« Laissez-nous faire ! »

A la tête des Maires de France depuis quatre ans, le maire de Cannes – l’un des mieux élus et réélus de France – creuse son sillon, s’affirmant de plus en plus – avec le mouvement qu’il a créé, Nouvelle Énergie – sur la scène nationale comme force de propositions. À preuve, cet entretien au Point, en avant-première du Congrès des maires, qui se tient les 18, 19 et 20 novembre porte de Versailles, à Paris.

le 14 novembre 2025
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Dix ans après : vous n’aurez pas notre soumission

Dix ans ont passé depuis la nuit du 13 novembre 2015, quand le terrorisme islamiste a perpétré l’attaque la plus meurtrière depuis 1945 sur notre territoire : 130 morts et plus de 400 blessés, au Stade de France, sur les terrasses des bistrots des 10e et 11e arrondissements de Paris, et bien sûr au Bataclan. 

le 14 novembre 2025
10 ANS APRES

Jamais, en Europe occidentale, une cellule terroriste n’avait frappé par une succession d’attaques coordonnées, avec une telle puissance de feu et une telle capacité opérationnelle. Ces attentats incarnaient une volonté délibérée de détruire ce qui définit notre société : notre liberté d’aller et venir sans crainte, notre volonté collective de nous rassembler et de faire la fête autour du sport et de la culture, notre art de vivre.

Les victimes et leurs familles méritent bien plus que la compassion. Elles nous imposent de maintenir vivante la mémoire exacte de cette agression sans précédent, de perpétuer la connaissance rigoureuse de ce qui s’est réellement produit, et de dire toute la vérité à propos de la tragédie que nous avons subie comme de ce qu’il en est aujourd’hui.

La vérité, c’est que nos services de renseignement, nos forces de sécurité, nos magistrats ont déjoué de nombreux projets depuis dix ans malgré d’autres attentats qui ont coûté la vie à de trop nombreux innocents, de Nice à Arras, en passant par Conflans-Sainte-Honorine, Magnanville ou Saint-Étienne du Rouvray.

La menace a été contenue à plusieurs reprises et les efforts sécuritaires sont réels. Mais l’État, et plus largement la société, n’ont pas tiré toutes les conséquences de la nature de l’ennemi qui nous frappe. Si la France a combattu le terrorisme, elle n’a pas réellement et profondément affronté l’idéologie qui le porte. Or, face à cet ennemi armé et culturel, les choses ne peuvent pas être faites à moitié.

L’islamisme est une idéologie totalitaire qui vise l’établissement d’un islam extrémiste comme religion d’État et l’application de la charia. Il entend subordonner la loi civile à une norme religieuse, fragmenter la communauté nationale, substituer à la citoyenneté des appartenances exclusives.

Les Frères musulmans travaillent à l’entrisme institutionnel, à la conquête patiente des structures d’influence. Le salafisme prêche la rupture par la délégitimation de nos lois et la séparation culturelle. Le djihadisme pousse cette logique jusqu’à l’affrontement, qu’il soit idéologique, social ou armé. Ce triptyque se lit dans les doctrines, les réseaux, les financements, les trajectoires de ceux qui ont tué sur notre sol depuis Mohamed Merah en 2012.

Leur idéologie s’est adaptée à nos dispositifs, à nos pudeurs, à nos failles juridiques. Elle se diffuse désormais facilement. Quatre-vingt-dix pour cent des activités terroristes sur Internet ont lieu sur les réseaux sociaux. TikTok, Telegram, et autres applications sont autant de vecteurs de propagande, de radicalisation et de constitution de micro-réseaux. Elle noue aussi des alliances avec des segments d’ultragauche qui, sous couvert d’antiracisme, normalisent certains de ses cadres.

Cette capacité d’adaptation se manifeste jusque dans nos prisons.

La récente affaire autour de Salah Abdeslam le démontre. Le détenu le plus surveillé de France a pu accéder à du contenu de propagande djihadiste via une clé USB introduite au parloir par son ancienne compagne, suspectée d’avoir préparé un attentat avec deux complices.

Au cœur du dispositif censé illustrer la maîtrise de l’État, un réseau islamiste se reconstitue. Ce n’est pas un dysfonctionnement technique mais la démonstration que l’islamisme survit aux condamnations et profite de toutes nos faiblesses.

Ce scandale s’inscrit dans un paysage plus large. Depuis 2018, près de cinq cents condamnés pour terrorisme islamiste ont été libérés. Si la plupart de ces libérations sont juridiquement articulées, elles sont sécuritairement explosives. Plusieurs milliers de détenus de droit commun radicalisés ont quitté les prisons. Le chef de la section antiterroriste de la DGSI l’a reconnu : nous avons aujourd’hui plus de condamnés pour terrorisme islamiste en liberté que derrière les barreaux. Or, les capacités de suivi sont saturées. Nous disposons d’un arsenal administratif que la masse rend peu opérant.

Cette vulnérabilité intérieure intervient au moment où la carte géostratégique de la menace se redessine. Le retrait français du Sahel depuis 2022 a produit des effets destructeurs : triplement des morts depuis 2021, 40% du Burkina Faso sous contrôle djihadiste, quasi-doublement des opérations terroristes au Niger en 2024. Des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique contrôlent désormais des territoires immenses et y constituent des sanctuaires d’entraînement, de recrutement et de financement. Hélas, nous avons perdu des capacités de renseignement sur zone. La France a créé, comme après la Libye en 2011, les conditions d’une instabilité régionale dont les effets pourraient se projeter demain vers l’Europe.

Sur le plan national, la menace djihadiste reste de loin la plus structurée, la plus meurtrière en puissance, la plus capable d’actions massives. Elle se rajeunit dangereusement. Brouiller les lignes entre un terrorisme islamiste transnational, idéologiquement construit, et d’autres formes marginales, c’est offrir au djihadisme le camouflage qu’il recherche.

Il faut penser l’islamisme comme une stratégie globale. Cette stratégie articule plusieurs niveaux. Un niveau doctrinal qui produit un récit qui inverse les culpabilités. Un niveau social qui capte une partie de la jeunesse, souvent issue de l’immigration, désorientée et fracturée sur le plan identitaire, nourrie d’un sentiment de haine vis-à-vis de la France. Un niveau institutionnel qui investit le champ associatif, éducatif, caritatif et municipal pour promouvoir, sous couvert de respectabilité, une hiérarchie des normes contraire à nos lois. Un niveau opérationnel, avec constitution de réseaux poreux entre prosélytisme et passage à l’acte.

Ce travail se déploie à l’échelle européenne, via des structures transnationales, des financements extérieurs, des réseaux d’influence religieuse et humanitaire. Nos propres rapports officiels établissent ce maillage, mais l’État peine à en tirer toutes les conséquences.

Les libérations, les failles carcérales, les difficultés de suivi, la perte d’emprise au Sahel révèlent un État encore prisonnier d’une logique défensive face à un ennemi offensif, méthodique et patient. Nous disposons d’outils. Il nous manque une doctrine.

Cette doctrine, c’est assumer que l’Islam politique est une entreprise de subversion incompatible avec nos principes fondamentaux. Et donc qu’il n’a rien à faire en France. La République française ne doit pas être une incantation abstraite, mais une réalité concrète pour défendre la sécurité des habitants ainsi que l’universalisme, et garantir notre mode de vie. Il ne s’agit pas de céder aux fantasmes, mais de nommer avec précision une stratégie politico-religieuse documentée par nos propres institutions. Combattre l’islamisme, c’est aussi protéger les Français musulmans qui refusent cette emprise et en sont victimes.

Plusieurs mesures en découlent. Interdire les structures qui, sous couvert de religion ou d’association, promeuvent un ordre normatif concurrent de nos lois. Contrôler rigoureusement les financements étrangers de ces réseaux. Rompre avec les complaisances diplomatiques envers les États qui diffusent cette idéologie. Isoler réellement les leaders prosélytes en détention. Articuler clairement peine, renseignement et suivi post-carcéral pour les profils les plus dangereux. Ces actions ne relèvent pas de l’arbitraire. Elles relèvent de la légitime défense d’une nation.

Mais cette réforme régalienne ne suffira pas si nous perdons la bataille des esprits. L’islamisme a pris une longueur d’avance partout où les pouvoirs publics ont déserté. On ne combat pas une telle idéologie avec des slogans, encore moins avec l’angélisme béat de ceux qui ne veulent pas admettre que les islamistes sont nos ennemis.

On la combat par un enseignement de haute exigence qui redonne à nos enfants le sens de la France, la compréhension des totalitarismes, la capacité de démasquer les discours falsificateurs. Et aussi par le soutien explicite à ceux, issus de culture musulmane, qui refusent l’emprise islamiste et sont trop souvent abandonnés face à elle. Enfin, par une politique culturelle et intellectuelle qui assume de défendre notre modèle.

Dix ans après, nous devons refuser et le déni et la résignation. Le déni, c’est parler de « radicalisation » sans jamais nommer le mal. La résignation, c’est s’habituer à vivre sous la menace en empilant les hommages officiels comme autant de paravents.

Soit nous continuons à gérer la menace islamiste comme un risque parmi d’autres, en multipliant les dispositifs de suivi qui saturent, les mesures de contrôle qui s’empilent, les déclarations solennelles qui s’oublient et les postures martiales qui ne rassurent plus. Soit nous comprenons enfin que nous sommes entrés dans une guerre longue, idéologique, qui se joue dans les prisons, dans les quartiers, dans les écoles, dans les médias sur les réseaux sociaux et aux frontières du Sahel. Une guerre que nous ne gagnerons pas en la niant. Une guerre que nous pouvons gagner si nous acceptons de la mener avec lucidité, cohérence et détermination. La France a vaincu d’autres totalitarismes. Elle vaincra celui-ci si elle décide de le combattre.

 

 

Une tribune de David Lisnard, parue sur Rupture-Mag, à retrouver ici. 

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Cannes se recueille en hommage aux victimes du 13 Novembre, dix ans après

Les noms des 132 victimes des attentats islamistes de Paris et Saint-Denis ont été lus sur le parvis de l’Hôtel de Ville, dans un moment de recueillement sobre et solennel. Élus, forces de l’ordre et habitants se sont rassemblés pour honorer leur mémoire, dix ans après les attaques du 13 novembre 2015.

Cannes se recueille en hommage aux victimes du 13 Novembre, dix ans après

Cannes se recueille en hommage aux victimes du 13 Novembre, dix ans après

Les noms des 132 victimes des attentats islamistes de Paris et Saint-Denis ont été lus sur le parvis de l’Hôtel de Ville, dans un moment de recueillement sobre et solennel. Élus, forces de l’ordre et habitants se sont rassemblés pour honorer leur mémoire, dix ans après les attaques du 13 novembre 2015.

le 14 novembre 2025
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« Boualem Sansal : une victoire pour la liberté, un rappel à nos responsabilités »

C’est avec une joie et un soulagement immenses que j’apprends la libération de Boualem Sansal, grand écrivain de nationalité française, esprit libre, homme de courage et de culture. Je salue, à ce titre, la démarche décisive du Président allemand, qui aura permis de pallier la passivité des dirigeants français et des élites intellectuelles.

le 14 novembre 2025
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La détention arbitraire de notre compatriote aura duré bien trop longtemps. Elle aura été la démonstration tragique de ce qu’il advient lorsque la France renonce à parler haut et fort pour défendre ses ressortissants et ses valeurs universelles.

Tous nos compatriotes injustement persécutés à l’étranger, y compris lorsqu’ils sont immigrés récents ou qu’ils viennent d’acquérir la nationalité française comme Boualem Sansal, doivent savoir qu’ils sont et seront défendus par la France.

À Cannes, nous avons multiplié les initiatives pour que sa voix ne soit pas étouffée et que sa situation ne soit pas banalisée : lectures publiques, actions culturelles, bâches d’affichage, et surtout l’opération nationale #JeLisSansal, que j’ai lancée avec le Comité de soutien international à Boualem Sansal, présidé par Noëlle Lenoir et fondé par Arnaud Benedetti, et dont je salue l’action constante et déterminée depuis un an.

Boualem Sansal est un ami de la ville de Cannes, qui l’a déjà reçu à deux reprises. Ce sera, pour nous, un grand honneur de l’accueillir à nouveau.

Cette libération, aussi heureuse soit-elle, ne saurait masquer la persistance d’un climat hostile avec l’Algérie, dont le régime en place multiplie les provocations. Le journaliste sportif français Christophe Gleizes demeure lui aussi détenu de manière absurde et injuste dans ce pays depuis mai 2024.

Puisse la libération de Boualem Sansal en appeler d’autres.

 

Notre-Dame d’Espérance : un nouvel éclat pour l’église du Suquet

Symbole du Suquet et lieu cher aux Cannois, l’église Notre-Dame d’Espérance fera l’objet d’importants travaux intérieurs à partir de 2026. Un investissement de 1,8 million d’euros pour préserver et mettre en valeur ce patrimoine historique.

Cannes le 07 novembre 2025
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Retrouvez l’article de Nice‑Matin, paru vendredi 7 octobre, consacré aux travaux à venir en cliquant ici.

SUQUET

« Les défis sont immenses pour les communes »

David Lisnard a fait du sport l’une de ses priorités. Un domaine en pleine mutation qui repose majoritairement sur l’action des maires au coeur des territoires. Retrouvez son entretien pour le magazine Sportmag.

Sports le 06 novembre 2025
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Quelles initiatives l’Association des maires de France a-t-elle mises en place pour soutenir les clubs sportifs associatifs locaux ?

Les communes de France sont le premier partenaire du monde sportif, par le financement de nombreuses associations et d’équipements majeurs tels les stades, les gymnases et les piscines, ainsi que par un soutien logistique et de communication.

Le sport joue indéniablement un rôle de cohésion sociale, à condition qu’il soit aussi un lieu de neutralité, d’émancipation personnelle et de liberté où chacun peut se dépasser pour le loisir ou la compétition. Il s’agit donc d’une politique publique essentielle.

L’AMF en tant que telle n’a pas vocation à soutenir directement des clubs. Son rôle est de porter la voix des élus locaux et de représenter les intérêts des maires et des présidents d’intercommunalité qui sont les premiers soutiens des structures sportives locales. Dans chaque commune, ce sont eux qui, par exemple, mettent à disposition des créneaux dans les équipements municipaux ou qui attribuent des subventions aux clubs pour leurs projets. L’AMF a donc un rôle de conseil et apporte son expertise aux élus qui le souhaitent pour bâtir des politiques sportives adaptées et renforcer leurs relations avec les clubs.

Lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, l’AMF a favorisé le déploiement d’événements et d’animations sportives mis en œuvre par les communes en partenariat avec les clubs. Ces évènements allaient de l’accueil du relais des Flammes olympique et paralympique à la retransmission d’épreuves ou encore l’accueil de délégations d’athlètes.

L’association travaille également en partenariat avec les fédérations sportives pour favoriser le développement du sport au niveau local. Elle informe et relaie les préoccupations des maires aux fédérations pour trouver et construire des solutions. Notre commission « Sports » est un véritable espace d’échanges, où les maires partagent leurs bonnes pratiques et leurs difficultés. Cela permet également de lutter contre l’inflation normative, provenant des fédérations, relative aux équipements sportifs — par exemple les tracés de terrains — qui pèsent sur les clubs et sur les communes.

Enfin, l’AMF a établi des partenariats avec certaines fédérations sportives, comme celle de football ou de basket, et nous veillons à ce que les échanges entre les Associations départementales de maires et les districts ou échelons départementaux de fédérations soient facilités, toujours dans l’optique de décliner au mieux les bonnes pratiques.

« Les Jeux de Paris ont montré toute la force de notre écosystème sportif »

Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les sports associatifs en France aujourd’hui ?

Les Jeux de Paris ont montré toute la force de notre écosystème sportif. Mais une inquiétude existe : que l’élan se brise et que les moyens se réduisent brutalement après cette parenthèse exceptionnelle. Ce fut d’ailleurs l’objet de l’un de nos débats en 2024 à l’occasion du Congrès des maires. Car les communes sont les premiers financeurs du sport, c’est-à-dire des clubs et des pratiques. Or nos marges budgétaires se réduisent fortement. Le sport est aujourd’hui le deuxième budget le plus impacté par les baisses de dépenses.

Les défis sont immenses : désaturer un parc d’équipements déjà surchargé, anticiper les effets du changement climatique sur les infrastructures, rénover un parc vieillissant et énergivore. Les piscines sont souvent l’exemple le plus frappant, mais cette réalité touche d’autres équipements : près de 40% des équipements sportifs en France ont plus de 35 ans. Il en existe même plus de 6 000 dont la construction est antérieure à 1945.

À cela s’ajoute une baisse préoccupante de l’engagement bénévole, alors que le sport reste l’un des secteurs associatifs les plus dynamiques : une association sur quatre est sportive, et près d’un tiers du bénévolat en France lui est consacré. La récente baisse des emplois aidés décidée par le gouvernement est venue fragiliser un peu plus l’emploi au sein de ces associations.

Enfin, les associations sportives comme les maires font face, dans certains quartiers, à une montée du communautarisme islamiste qui voit dans le sport un lieu propice à son développement. On observe aujourd’hui des prières collectives organisées à la marge des rencontres sportives, des éducateurs ou des clubs qui ne respectent pas les valeurs républicaines, ou encore des compétitions adaptées à des exigences religieuses.

Pour lutter contre ces dérives, il faut avant tout renforcer le suivi et le contrôle des associations, en particulier de celles qui sollicitent des financements publics. Les aides doivent être strictement conditionnées au respect des principes de la République française, et notamment de la laïcité. Cela suppose des audits financiers, des inspections régulières et, en cas de manquement, des sanctions effectives.

Dans ma commune, j’ai mis en place dès 2019 une charte des valeurs républicaines que chaque président de club doit signer. Les éducateurs comme les responsables associatifs sont sensibilisés à la détection des signaux faibles de l’islamisme.

Comment le financement des associations sportives a-t-il évolué ces dernières années, et quelles solutions envisagez-vous pour l’améliorer ?

Les communes financent le sport à hauteur de 8 milliards d’euros par an, un chiffre qui atteint 11,1 milliards en intégrant les intercommunalités (selon le calcul de l’Observatoire Économie du Sport de la BPCE). Elles assument ainsi l’essentiel des dépenses, devant l’État, les entreprises et les autres collectivités. Cet engagement couvre à la fois la construction et l’entretien des équipements, leur mise à disposition souvent gratuite au profit des associations sportives, et les subventions directes aux clubs.

Mais cette situation se heurte à des contraintes budgétaires toujours plus fortes. Le financement privé reste encore trop peu mobilisé ou trop concentré, même si certaines expériences intéressantes existent comme les partenariats avec des structures privées (foot 5, futsal, escalade…) ou le mécénat développé par la Fondation du sport français. Ces initiatives montrent que la coopération entre secteur public et acteurs économiques peut renforcer le soutien aux clubs.

Ce que nous constatons sur le terrain, c’est la volonté unanime des maires de poursuivre leurs efforts en faveur des personnes qui s’engagent localement pour faire vivre un club ou une association, et dont il faut saluer le dévouement au profit notamment des jeunes.

Mais il est évident qu’il faut sortir de la dépendance publique. Le sport est un immense marché. Tant mieux, car il ne peut fonctionner sans clubs et les entreprises du secteur ont donc vocation croissante à s’y engager.

« Au prochain Congrès de l’AMF, nous mettrons en lumière le lien entre le sport et la culture »

Quel rôle pensez-vous que le sport peut jouer dans le développement de la cohésion sociale au sein des communautés ?

Les Jeux de 2024 l’ont démontré avec force : le sport rassemble, il fédère une Nation derrière des valeurs et ses champions. Dans les quartiers populaires comme ailleurs, il incarne des valeurs essentielles — respect, dépassement de soi, solidarité.

De nombreux clubs s’en saisissent pour porter des projets afin de prévenir le décrochage scolaire ou social. L’AMF a d’ailleurs plaidé, lors du Comité interministériel des villes de juin 2025, pour que le sport soit pleinement pris en compte dans ces politiques publiques.

Au prochain congrès de l’AMF, nous mettrons en lumière le lien entre le sport et la culture, deux piliers de la vie locale et de l’émancipation personnelle. Par l’effort, le sport et la culture libèrent les individus et peuvent leur permettre d’échapper à tout enfermement communautaire, religieux, social ou identitaire.

Comment envisagez-vous l’impact des politiques gouvernementales sur la promotion du sport amateur et associatif en France ?

Les signaux actuels sont très préoccupants. Les baisses de crédits de l’État, qui dépense tant ailleurs, dans ce qui relève de sa compétence telles l’éducation sportive et l’équité territoriale, démontrent que le soutien au sport n’est qu’une façade circonstancielle.

L’AMF plaide pour une politique nationale équilibrée, qui articule la haute performance avec la pratique amateure. Tous les grands champions ont commencé dans un club local évoluant dans un équipement municipal et soutenu par la mairie.

Or, ce désengagement a des conséquences immédiates, comme la fermeture d’infrastructures à commencer par les piscines. Lors de la période de la Covid-19, plusieurs générations d’enfants n’ont pu bénéficier de l’apprentissage de la natation et de la prévention des noyades. Nous en constatons hélas les impacts.

Sur ce sujet, nous ne ferons pas l’économie d’un vrai plan d’investissement dédié à la construction et la rénovation des piscines, qui répondent à un enjeu vital.

De manière plus générale, ces investissements doivent permettre de répondre aux nouveaux besoins en termes de pratiques sportives, tout en facilitant la rénovation énergétique des équipements sportifs très énergivores. Ils doivent enfin permettre de prendre en charge l’afflux de licenciés post-JOP. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis octobre 2023, la Fédération française de tennis de table a enregistré +20 % de licenciés, l’escrime +25 %, et le triathlon +32 %.

« 30 % des équipements construits avant 1985 n’ont jamais été rénovés »

Dans quelle mesure les infrastructures sportives contribuent-elles à la croissance des clubs associatifs, et quelles améliorations sont nécessaires ?

Les infrastructures sportives sont essentielles à la pratique de beaucoup de sports, a fortiori dans le cadre d’une pratique encadrée, dans un club par exemple. Les communes et intercommunalités possèdent près de 80 % du parc français, qu’elles financent, entretiennent et mettent à disposition.

Mais ce parc vieillit : 30 % des équipements construits avant 1985 n’ont jamais été rénovés. La crise énergétique a mis en évidence le poids financier des gymnases ou des piscines mal isolés. Leur rénovation doit s’inscrire dans les ambitions que se donne la France en matière d’énergie décarbonée et d’économies, tant en hiver pour améliorer l’efficacité thermique, que l’été pour permettre la pratique dans des conditions correctes.

Par exemple, à Cannes, nous rénovons les pelouses de nos stades en y installant des gazons hybrides moins consommateurs en eau. Nous avons été l’une des premières villes de France à réutiliser les eaux usées traitées, après plus de dix ans de procédures administratives, pour l’arrosage des terrains de sport, afin de réduire l’impact environnemental et sécuriser l’approvisionnement en eau du territoire, notamment dans un contexte de sécheresses répétées.

 

 

Retrouvez cet entretien dans le magazine Sportmag en cliquant ici.

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« Être leader, c’est créer de la confiance et se nourrir de la valeur ajoutée des autres »

Dans Momentum, émission enregistrée à l’Hôtel de Ville de Cannes, David Lisnard revient sur sa conception du leadership : exigence de résultats, éthique de responsabilité, management par objectifs et confiance accordée aux équipes. Une vision « très physique » du service public, où l’on décide, on mesure et on élève.

le 06 novembre 2025
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Pour David Lisnard, sport et culture sont « les deux leviers de l’émancipation », qui alignent corps et esprit et ouvrent l’horizon. Côté management, il revendique un pilotage par les faits : objectifs clairs, indicateurs suivis (déchets, parkings, charges, énergie), revues de projets régulières. « Ce qui se mesure s’anime. »

Public ou privé ? « Même logique : optimiser des ressources sous contrainte ; dans le public on distribue de l’intérêt général. » À Cannes, cela s’est traduit par des réorganisations, des réinternalisations ciblées et des gains de productivité avec des agents mieux payés.

Lisnard plaide pour la confiance plutôt que l’hyper-procédure : moins de reporting, plus de responsabilités et le droit à l’essai-erreur (« pas deux fois la même »). Le doute, dit-il, doit précéder la décision : « Le doute stimule la performance ; la suspicion la détruit. Une fois la décision prise, on l’affirme et on la tient. »

Sa conviction aux managers : « Regardez les exemples plus que les conseils. Votre rôle est de mettre les bonnes personnes à la bonne place, d’organiser autour des talents et de créer l’effet multiplicateur. Quand ça fonctionne, on a vraiment servi le collectif. »

David Lisnard : le plan de paix à Gaza « est conditionné au désarmement du Hamas qui est une organisation terroriste, militarisée, antisémite, qui refuse la coexistence et instrumentalise cyniquement sa propre population »

David Lisnard jette un regard critique sur la situation politique actuelle, dont il impute la responsabilité au Président de la République. Répondant aux questions de Jean-Philippe Moinet, il précise les perspectives qu’il veut tracer et qui passe, à ses yeux, par des « primaires ouvertes » permettant de sélectionner le candidat de la droite et du centre à la prochaine présidentielle. Le Maire de Cannes analyse aussi la situation au Proche-Orient, le plan de paix avancé pour Gaza et estime que la reconnaissance de l’État de Palestine par Emmanuel Macron n’a pas favorisé le plan de paix mais a, selon lui, « affaibli la voix de la France dans la région ».

le 06 novembre 2025
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Le Crif : Comment qualifiez-vous la situation politique actuelle en France ? Les chances d’un compromis autour des options budgétaires du Gouvernement Lecornu vous semblent-elles quasi-nulles à l’Assemblée Nationale ?

David Lisnard : La situation est chaotique et navrante, pour le moins que l’on puisse dire. Cette situation de blocage inédite sous la Vème République, qui nous renvoie aux pires heures de la IVème, est la conséquence directe d’une succession de décisions funestes basées sur des erreurs de jugement du Président de la République. Cela a commencé par cette « étrange dissolution » qui ne fut rien d’autre qu’un référendum sur sa personne, et qu’il a perdu. Et cela se termine, malgré un désaveu cinglant, par son acharnement à vouloir garder la main sur le gouvernement et sur Matignon.

Pour perdurer au nom de la « stabilité », le Premier Ministre s’est mis dans la main du Parti socialiste, renforçant par là même l’instabilité du pays, avec sa surenchère fiscale et dépensière. En ces conditions, un compromis sur le budget à l’Assemblée est possible, d’autant que le fiscalisme et le conformisme semblent très répandus parmi trop de ministres et de députés, de LFI jusqu’au RN, comme on a pu le vérifier lors des débats. Il n’y aura pas de sursaut tant que nous ne réduirons pas les dépenses publiques, et avec elles, le périmètre d’intervention de l’État pour le recentrer sur ses missions régaliennes.

Le Crif : Le « socle commun », qui réunissait le bloc central et LR, semble très affaibli. Pourtant, l’alliance de la droite républicaine et du centre n’a-t-elle pas été la condition des victoires électorales de ces familles politiques ?

David Lisnard : Pour ma part, je ne me suis jamais considéré comme un membre du « socle commun ». Les Républicains avaient tout intérêt à s’emparer des responsabilités lorsque le pouvoir était vacant, au sortir des législatives, compte tenu de la fragmentation politique issue des urnes, afin d’éviter au pays le chaos mortel de l’extrême gauche. Mais aujourd’hui, gouverner avec ceux qui ont été évincés du pouvoir puis remis en place par l’Élysée, pour nous resservir la même politique social-étatiste, relèverait du suicide politique. Comme j’ai pu le dire à plusieurs reprises, il est impensable que la droite républicaine soit la rustine du Titanic car elle doit représenter l’alternance et, ainsi, ne pas en laisser le monopole à l’extrême gauche et au RN. Il est pour cela indispensable qu’elle porte un projet puissant, soutenu par une majorité la plus large possible.

LR seul ne parviendra pas à rassembler tous les électeurs de la droite et du centre, une majorité d’entre eux ayant trouvé refuge dans d’autres formations. C’est pourquoi je propose avec mon parti Nouvelle Énergie une initiative susceptible de réunir ces électeurs, qui sont majoritaires dans le pays, autour de quelques mesures indiscutables pour redresser la France et qui transcendent bien des clivages désormais : la modernisation de l’État, la réduction de la dépense publique, l’instauration d’une retraite par capitalisation, le réarmement de l’État dans ses fonctions régaliennes, une politique migratoire enfin maîtrisée, la reconstruction éducative et culturelle, une grande ambition pour l’instruction publique et une vraie décentralisation. C’est par la force de ce projet, qui tranchera avec la mollesse de l’offre actuelle, que nous ferons l’union.

Le Crif : Mais comment départagerez-vous à LR les candidats à la présidentielle dont vous êtes ?

David Lisnard : L’enjeu dépasse LR et concerne tout le spectre du centre et de la droite. Pour devenir une force d’alternative crédible, il faut se donner une méthode claire, transparente et démocratique pour désigner celui ou celle qui portera un projet présidentiel de redressement national. Comme expliqué, la seule voie aujourd’hui réaliste, c’est une primaire ouverte, sur le modèle de celle de 2016 qui avait mobilisé plus de quatre millions d’électeurs. Mais cette compétition ne peut être un casting sans boussole. Chaque candidat devra s’engager sur un socle de rupture non négociable, fondé sur les objectifs que je viens de vous lister. Cette procédure de désignation doit dépasser les frontières partisanes.

La situation de la France exige que nous ouvrions cette primaire à tous ceux qui partagent les principes de liberté de création, de responsabilité individuelle et d’indépendance nationale. Il s’agit de bâtir une grande entente d’alternance, respectueuse des différences de chacun mais unie autour de l’essentiel. Le seul critère doit être la clarté du projet et la volonté d’agir. Je propose donc un cadre simple : un accord sur des mesures fondamentales et une primaire ouverte pour désigner le candidat et le projet. Une telle méthode permettrait à chacun d’identifier les candidatures ambigües, les postures, les solutions de confort. Le pire serait de rejouer les erreurs du passé : divisions, indécision, confusion. La légitimité du candidat doit venir du peuple, pas d’un cénacle de notables. Telles sont les conditions pour devenir une force d’espérance.

Le Crif : La situation à Gaza est passée de la guerre à une phase politique et diplomatique, avec la libération des otages et un cessez-le-feu. Vous réjouissez-vous ou non de cette nouvelle donne et du plan de paix évoqué, conditionné au désarmement du Hamas et à la fin de sa gouvernance de ce Territoire palestinien ?

David Lisnard : Je me réjouis, bien sûr, de la libération progressive de plusieurs otages israéliens, comme de la restitution des corps de ceux qui ont été assassinés dans des conditions abjectes par le Hamas. C’est une étape indispensable. Et ce n’est qu’un commencement. Le cessez-le-feu actuel, issu de la première phase du plan mis en place par les États-Unis, marque une désescalade bienvenue mais ce cessez-le-feu reste fragile. Rien ne permet encore de parler d’une paix durable. Ce plan a le mérite d’avoir réintroduit des objectifs positifs, avec un rapport de forces et des exigences claires, qui avaient disparu de la diplomatie internationale. Il repose sur une séquence réaliste : d’abord la libération des otages, ensuite le désarmement complet du Hamas, enfin la sortie politique par la mise en place d’une nouvelle gouvernance à Gaza. Cette méthode, validée par plusieurs puissances régionales, redonne un cadre possible à une stabilisation pérenne. Mais tout cela est conditionné au désarmement du Hamas qui est une organisation terroriste, militarisée, antisémite, qui refuse la coexistence et instrumentalise cyniquement sa propre population. Tant qu’il contrôle ce territoire, Gaza restera un foyer d’instabilité chronique et un danger pour Israël.

Ce que ce plan a permis, c’est aussi un fait géopolitique majeur : l’émergence d’un consensus inédit dans plusieurs États musulmans, comme l’Arabie Saoudite, pour conditionner toute reconstruction à la fin du pouvoir du Hamas. Il faut donc saluer cette nouvelle donne avec lucidité : nous sommes à l’entrée d’un processus, pas à sa conclusion. Tout dépendra de la capacité à faire appliquer les conditions posées, sans ambiguïté, et à éviter les replis diplomatiques ou les compromissions tactiques. Il n’y aura de sortie par le haut que si la sécurité d’Israël, la dignité des Palestiniens et la stabilité régionale sont traitées ensemble, sur la base d’un principe simple : aucune paix ne se construit avec ceux qui la combattent et aucune sécurité d’Israël n’est possible avec les néonazis du Hamas à Gaza.

Le Crif : Approuvez-vous la « solution à deux États », qui est la position traditionnelle de la France ? Quelles conditions mettez-vous à la mise en œuvre de cet objectif ?

David Lisnard : La solution à deux États est la position historique de la diplomatie française. Mais la France a toujours assorti cette perspective de trois exigences précises : l’existence d’un gouvernement palestinien légitime et unifié, capable d’assurer l’ordre et de représenter l’ensemble du peuple palestinien ; un cadre territorial défini et accepté par les deux parties ; et bien évidemment un engagement explicite et vérifiable pour la paix, la reconnaissance d’Israël et sa sécurité. J’ai dit à plusieurs reprises que la reconnaissance de la Palestine par le Président de la République en septembre dernier fourvoyait la France. Il ne s’agit pas de contester l’aspiration à un État palestinien, qui est légitime, mais de dénoncer une méthode contraire à toute rigueur diplomatique.

Reconnaître un État qui n’existe pas encore, sans frontières, sans gouvernement unifié et sous la domination d’une organisation terroriste, est une faute. Le Président Macron avait lui-même fixé comme préalable à cette reconnaissance la libération de tous les otages, vivants et morts. Il ne l’a pas respecté. Et il a privé la France d’une arme diplomatique essentielle pour jouer un rôle pacificateur dans la région. Maintenant que la France, qui n’avait pas reconnu d’État palestinien depuis 1948 tout en promouvant le principe de la solution à deux Etats, a reconnu la Palestine dans la foulée du 7 octobre et a reçu pour cela les félicitations du Hamas, qu’a-t-elle à dire et à faire ? Cette décision a légitimé le Hamas, qui a pu se présenter comme un acteur reconnu de fait dans le jeu diplomatique, alors qu’il demeure une organisation terroriste. Elle a affaibli la voix de la France dans la région, en rompant avec la position tenue depuis des décennies, fondée sur la progressivité, le dialogue et les garanties de sécurité. Elle a dégradé notre crédibilité diplomatique, en réduisant la France à un rôle de « figurante bavarde » de la scène internationale.

La seule approche sérieuse reste celle des deux États mais en dernière étape d’un processus diplomatique rigoureux, garantissant à la fois la sécurité absolue d’Israël et la stabilité d’un futur État palestinien né d’un accord régional.

 

 

Propos recueillis par Jean-Philippe MOINET. Retrouvez cet entretien sur le site du Crif en cliquant ici. 

La dette est le prix de notre soumission, et inversement

En 1956, les Etats-Unis ont contraint le Royaume-Uni à se retirer de Suez en menaçant de vendre leurs réserves de livres sterling. En 2010, la Grèce a dû accepter la tutelle de la troïka. La France n’est pas à l’abri. Retrouvez la chronique de David Lisnard pour l’Opinion.

Economie le 06 novembre 2025
L'opinion

Dans le monde réel, il n’y a pas d’indépendance possible sans maîtrise de ses comptes. Avec 3 345 milliards d’euros de dette, un déficit public de 170 milliards en 2024, notre pays a perdu cette maîtrise.

Ce déficit représente 37,8 % de nos recettes publiques. Plus d’un tiers de ce que l’Etat encaisse n’est pas financé par l’impôt mais par l’endettement.

Après avoir emprunté 285 milliards d’euros en 2024, puis 300 milliards en 2025, la France va devoir emprunter 310 milliards en 2026. Encore un record battu.

Dépendance. Cette dépendance aux marchés financiers, devenue structurelle, traduit l’épuisement de notre modèle étatiste, obligé d’emprunter toujours plus pour financer le déficit public et refinancer les dettes qui arrivent à échéance. La dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s le 17 octobre n’est pas la cause mais la conséquence de l’état du marché, c’est-à-dire du degré de confiance que nous accordent les prêteurs.

Cette addiction au crédit a un prix : la charge de la dette atteint 66 milliards d’euros, et devient le premier poste de dépense de l’Etat, devant l’Education nationale et la Défense.

Une autre donnée : 54,7 % de notre dette est détenue par des non-résidents. A titre de comparaison, ce ratio est de10 % pour le Japon, 22 % pour les Etats-Unis, 27 % pour l’Italie, 40 % pour l’Espagne, 50 % pour l’Allemagne.

Or, nous ignorons qui sont ces détenteurs étrangers. La Banque de France ne fournit que des données agrégées et lacunaires. On sait simplement que figurent parmi eux des banques centrales asiatiques, des fonds souverains du Golfe, des gestionnaires d’actifs anglo-saxons.

Opacité. L’opacité est la règle. Et l’opacité n’est jamais source de confiance.

Nos créanciers nous connaissent mieux que nous ne les connaissons. Ils scrutent nos comptes, analysent nos faiblesses, anticipent nos besoins de refinancement, tandis que nous naviguons à l’aveugle.

Cette asymétrie d’information est dangereuse.

Peut-on encore parler d’indépendance nationale quand plus de la moitié de notre dette est entre des mains que nous ne connaissons pas et a fortiori ne maîtrisons pas ? La question est rhétorique.

Les exemples abondent. En 1956, les Etats-Unis ont contraint le Royaume-Uni à se retirer de Suez, en menaçant de vendre leurs réserves de livres sterling. En 2010, la Grèce a dû accepter la tutelle de la troïka. Aujourd’hui, plusieurs pays africains voient leurs politiques dictées par leurs créanciers chinois.

La France n’est pas à l’abri.

Que décidera un Etat créancier si nous menons une politique contraire à ses intérêts ? Quelle pression exercera un fonds souverain sur notre diplomatie, notre politique industrielle, notre régulation numérique ? Quel degré d’autonomie conserverons-nous si, pour éviter une hausse des taux ou une défiance des marchés, nous devons réviser nos choix et renoncer à une décision ?

Menace. Le mécanisme est simple. Un créancier mécontent peut vendre massivement nos obligations, faire monter les taux auxquels nous empruntons et renchérir notre financement. La menace suffit souvent.

C’est le soft power de la dette, la diplomatie obligataire : une influence qui ne dit pas son nom mais pèse sur chaque arbitrage. Le danger est double.

Géopolitique d’abord. Notre politique extérieure devient tributaire d’intérêts étrangers. Nos positions sur Taïwan, l’Ukraine, le Proche-Orient, l’Afrique, peuvent être influencées par la nécessité de ménager nos créanciers.

Démocratique ensuite. Nos choix électoraux peuvent être lus à travers le prisme du risque financier. C’est ainsi qu’en 2022, le gouvernement de Liz Truss au Royaume-Uni a dû démissionner après la réaction des marchés financiers, consécutive à l’annonce d’un plan de baisses d’impôts non financées.

Souveraineté. Une fois la souveraineté budgétaire perdue, chaque gouvernement se retrouve pris entre la sanction des marchés et la tentation de ponctionner ses propres citoyens.

Sous des vocables euphémisés – « mobilisation de l’épargne populaire » ou « contribution exceptionnelle » – se cache une réalité brutale : la captation forcée de l’épargne.

L’histoire récente le montre : confiscation étatique des fonds de pension en Argentine en 2008, ponction sur les dépôts bancaires à Chypre en 2013, hausses fiscales rétroactives et contrôle des capitaux en Grèce en 2010 et 2015. Et depuis 2016, le droit européen autorise les pays membres à ponctionner les dépôts bancaires supérieurs à 100 000 euros dans le cadre d’un renflouement interne pour sauver une banque en difficulté.

Vulnérabilité. Notre vulnérabilité tient à trois facteurs structurels.

D’abord, la fréquence de nos besoins. Avec une maturité moyenne de huit ans, nous devons refinancer 12,5 % de notre stock de dette chaque année, en plus du déficit annuel.

Ensuite, la concentration des détenteurs. Nous l’avons vu : plus de la moitié de notre dette est détenue par des non-résidents, dont 27% hors zone euro. Parmi eux figurent des fonds souverains, des banques étrangères, et une large part de gestionnaires d’actifs ou d’entités privées.

Enfin, l’interconnexion des risques. Une crise bancaire en Chine, une récession américaine, un conflit au Moyen-Orient : tout choc externe se répercute immédiatement sur nos conditions de financement. Nous subissons des crises que nous n’avons pas créées.

Contraintes administratives. On ne sortira pas de cette dépendance et de la dette sans croissance, et il n’y aura pas de croissance tant que nous battrons des records de prélèvements obligatoires, de contraintes administratives et de dépense publique.

Nous avons les moyens concrets d’y parvenir à travers un plan de réduction massive de la dépense publique, à hauteur minimale de 200 milliards d’euros, dont 60 à 80 milliards immédiatement, tout en renforçant les missions régaliennes et les services publics essentiels.

Ces économies ont déjà été identifiées : suppression d’agences et d’opérateurs redondants, réduction de plus de 500 000 postes administratifs, privatisations, rationalisation des aides aux entreprises, suppression des doublons et strates administratives, mise en concurrence des services, réduction de l’aide publique au développement, allocation sociale unique plafonnée, suppression de l’Aide médicale d’Etat, réservation des aides non contributives aux nationaux et étrangers résidant régulièrement depuis au moins cinq ans sur le territoire, convergence des régimes de retraite et introduction d’un étage de capitalisation obligatoire.

Cette politique puissante de redressement de la France ne pourra se faire qu’avec une légitimité forte, donc dans le cadre d’un nouveau cycle électoral complet remettant les choses dans l’ordre : présidentielle et législatives ; le plus vite possible, en laissant quelques mois pour une vraie campagne et une confrontation des projets.

Retrouver la maîtrise de nos finances publiques n’est pas une affaire technique. C’est la condition première de notre liberté. A force de différer les décisions, nous avons transformé la dette en dépendance, et la dépense en impuissance.

La dette n’est pas qu’un fardeau économique. Elle devient un risque existentiel pour notre démocratie si ce sont les citoyens qui votent mais les marchés qui arbitrent les choix politiques. Ainsi va la France.

 

 

Retrouvez cette chronique sur le site de l’Opinion en cliquant ici. 

David Lisnard sur France Inter : « Afuera la réglementation ! »

Invité d’Alexandra Bensaïd dans La Grande Matinale de France Inter, mercredi 29 octobre 2025, David Lisnard a livré une analyse sans détour de la situation politique et économique française, appelant à une rupture profonde avec le modèle actuel.

le 29 octobre 2025
FINTER

Face à ce qu’il décrit comme la fin de plusieurs cycles, le macronisme, l’État-providence et le modèle des Trente Glorieuses, il a dénoncé un système politique obsédé par la stabilité des postes plutôt que par l’intérêt du pays :

« Ce que l’on appelle stabilité n’est en réalité que la stabilité des postes. »

Évoquant le poids de la bureaucratie et l’excès de normes, il a lancé avec force :

« Afuera la réglementation ! Je le dis depuis France Inter. »

Une formule symbolique de sa volonté de libérer les énergies françaises, en réduisant les contraintes administratives qui paralysent l’économie, découragent l’initiative et étouffent la performance publique.

David Lisnard a rappelé que la France dépense plus que ses voisins européens pour un service public pourtant moins efficace :

« Si l’on veut de meilleurs fonctionnaires, mieux payés et respectés, il faut moins de bureaucrates. »

Fidèle à la ligne de Nouvelle Énergie, il a appelé à une refondation complète de l’action publique, fondée sur la liberté, la responsabilité et l’efficacité :

« L’intérêt du pays, c’est d’avoir un État fort sur le régalien, mais allégé dans la paperasse. »

Une grande primaire pour reconstruire une alternative claire

Au cours de l’entretien, David Lisnard a également évoqué la recomposition politique à droite et la nécessité d’une véritable clarification idéologique.

Il a ainsi plaidé pour une grande primaire ouverte, permettant de rassembler toutes les forces de la droite républicaine autour d’un projet commun :

« Moi, ce que je propose, c’est une grande primaire ouverte et une grande entente autour de quelques principes simples. »

Cette primaire aurait vocation à réunir les personnalités et les mouvements partageant une même ambition : rebâtir une alternative libérale, sécuritaire et éducative, fondée sur des mesures concrètes et courageuses.

Le président de Nouvelle Énergie a d’ailleurs annoncé qu’il proposerait cinq grandes mesures autour de ces trois piliers :

• libérer l’économie et l’investissement pour redonner du pouvoir d’achat et de la compétitivité ;

• restaurer l’autorité de l’État, la sécurité et la justice ;

• refonder l’école sur l’exigence, le respect et la transmission ;

• réorganiser la dépense publique pour recentrer l’État sur ses missions essentielles ;

• et remettre la responsabilité individuelle au cœur du modèle social.

Rassembler les orphelins de la droite

Dans cette perspective, David Lisnard a appelé à rassembler « les orphelins de la droite », ces électeurs et acteurs politiques qui ne se reconnaissent plus dans les compromis du moment :

« Il faut créer une vraie force pour récupérer tous ceux que j’appelle les orphelins de la droite, qui par défaut ne votent plus. Certains sont partis chez Emmanuel Macron, d’autres au Rassemblement national. »

Cette démarche, fidèle à l’esprit de Nouvelle Énergie, vise à refonder un projet de redressement national cohérent, autour de valeurs claires : liberté, responsabilité, mérite, sécurité et efficacité de l’action publique.

« Ce que je veux faire gagner, c’est un projet libéral, sécuritaire et éducatif. Tout le reste, c’est la politique politicienne. »