face à cela, aucun plan d’envergure de souveraineté alimentaire n’a été finalement proposé. Le discours du gouvernement sur la nécessaire baisse des prix a même incité les industriels de l’agroalimentaire à délaisser l’achat des productions françaises, pour aller chercher moins cher ailleurs. Si l’on n’y prend garde, l’agriculture française pourrait bien connaître le même sort que notre industrie.

Aujourd’hui, près d’un quart des agriculteurs vit sous le seuil de pauvreté. Et en trente ans, le revenu net de la branche agricole a baissé de près de 40 % en euros constants. Le transfert d’une partie des prélèvements sociaux et fiscaux vers la valeur ajoutée permettrait d’augmenter les rémunérations de nos agriculteurs et de leurs salariés et rendrait de la sorte plus attractifs les métiers de la terre.

Il est temps d’agir pour offrir aux jeunes agriculteurs des perspectives au sein d’une filière qui a toujours été un pilier de notre économie et même de notre patrimoine. La modernisation des pratiques, l’intégration des technologies vertes et l’accent sur une agriculture durable et respectueuse de l’environnement sont essentiels.

Nous devons également renforcer les politiques de soutien aux producteurs locaux et encourager l’innovation dans les méthodes de culture et de distribution. Par la promotion d’une agriculture diversifiée et de qualité, nous pourrons assurer la pérennité de ce secteur vital et améliorer notre indépendance alimentaire, tout en préservant le savoir-faire agricole unique de la France.

Comme nous l’avons déjà affirmé, il faudra : mettre fin aux distorsions de concurrence au profit de pays, au sein même de l’Union européenne, qui ne respectent pas nos standards ; réviser les termes de la PAC, devenue une vaste politique environnementale, ni vraiment agricole ni vraiment commune, avec comme objectifs notre souveraineté alimentaire et l’augmentation de nos exportations ; rendre plus efficace le système assurantiel pour protéger nos agriculteurs (et forestiers) et créer dans chaque exploitation un compte « aléas climatiques et économiques » ; faire revenir sur le sol français la valeur ajoutée issue de notre agriculture et de nos forêts par l’implantation d’industries de transformation de nos productions agricoles et forestières ; lutter contre la bureaucratie chronophage et l’inflation des normes qui asphyxient les agriculteurs ; simplifier le statut de l’exploitation agricole pour permettre de réaliser toutes les activités rurales : gestion foncière, exploitation agricole et forestière, production et d’énergie, tourisme vert, commerce de proximité, immobilier et entretien du patrimoine, participation positive au bilan carbone de la planète ; accentuer la recherche et l’innovation pour une meilleure productivité, de meilleurs rendements, une plus grande précision et aussi un accès amélioré à l’eau potable et à l’assainissement, par exemple grâce à des technologies de purification plus efficaces ou à des solutions d’assainissement hors réseau.

Parce que ce qui est bon pour l’agriculture est bon pour la France, il est temps d’arrêter de « marcher sur la tête » comme le demandent à raison nos jeunes agriculteurs. Il est temps de retrouver nos assises… et de remettre nos panneaux d’entrée de ville à l’endroit !

A la rencontre des représentants de la diversité du monde agricole.

Une tribune de David Lisnard et Yves d’Amécourt pour Atlantico.

Retrouvez l’intégralité de la tribune en cliquant sur la photo ci-dessus ou sur ce lien.

« L’agriculture est au cœur non seulement de nos paysages mais aussi de la puissance française » David Lisnard.

« L’agriculture est confrontée à de lourds enjeux : prix de l’énergie, décarbonation, attractivité des métiers, aléa climatique, normes et bureaucratie excessives. L’AMF travaille sur tous ces sujets, pour les communes dont l’agriculture est un élément essentiel de vitalité, et pour le pays » David Lisnard.

« Les enjeux communaux : prix des denrées alimentaires et restauration collective, ZAN, utilisation des produits phytosanitaires et chartes locales… L’AMF échange avec la FNSEA pour faire des propositions » David Lisnard.

David Lisnard s’est rendue à l’école de maraîchage de la basse vallée de la Siagne, installée sur un terrain municipal de 14 000m² depuis un an.

« Fèves, pois, carottes, salades, navets, choux, radis, épinards, tomates, courgettes, aubergines, haricots, poivrons, pommes de terre, melons, pastèques : autant d’aliments 100% bio cultivés à l’école de maraîchage de la basse vallée de la Siagne, cœur de Cannes Agricole, dont nous avons permis l’installation sur un terrain municipal de 14 000m². Celle-ci accueille 4 élèves maraîchers depuis son ouverture il y a un an, qui seront rejoints par 4 autres dès le mois prochain.

Cette école est vertueuse à plus d’un titre : elle favorise les circuits courts, contribue à préserver les espaces naturels de notre ville, sécurise les zones exposées aux risques majeurs, crée des emplois, propose une filière d’avenir en matière de formation, enseigne des techniques innovantes adaptées à la spécificité de notre commune et connectées à plus grande échelle aux enjeux de transition énergétique.

La coopérative agricole « Les Petites fermes d’azur », fondée par Christian Carnavalet, y enseigne sa « French method ». Elle vise à cultiver la quasi-totalité des parcelles en « bio-intensive », soit sur des planches de 1,30m, en entremêlant différentes variétés. Cela permet ainsi de développer une agriculture nourricière à la fois productive, moins consommatrice d’espace et respectueuse de l’environnement. L’objectif, à terme, est d’approvisionner les cantines municipales et la Faculté des métiers de Cannes en produits 100% bio et 100% local.

La formation, dispensée par l’Institut Moreau-Daverne, est en cours de certification Qualilopi, attestant de la qualité des prestations proposées. A l’issue de celle-ci, les stagiaires qui se déclarent comme agriculteurs ont la possibilité d’adhérer à la coopérative « Les petites fermes d’Azur » pour 5 ans reconductibles. Ils peuvent ainsi continuer de bénéficier d’une parcelle, du matériel, des débouchés de vente de la coopérative et des conseils du formateur. En contrepartie, ils reversent 5% de leur chiffre d’affaires à la coopérative.

Je suis très fier qu’un tel projet se fasse à Cannes. Il s’inscrit non seulement dans la vocation que nous avons donnée à la basse vallée de la Siagne (cœur de Cannes Agricole, avec 75 hectares d’espaces naturels préservés, et 65 hectares supplémentaires sanctuarisés par notre PLU sur l’ensemble de la commune) et plus généralement dans la politique volontariste que nous déployons pragmatiquement depuis 2014 en matière de protection de l’environnement et de croissance écologique, et que je vous détaillais la semaine dernière : https://www.facebook.com/100002198332972/posts/5468893533193870/?d=n

Vive l’écologie constructive et non pas moraliste !

Vive l’écologie utile et d’avenir.

Vive l’écologie qui avance.

Vive Cannes. » David Lisnard.

Au micro d’Emmanuelle Ducros, David Lisnard s’est exprimé sur le thème des cantines scolaires et de l’alimentation en général.

« Il faut que l’on cesse de vouloir toujours tout encadrer par des lois, règles ou normes. Quand vous complexifiez par deux, vous compliquez par dix »David Lisnard.

Retrouvez les extraits sur notre compte Twitter : extrait 1 / extrait 2 / extrait 3.

Visite de la nouvelle école de maraîchage, installée sur un terrain municipal de 14 000m2, dans la basse vallée de la Siagne, cœur de Cannes Agricole, sanctuarisée par David Lisnard.

David Lisnard, Maire de Cannes, a effectué une visite de la nouvelle école de maraîchage urbain, installée sur un terrain municipal dans la basse vallée de la Siagne, qui enseigne la « French Method », une agriculture urbaine et périurbaine 100% bio et 100% locale, théorisée par Christian Carnavalet, sur, petites surfaces qui consiste à cultiver des planches de 1m30 de large avec une forte rotation des cultures sur du sol enrichi grâce à du fumier et des déchets verts.

L’école accueille aujourd’hui 5 étudiants et pourra, à terme, en accueillir 18. Elle fournira les cantines des écoles communales et la Faculté des Métiers.

« Cette opération est importante et porteuse de sens. Elle consiste à développer un poumon vert et former des agriculteurs à une technique française, vieille de quatre siècles, relancée à Cannes et inculquée par un meilleur ouvrier de France. La finalité est évidemment agricole, mais également alimentaire, économique et pédagogique. Nous souhaitons continuer à multiplier le circuit court par une agriculture censée et de proximité. Ce n’est pas un gadget mais un projet avec du sens faisant le lien entre le métier de paysan et l’innovation et prenant en compte la réalité démographique et géographique. » David Lisnard.

Une initiative qui s’inscrit dans le plan valorisation de la basse vallée de la Siagne, sanctuarisée dans sa vocation agricole par David Lisnard, qui a permis de protéger 75 hectares d’espaces naturels et d’installer 5 agriculteurs.