
« Ignorer ce que fut la déportation, ce que furent les camps, ce que fut l’anéantissement méthodique de millions d’êtres humains au cœur du XXe siècle européen, n’est pas une simple lacune. C’est une faute morale.
Une faille civique. Une brèche par laquelle le Mal peut à nouveau se glisser. Notre cérémonie d’aujourd’hui n’est pas seulement une commémoration. Elle est un rappel fondamental à la responsabilité, à la lucidité et à la vigilance. Elle est une exigence politique, morale, presque civilisationnelle. Comme surent le démontrer avec lucidité, courage et sacrifice les Justes, auxquels nous devons l’éternelle gratitude d’avoir sauvé l’honneur de l’humanité. Ce que les déportés ont traversé, ce n’est pas seulement l’effondrement de la dignité humaine, c’est la mise en ruine de tous les repères moraux, intellectuels et spirituels sur lesquels reposaient notre civilisation. Le Mal a une histoire funeste. Il a aussi une actualité. Et il appelle une réponse. Il vient des formes nouvelles, souvent sournoises, parfois bruyantes, que prend la volonté d’effacer notre mémoire, de diviser notre société, de fracturer la civilisation. A Cannes nous assumons de dire que toutes les valeurs et toutes les actions politiques ne se valent pas : celles qui détruisent, oppriment, interdisent ne sont pas l’égal de celles qui cherchent, qui doutent, qui libèrent. » David Lisnard.
