La France fait face à une crise démographique sans précédent. La natalité doit s’inscrire au cœur des grands choix politiques que les Français vont devoir trancher. Une tribune de David Lisnard et Charles Rodwell parue sur Atlantico.

La natalité française doit s’inscrire au cœur des grands choix politiques que les Français vont devoir trancher.
D’abord, parce que notre pays ne répond pas à la préoccupation de milliers de familles françaises, à savoir l’impossibilité matérielle et financière d’élever dignement leurs enfants. N’en déplaise aux idéologues malthusiens pseudo-féministes en tous genres, ceci constitue une source immense d’angoisse et de souffrance pour des millions de Français.
Ensuite, parce qu’il n’y a pas d’avenir pour un pays sans naissance, ni sans enfant. C’est à ce défi majeur que doivent répondre nombre de pays développés, dont bien sûr l’Italie, l’Allemagne, le Japon, la Corée du sud… Notre nation, aussi, désormais.
La France fait face à une crise démographique sans précédent. En 2024, le nombre de naissances a chuté à 663 000, un niveau historiquement bas, en baisse de 2,2 % par rapport à 2023 et de 21 % par rapport à 2010 !
Avec un taux de fécondité tombé à 1,62 enfant par femme, nous nous rapprochons des niveaux très inquiétants observés en Italie ou en Espagne, des pays où le vieillissement a atteint un point si critique que les démographes planifient la mort de ces grands peuples dans leur identité multiséculaire.
Les effets économiques de cette situation se font déjà ressentir : moins d’actifs signifie une perte de dynamisme économique, une compétitivité réduite, une pression insoutenable sur nos systèmes sociaux – notamment sur la pyramide de Ponzi que constitue notre système de retraites par répartition –, une innovation en recul et une érosion de notre attractivité à l’international.
Les causes de la dénatalité sont multiples. Elles restent, dans leur essence, un impensé social et politique qui trouve sa source dans le dogme de l’être narcissique et matérialiste, à qui tout est dû et qui ne doit rien à quiconque. L’oubli, voire l’abandon, de ces garanties sociales et collectives au profit de politiques sociales individualisées, est pour beaucoup dans l’affaiblissement constant de la politique familiale.
Depuis 2013, la baisse du quotient familial, la suppression de l’universalité des allocations et la réforme doctrinaire du congé parental ont miné les fondements d’une politique pourtant essentielle à la vitalité de la nation. Ces mesures ont frappé de plein fouet les familles, particulièrement celles de la classe moyenne. Elles portent pourtant la part majeure de la contribution fiscale nationale qui fait de notre pays le plus redistributif au monde.
L’idéologie millénariste de la décroissance est aussi une cause de de cette baisse de la natalité, une partie de la population étant contaminée par un écologisme d’extrême-gauche qui voit dans chaque enfant non pas le miracle de la vie mais une source de pollution.
Lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024, le président de la République avait, de façon téméraire, promis un « réarmement démographique ». Or, depuis cette annonce, entre dissolution et instabilité gouvernementale, aucune politique structurante n’a été mise en place pour répondre à l’effondrement des naissances.
C’est pour répondre à cette urgence que nous proposons au gouvernement de refonder notre politique familiale sur trois principes simples, sur la base de la note de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie publiée en décembre dernier par la Fondapol.
D’abord, la liberté. Celle-ci implique de ne pas imposer aux familles des normes uniformes, mais de respecter leurs choix en matière d’éducation, d’enseignement et d’organisation familiale.
Ensuite, l’incitation juste et efficace, en concentrant nos efforts sur le premier enfant via la restauration d’une allocation universelle fixée à 150 euros par mois dès la naissance et sans condition de ressources. En complément, une prime de naissance revalorisée à 2 500 euros, versée en deux étapes, pourrait aider à couvrir les dépenses initiales. Ce choix initial du premier enfant est aujourd’hui trop fréquemment repoussé ou abandonné, faute de soutien suffisant.
Pour importantes qu’elles soient, ces aides financières ne suffiront cependant pas à elles seules à inverser la tendance, comme l’ont montré des études menées à l’international, notamment à Taïwan et en Corée du Sud.
Ces exemples soulignent la nécessité d’agir sur plusieurs autres leviers structurants pour concilier aspirations personnelles et contraintes économiques, à commencer par des dispositifs de congés parentaux assouplis et de gardes facilitées.
Comment pouvons-nous nous satisfaire de la maigre augmentation de 0,9 point en quatre ans du nombre de places de crèches, soit un taux de couverture de seulement 60,3 %, alors que, dans le même temps, si peu a été mis en œuvre pour anticiper la baisse de 4,3 % du nombre d’assistantes maternelles dont les départs massifs à la retraite étaient pourtant signalés dans le récent rapport de l’Observatoire national de la petite enfance (Onape) ?
C’est le sens du troisième principe qui guide nos réflexions, et qui conjugue lisibilité et pérennité. Les familles doivent pouvoir compter sur un cadre stable pour envisager sereinement leur avenir. Ceci implique une simplification drastique des prestations familiales, aujourd’hui trop compliquées et souvent incohérentes. Pourquoi ne pas fusionner, par exemple, allocations familiales et complément familial ?
Elle implique aussi d’engager une simplification drastique des contraintes réglementaires et administratives qui pèsent sur le logement, notamment en libérant le secteur de l’immobilier de trop nombreuses contraintes et fiscalités, au profit de l’investissement dans la construction, afin de permettre aux familles de se loger décemment.
C’est également par souci de lisibilité et de préservation des intérêts français, que nous proposons de conditionner le versement de ces allocations aux étrangers à deux exigences cumulatives : une durée minimale de séjour de cinq ans et une démarche de naturalisation.
Il nous appartient de créer les conditions d’un renouveau démographique qui bénéficiera à tous, et de rappeler qu’une société forte repose aussi sur sa capacité à transmettre et à se renouveler. C’est la raison pour laquelle, au-delà des mesures que nous proposons, nous devons absolument donner la garantie aux futurs parents de vivre dans un pays sûr, où leurs enfants auront accès à une instruction de qualité, à une véritable éducation culturelle et artistique, à un système de santé performant, et à des perspectives professionnelles attractives.
C’est en réunissant ces conditions que nous pourrons raviver le désir de devenir parents, puis la constitution d’une fratrie, seul levier concret, à terme, d’équilibre en matière de solidarité intergénérationnelle.
Investir aujourd’hui dans la natalité, c’est bâtir la France d’après-demain. Nous avons le devoir d’agir. Plus qu’une priorité, c’est un impératif national.
David Lisnard, Président de Nouvelle Énergie
Charles Rodwell, Député Renaissance des Yvelines et fondateur d’Ensemble, Français !
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