« Une expérience formatrice, qu’il ne faut pas idéaliser » : David Lisnard raconte son service militaire
David Lisnard se souvient de son service militaire d’abord en Normandie, puis à l’école militaire. Il raconte ses anecdotes à Paris Match.
« J’ai effectué mon service militaire, entre 1993 et 1994, en tant que canonnier dans l’armée de terre, d’abord en Normandie, puis à l’école militaire au service information. Ce fut une expérience formatrice, qu’il ne faut pas non plus idéaliser : en caserne, nous n’avions qu’un Famas pour six, et cinq d’entre nous devaient se contenter de fusils datant de la guerre d’Algérie. La réalité est qu’il y avait aussi quelques cas d’alcoolisme et des bagarres, et la reproduction d’inégalités sociales.
Côté anecdotes, je me souviens d’un soir, pendant mes classes, où, avec un copain, nous avions fait le mur pour aller dans un bistrot… Hélas pour nous, des officiers s’y trouvaient. Nous en étions revenus avec une sanction disciplinaire. À l’inverse, je garde un souvenir fort d’un réveillon de la Saint-Sylvestre : seul en poste d’observation, puisque j’avais pris volontairement les jours de Noël et du Nouvel An, j’avais eu la visite d’un officier très haut gradé de l’état-major avec qui j’avais parlé littérature et géopolitique jusqu’au bout de la nuit. Je crois qu’un retour du service militaire est nécessaire pour aguerrir individuellement de nombreux jeunes Français et développer l’esprit patriotique de défense. Il doit être universel, court pour des raisons financières – d’une durée de trois mois? -, en caserne et en uni-forme. Il faut que tous les Français suivent une vraie préparation militaire pour renforcer le sentiment national et pouvoir contribuer à dissuader toute attaque extérieure terrestre.»
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L’adoption du budget de la Sécu : le nouveau «n’importe quoi qu’il en coûte»
« Voilà où nous en sommes : des députés qui votent pour un texte qu’ils désavouent eux-mêmes » David Lisnard dans sa chronique pour l’Opinion.
L’adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 restera comme le symbole d’une capitulation politique. La réforme des retraites, présentée comme l’acte majeur du second quinquennat d’Emmanuel Macron, a finalement été suspendue au nom de la « stabilité ». Cette mesure, pour laquelle le gouvernement avait engagé sa responsabilité au printemps 2023, qui avait mobilisé toute son énergie pendant des mois, s’évanouit au gré d’un compromis parlementaire arraché entre la gauche, le Rassemblement national, des macronistes et autres députés complices du « bloc central ». Gabriel Attal produit le faux alibi : « Nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis qui a été trouvé par le Premier ministre avec le groupe socialiste. » Traduction : nous sacrifions un combat emblématique plutôt que de risquer la censure.
Et nombreux sont les parlementaires de la droite et du centre, malgré le courage de quelques-uns, qui ont contribué à l’adoption de ce texte. Voilà où nous en sommes : des députés qui votent pour un texte qu’ils désavouent eux-mêmes. Ce renoncement s’inscrit dans une série de capitulations budgétaires qui se soldent par un déficit officiel de près de 20 milliards d’euros et plus de 10 milliards d’économies abandonnées, auxquelles s’ajoute le coût de la suspension de la réforme des retraites.
Instrument électoral. Pour comprendre ce naufrage budgétaire, il faut revenir au 12 mars 2020. Emmanuel Macron déclare alors que le gouvernement mobilisera « tous les moyens financiers nécessaires pour sauver des vies, quoi qu’il en coûte ». Dans les premiers temps de la pandémie, cette doctrine se justifiait. Mais très vite, le « quoi qu’il en coûte » aurait dû céder la place à une gestion plus rigoureuse comme partout ailleurs dans le monde. Il n’en fut rien. Et plus l’élection présidentielle de 2022 approchait, plus cette doctrine s’est transformée en instrument électoral. Le « quoi qu’il en coûte » a muté en « n’importe quoi qu’il en coûte ». Chaque difficulté appelait une réponse budgétaire. Cette période a constitué une véritable martingale politique, un clientélisme d’Etat financé par la dette de nos enfants.
Depuis la dissolution de juin 2024, ce « n’importe quoi qu’il en coûte » a atteint son paroxysme. Le président de la République et son gouvernement pratiquent la politique de l’instant. Sans cohérence. Sans vision. Seul compte le fait de tenir et durer. Plus Emmanuel Macron perd en soutien populaire, plus il se cramponne au pouvoir.
Le vocabulaire employé par ce pouvoir finissant mérite qu’on s’y arrête. On invoque la « responsabilité » pour justifier l’augmentation des impôts. On parle de « stabilité » pour expliquer l’abandon de la réforme des retraites. Mais ces mots ont perdu tout contenu. La « stabilité politique » est devenue le grand alibi du système.
Qu’importent l’instabilité fiscale qui frappe les entreprises et décourage l’investissement, l’instabilité comptable qui plonge la Sécurité sociale dans un déficit abyssal, l’instabilité sociale qui multiplie les tensions, l’instabilité économique qui érode la compétitivité du pays. Qu’importent le sacrifice des actifs écrasés d’impôts et de charges, la trahison des générations futures condamnées à porter le poids d’une dette devenue insoutenable. Qu’importent les dépôts de bilan qui se multiplient, l’effondrement du niveau scolaire qui hypothèque l’avenir, les frontières passoires qui alimentent les flux migratoires incontrôlés, le délitement régalien qui livre des pans entiers du territoire au chaos. Qu’importe la réalité, pourvu qu’il y ait la stabilité des postes pour quelques-uns et, surtout, la stabilité du maintien à l’Elysée du principal responsable de ce désastre.
L’Assemblée nationale a adopté une hausse de la CSG sur les revenus du capital, ciblant spécifiquement l’épargne financière investie sur les actifs les plus risqués, c’est-à-dire précisément celle qui finance l’économie productive, l’innovation, la croissance.
Le sophisme politique l’emporte sur la logique économique. Plus l’investissement est risqué, plus il est producteur de valeur pour l’économie. Mais cette considération disparaît devant la lutte des places.
Inefficacité. Ce « n’importe quoi qu’il en coûte », on le retrouve partout. Dans le logement, où l’Etat distribue 43 milliards d’euros d’aides tout en empilant les normes qui paralysent la construction. Dans la santé, où la Sécurité sociale dépense 266 milliards mais où les urgences ferment. Dans l’éducation, où le budget atteint 90 milliards mais où le niveau s’effondre. Partout, des milliards engloutis. Partout, la même inefficacité. Partout, le même refus de s’attaquer aux causes structurelles des problèmes.
Pour arracher le vote du 9 décembre, le gouvernement a multiplié les pressions. Le 4 décembre, il transmettait aux députés la lettre du directeur de la Sécurité sociale détaillant les conséquences d’une absence de vote : un déficit qui pourrait dépasser 30 milliards d’euros, des coupes brutales dans les prestations familiales, le doublement des franchises médicales par simple décret. Sébastien Lecornu lui-même martèle que l’absence de texte conduirait à « 29 ou 30 milliards d’euros de déficit ». Nous en sommes là : un gouvernement qui fait du chantage à la catastrophe pour masquer son impuissance.
Pourtant, « en responsabilité », une autre voie existait. Alors que la France n’a plus de majorité capable de prendre les décisions nécessaires pour redresser ses comptes et œuvrer pour les jeunes générations, le président de la République aurait pu tirer les conséquences de la dissolution catastrophique de juin 2024 et annoncer sa démission pour redonner un élan démocratique au pays. Les gouvernements successifs auraient pu baisser véritablement les dépenses publiques, diminuer les cotisations sociales et augmenter ainsi le salaire net des Français. Ils auraient pu confirmer la réforme des retraites, ne plus toutes les indexer, préparer l’avenir en organisant le financement de la retraite par capitalisation, et se projeter vers 2050, en songeant aux jeunes générations qui devront affronter le vieillissement démographique. Car c’est cela, la noblesse de la politique : assumer une vision de long terme, prendre des décisions exigeantes aujourd’hui pour éviter le désastre demain, porter la responsabilité de l’avenir plutôt que de gérer les émotions de l’instant. Agir sans procrastiner.
Faux-semblants. Ce qui s’est joué cette semaine incarne tout ce qu’il fallait éviter pour acheter du temps de survie politique au prix de la dette et du sacrifice des actifs et des jeunes.
Nous ne sortirons de cette impasse qu’en brisant ce système fait de faux-semblants, de promesses creuses, de communication permanente qui tient lieu de politique. Cela exige de reconstruire une vision, un projet, une méthode sur le « comment », une ambition collective fondée sur le travail, la responsabilité individuelle, la rigueur budgétaire et l’investissement dans les générations futures. Le temps n’est plus aux demi-mesures ni aux reports électoraux. Il est venu le temps de choisir entre la stabilité des places et l’avenir de la nation. Ainsi va la France.
Ne faisons pas de la laïcité un renoncement
La loi de 1905, véritable chef d’œuvre d’équilibre politique, célèbre ses 120 ans. Si le mot « laïcité » ne sera consacré que plus tard par les textes constitutionnels de 1946 et 1958, elle énonce des principes concrets – non-reconnaissance et non-subvention des cultes – et fait de la liberté son principe : liberté de l’État face aux Églises, liberté des consciences face à l’État, liberté des cultes dans le respect de l’ordre public. Une tribune de David Lisnard parue le 9 décembre 2025, jour d’anniversaire de la loi de 1905, sur Rupture-Mag.
Pourtant, cette loi de sagesse subit depuis quelques années un détournement systématique et la République fait face à une instrumentalisation de ce principe fondateur. Ce qu’Aristide Briand avait conçu pour pacifier les rapports entre l’État et les Églises sert désormais à nier ce que nous sommes, ce qui n’était pas son objet.
L’objectif initial de ce texte, après vingt-cinq ans d’affrontement, était clair : protéger la conscience de chacun en séparant les pouvoirs religieux et politiques. Il ne fut jamais question, dans l’esprit de Briand, de nier l’identité historique du peuple français, construite sur un socle judéo-chrétien. Et la neutralité de l’État ne devait pas se transformer en négation de cette réalité.
S’il refusait d’imposer une confession particulière, il refusait tout autant d’effacer quinze siècles d’histoire.
Car il faut le comprendre : la laïcité n’est pas une fin en soi mais un moyen au service de la liberté. Elle garantit que l’État ne dictera pas au citoyen ce qu’il doit croire. Elle le protège de l’emprise du pouvoir spirituel. Elle assure que personne ne sera contraint dans sa foi. Mais cette liberté ne surgit pas dans un vide civilisationnel. Elle suppose un cadre qui la rend possible et lui donne son sens.
Ce cadre, c’est précisément notre héritage judéo-chrétien. Celui-ci, en France, est lié à la pensée grecque et au droit romain, puis, d’une certaine façon, génère l’esprit des Lumières qui certes en contestera le magistère mais en consacrera les valeurs d’universalisme et de dignité de la personne humaine. C’est le christianisme qui, le premier, a distingué le spirituel du temporel. C’est lui qui participera culturellement à l’évènement de la notion d’un individu souverain, libre et responsable. La parole évangélique « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » a fondé la possibilité même d’une séparation des pouvoirs, développée plus tard par Saint-Augustin. Elle a créé l’espace conceptuel dans lequel la laïcité pouvait naître. Seul l’Occident chrétien a produit cette dualité qui permettra l’émergence d’un État laïc.
La laïcité française accomplit donc, après bien des siècles il est vrai, ce que le christianisme a rendu pensable : la possibilité pour l’individu d’être citoyen sans que sa foi privée ne détermine son statut public. Cette liberté de conscience s’enracine dans la conception chrétienne de la personne humaine, dotée d’une dignité inaliénable.
Prétendre que la laïcité exige d’oublier, voire de nier et même de combattre cet héritage, c’est scier la branche sur laquelle elle repose. C’est transformer un acquis civilisationnel en concept abstrait manipulable à merci au détriment de la nation française. Sans la reconnaissance de ce terreau historique, la laïcité devient une coquille vide que chacun peut remplir selon ses intérêts. Et c’est précisément ce qui se produit aujourd’hui.
Briand le savait. Durant les débats de 1905, il a dû combattre sur deux fronts. Contre les catholiques opposés à la séparation, certes. Mais aussi contre les anticléricaux extrémistes de son camp qui proclamaient « l’incompatibilité entre l’Église et tout régime républicain » et affirmaient que « tant que l’Église n’aura pas entièrement disparu, notre tâche ne sera pas achevée ».
Briand a tenu bon, refusé une loi « braquée sur l’Église comme un revolver », selon ses propres termes, et conclu les débats en rappelant que la majorité avait accordé aux catholiques « tout ce que raisonnablement pouvaient réclamer vos consciences : la justice et la liberté ».
Aujourd’hui, une double offensive converge pour détruire cet équilibre. D’un côté, l’idéologie woke issue du multiculturalisme anglo-saxon transforme la laïcité soit en instrument de discrimination soit en outil d’ « annulation » de l’héritage chrétien. De l’autre, l’islam politique la perçoit comme un obstacle à abattre. Les deux s’allient objectivement dans une même entreprise de démolition de l’universalisme républicain.
Dans les années 1990, des courants intellectuels inspirés par le multiculturalisme ont commencé à promouvoir une « laïcité de reconnaissance » qui remet en cause la frontière classique entre sphère privée des convictions et neutralité de l’espace public.
Ses promoteurs prétendent prolonger l’esprit libéral de la loi de 1905. Or, c’est une lecture anachronique et infidèle à l’intention originelle du législateur.
Briand défendait la liberté de conscience dans un cadre civilisationnel assumé, mais il n’a jamais demandé à la République de reconnaître publiquement toutes les revendications identitaires. Il n’a jamais transformé la neutralité de l’État en obligation positive d’accueillir et de légitimer dans l’espace public tous les codes culturels religieux ; il garantissait la liberté des cultes, pas un droit général à la reconnaissance identitaire.
Cette dérive multiculturaliste a ouvert la voie à des positions plus radicales encore. Le courant décolonial récuse aujourd’hui la laïcité, dans laquelle il voit une « expression du pouvoir blanc ». Il défend l’autonomie des groupes communautaires et leur droit à imposer leurs normes religieuses.
Le paradoxe est saisissant. Les mêmes qui s’offusquent d’une crèche sur un village de Noël au motif qu’elle violerait la neutralité de l’espace public restent silencieux face aux revendications islamistes les plus fanatiques. Cette laïcité à géométrie variable est une capitulation déguisée en tolérance. Elle frappe avec zèle les symboles de notre héritage et s’agenouille devant les offensives qui le contestent et servent objectivement l’islam politique.
Des groupements religieux se sont succédé pour structurer cette offre : le Tabligh d’abord, le mouvement des Frères musulmans ensuite, puis les groupes salafistes. Leur objectif est clair : immuniser les jeunes musulmans contre l’influence de l’école républicaine, empêcher ce qu’ils nomment « l’aliénation culturelle ». Autrement dit, empêcher l’intégration. Sans même parler de l’assimilation, hélas abandonnée depuis trop longtemps.
Selon le dernier sondage IFOP de novembre 2025, 38 % des musulmans de France approuvent désormais tout ou partie des positions islamistes, contre 19 % il y a trente ans.
Chez les musulmans de 15 à 24 ans, les chiffres sont plus éloquents encore : 59% pensent que la charia doit être appliquée en France, 57 % estiment que les règles religieuses doivent primer sur les lois de la République, 42 % se disent proches d’une « mouvance islamiste ».
Ces chiffres révèlent l’émergence d’une contre-société organisée selon des normes religieuses distinctes, voire opposées, à celles de notre nation.
Les idiots utiles de l’islamisme, qui utilisent la laïcité dévoyée pour légitimer cette balkanisation culturelle et religieuse au nom de l’inclusivité et de la lutte contre les discriminations, travaillent objectivement à la déconstruction de cette même laïcité. Tout comme les anti-cléricaux de 1905 voulaient détruire l’Église au nom de la République, ils entendent détruire la République au nom du multiculturalisme.
Le djihad judiciaire mobilise tribunaux et instances internationales pour attaquer les pouvoirs publics et intellectuels. L’islam politique utilise toutes les armes à sa disposition, en commençant par accuser d’islamophobe tout opposant, cherchant ainsi à faire taire toute critique en l’assimilant à du racisme et en accrochant une cible dans le dos de la personne incriminée.
Samuel Paty a été assassiné en 2020 non pas parce qu’il enseignait la neutralité, mais parce qu’il osait enseigner la liberté d’expression, cette valeur profondément ancrée dans notre conception judéo-chrétienne de la personne humaine. Dominique Bernard a été tué pour le même crime : avoir transmis, à travers la littérature française, une vision du monde que d’autres considéraient comme incompatible avec leurs convictions religieuses.
Ces morts exigent de nous clairvoyance et courage. La France n’est pas un marché où tous les projets civilisationnels se valent. Elle n’est pas une page blanche où chacun pourrait écrire son propre système de normes. C’est une nation avec une histoire, des fondations, une âme. Elle a le droit de les défendre. Elle en a le devoir.
L’universalisme républicain ne nie pas les différences. Il les rend possibles en les situant dans la sphère privée. Il protège les libertés individuelles contre l’emprise des groupes. Il garantit que personne ne sera assigné à une communauté, enfermé dans une identité, soumis à une autorité religieuse.
Assumer notre identité n’est donc pas trahir la laïcité. C’est la comprendre dans sa profondeur. La France laïque n’est pas une France amnésique. Elle est une nation qui accueille toutes les croyances à condition qu’elles acceptent ses fondements, qui ne sont pas négociables.
Le combat du XXIe siècle se joue ici. Entre une laïcité vivante qui assume l’héritage civilisationnel de la France et une laïcité dévoyée qui organise notre effacement. Entre un universalisme qui libère les individus et un communautarisme qui les asservit.
Cette bataille se gagnera par notre capacité à reprendre le terrain perdu. Chaque voile à l’université – qui n’a pas vocation à être un lieu de manifestation identitaire mais un sanctuaire de la raison et de l’émancipation –, chaque burkini sur nos plages, chaque refus de mixité dans nos piscines, chaque prière de rue est un étendard politique, souvent un pion avancé par les islamistes sur l’échiquier de notre espace public, et toujours un renoncement de la République française.
L’absence de tout signe religieux ostensible doit prévaloir partout où la République instruit, juge ou administre.
Ces mesures visent à protéger la liberté de conscience contre les assignations identitaires. Elles défendent l’espace commun contre la fragmentation communautaire. Elles accomplissent ce que Briand voulait : permettre à chacun de vivre sa foi dans la sphère privée sans que celle-ci ne détermine son statut dans l’espace public.
Cent vingt ans après, nous devons faire ce qu’il a fait : combattre sur deux fronts. Refuser l’offensive islamiste qui veut soumettre la République à la charia. Refuser l’offensive woke qui veut dissoudre notre identité dans le multiculturalisme. Dénoncer les idiots utiles qui, par lâcheté ou par calcul, ouvrent les portes aux deux.
Résister à ces nouveaux empires idéologiques, c’est assumer pleinement ce que nous sommes comme Français, précisément dans l’esprit républicain, c’est-à-dire quelles que soient nos origines et nos éventuelles croyances religieuses. Sans cette double fidélité à la liberté individuelle et à l’identité nationale héritée, il ne restera bientôt plus rien à défendre. Ni République, ni civilisation, ni nation. Seulement un espace vide offert à ceux qui n’ont jamais renoncé à le conquérir.
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David Lisnard face à la crise du logement : « Il est temps de briser cette spirale infernale ! »
David Lisnard juge que les attaques d’un État trop centralisateur sur la propriété sont la première cause d’une crise sociale et humaine de grande ampleur. Une interview accordée au Figaro.
LE FIGARO. – Une femme de 66 ans est décédée à Piriac-sur-Mer après avoir passé six nuits avec son mari dans leur voiture, faute de logement…
Au-delà de l’émotion ressentie, malheureusement je n’ai pas été surpris. J’avais évoqué, récemment, la réalité de compatriotes y compris salariés qui vivent dans leur voiture. Nous sommes plusieurs à répéter depuis des années que cette crise du logement serait la plus grande crise sociale et humaine que nous aurions à affronter. Nous y sommes. Et cette crise, elle n’est pas terminée puisque les gouvernants persistent dans l’amplification des causes de cet effondrement.
Cette crise du logement, qui est aussi une réalité européenne, est-elle une fatalité en France ?
Le sujet est très compliqué mais il n’y a jamais de fatalité. C’est une fatalité si l’on continue de refuser de regarder la réalité : les besoins de logement augmentent. Explosion des ménages, accélération des divorces… Toutes les études le disent. Rien que sur le neuf, il faudrait 30% de logements en plus d’ici dix ans alors que nous souffrons de 30% en moins. Il faut absolument sortir du diagnostic erroné des technocrates qui ont pensé que la stagnation démographique entraînerait moins de besoins. Dans une grande mesure, la crise du pouvoir d’achat est aussi la conséquence de la crise du logement, sachant que l’autre cause réside dans les prélèvements obligatoires excessifs. Le coût du logement, qui est une dépense contrainte, représente 32% des revenus du ménage, contre 16% il y a vingt ans.
À qui la faute ?
À l’incompétence.
Comment sortir de cette spirale ?
Pour en sortir, nos dirigeants doivent d’abord accepter le bon diagnostic. Il est temps de briser cette spirale infernale, amorcée il y a trente ans et accentuée depuis dix ans. Nous avons tari l’offre tout en pénalisant la capacité de la demande sur un besoin pourtant vital de l’être humain : un toit. Il faut absolument libérer le marché, lui permettre de redevenir la base de la production de logements pour les classes moyennes, puis permettre au logement social de vivre. Cette crise aiguë est aussi la conséquence des attaques répétées sur la propriété.
Pourquoi ?
Car la France ne compte que 54% de propriétaires contre la moyenne européenne à 70%. Pour augmenter le nombre de locataires ayant accès à des appartements, il faut que des propriétaires aient la possibilité de mettre leurs biens en locatif. Or, nous avons surtaxé le logement. Sans même parler des squatteurs qui ont souvent plus de droits que les propriétaires. En 2017, Emmanuel Macron avait parlé d’un choc de l’offre mais en réalité le choc s’est inversé. Nous sommes passés de 500.000 logements neufs à 300.000. C’est une catastrophe engendrée par plusieurs facteurs : raréfaction du foncier via la loi ZAN (Zéro artificialisation nette), complexification des procédures locatives, diagnostics de performances énergétiques empêchant 7 millions de logements d’être loués en résidences principales, impôt sur la fortune immobilière…
J’avais posé tout cela par écrit dès 2018. Emmanuel Macron considérait que l’immobilier n’était pas l’économie réelle alors que chacun sait que ce secteur est l’un des principaux moteurs de l’emploi et de la création de valeur, puisque 440.000 entreprises et de nombreux corps de métiers en dépendent. «Quand le bâtiment va, tout va»… Le vieil adage n’était pas si idiot. Par sa fiscalité et ses contraintes, le «en même temps» macroniste a tué l’offre de logements tout en étouffant la demande, avec des restrictions sur les crédits immobiliers depuis 2020, des prêts à taux zéro non abondés ou encore des restrictions sur les aides personnalisées au logement (APL) qui ont privé les bailleurs sociaux de capacité d’autofinancement.
Comment expliquez-vous la surdité de l’État aux alertes, notamment celles des maires de France ?
François Baroin, André Laignel, tous les vice-présidents de l’AMF et moi-même avions lancé l’alerte dès 2017 ! Mais notre pays a subi une recentralisation de la politique du logement, alors qu’une expérience conduite en Bretagne, beaucoup plus pertinente que les zonages de Bercy, a montré une augmentation des permis de construire quand cette politique est conduite par les collectivités locales. En réalité, l’État est centralisateur et croit avoir la science infuse. Mais ses attaques sur la propriété sont une réalité structurelle. On a tellement voulu protéger le locataire qu’on a fini par le fragiliser en montant les exigences des loueurs. Toutes les causes de la situation actuelle sont documentées : fiscalité, bureaucratie, autorisations préalables, code de l’urbanisme abscons, raréfaction des crédits…
Quid des effets pervers de la spéculation immobilière ?
Elle est la conséquence d’un excès de réglementation et n’est que le fruit de la rareté ! Nous l’avions d’ailleurs annoncée car par nature, ce qui est désiré devient rare et entraîne, mécaniquement, une augmentation des prix.
À la veille des municipales, quelles sont les marges de manœuvre des maires sur le sujet ?
Le logement est une politique nationale et l’hébergement d’urgence est strictement une compétence de l’État. Une décentralisation de ces compétences n’aurait de sens que si elle s’accompagnait de moyens. Sinon, l’État se défausserait simplement de ses responsabilités. La France est le pays disposant le plus d’aides au logement (40 milliards d’euros) en prélevant la plus forte fiscalité immobilière (90 milliards). Ce système centralisé est totalement inefficace. Il est donc urgent que l’action publique redevienne une politique de subsidiarité, concrète, pratique et simple pour aider les gens en difficulté auxquels l’État ne peut pas répondre.
Hélas, tout est inversé ! Quelque 75% de la population française sont éligibles aux logements sociaux et l’on n’a jamais produit aussi peu de logements neufs. C’est absurde. En tant que maire de Cannes, si je signe des logements pour résidences principales, je détériore mon ratio de logements sociaux et je paye davantage de pénalités. Donc, je n’ai intérêt qu’à signer du social, ce qui consiste à tuer le marché en amplifiant le goulot d’étranglement de manière particulièrement pernicieuse.
Vous président, quelles décisions concrètes prendriez-vous dès 2027 ?
J’allégerais la réglementation et je baisserais la fiscalité sur le revenu du locatif en résidence principale. Ensuite, je remettrais en cause les lois «SRU», «Alur», «Climat» et «Résilience» et je permettrais la relance de la construction en créant un bonus à la densification et un malus à l’étalement urbain. Je faciliterais aussi l’expulsion des squatteurs et je supprimerais le DPE. Je libérerais le foncier public, notamment celui de l’État. Et je simplifierais totalement le droit de l’urbanisme. Je réformerais enfin le logement social en permettant aux maires d’exclure les familles de délinquants avérés et récidivistes.
Vous risquez d’être accusé de défendre une vision très «libérale» du logement…
Je le prendrais comme un compliment mais c’est surtout une vision très réaliste, volontariste, pragmatique et sans idéologie.
Les 15 mois qui nous séparent de la présidentielle peuvent-ils être un temps utile pour relancer le logement ?
Il est toujours possible d’y croire mais cela me semble très compliqué dans le cadre actuel, parce qu’il faut tout revoir. C’est pour cela, entre autres, que je défends l’idée d’une présidentielle anticipée. Afin de pouvoir agir pour amorcer un nouveau cycle positif. Sans attendre.
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« Le discours écologiste devient un épouvantail à action environnementale »
ENTRETIEN – Pour David Lisnard, l’écologie punitive est contre-productive. Et de redire la nécessité de laisser le pouvoir d’agir à l’élu de proximité, en hiérarchisant les interventions à l’échelle nationale.
LA TRIBUNE DIMANCHE — Le mandat de maire est celui de la qualité de la vie, dites-vous… Que recouvre la « qualité de vie » ?
DAVID LISNARD — Le mandat de maire n’est pas que celui de la qualité de la vie, mais c’est avant tout celui de la qualité de la vie. C’est la maîtrise, la bonne tenue de l’espace public. Qu’il soit propre, sûr. C’est la bonne capacité de déplacement, faire en sorte que l’on puisse toujours y venir en voiture, tout en laissant la place au piéton, tout en développant le vélo et les transports publics. C’est donc de l’aménagement urbain.
Cela comprend l’accessibilité aux soins, la défense de l’environnement, la protection de la nature, la qualité de l’air. C’est aussi la solidarité locale. C’est nous, les maires qui recousons le tissu social, tous les jours. C’est, évidemment, créer un environnement positif pour l’activité économique, pour les entreprises qui créent de la richesse. Cela comprend également le développement d’une identité locale, des marques territoriales, ces entités connectées à un marché.
Le sondage IFOP, publié la semaine dernière dans La Tribune Dimanche, souligne que le climat est la dernière préoccupation des citoyens. Cela vous étonne-t-il ?
Dans mon action locale, en tant que maire de Cannes, cela reste une priorité très concrète. S’il y a eu un déclassement de ce centre d’intérêt, c’est pour deux raisons. D’abord, d’autres problématiques apparaissent de façon plus aiguë, comme la sécurité. Le déclassement de la France sécuritaire, économique, social, éducatif, démographique apparaît plus fort. Ensuite, malheureusement, la problématique climatique – et ce n’est pas faute de le dire est souvent défendue par des idéologues qui font des leçons de morale. Donc, ça énerve et ça éloigne du combat. Auparavant, on le théorisait moins, mais on parlait tout autant de l’environnement – certes, en n’employant pas les mêmes mots, mais nous étions attentifs aux problématiques du quotidien, au sort des dauphins, au goudron sur les plages… Le thème n’est pas apparu dernièrement.
Vous êtes assez remonté contre certaines mesures qui, selon vous, n’interviennent pas au bon moment…
Faire apparaître le combat environnemental comme une somme de mesures liberticides au détriment des plus modestes, comme la ZFE en est l’un des symboles, ou la Zéro Artificialisation Nette, est contreproductif. C’est également le cas du DPE, ce diagnostic de performance énergétique mis en place au moment même où les Français n’ont jamais autant eu de difficulté à se loger… Défendre la planète, par exemple, c’est sortir 40 % du parc des logements de Paris de la possibilité de louer ? Laisser en plan des propriétaires qui ne peuvent procéder aux travaux ? Comment cela peut-il rendre la cause populaire ? Bien sûr que nous sommes tous partie prenante de l’avenir de la planète ! Mais le discours écologiste devient un épouvantail à action environnementale. C’est tout le paradoxe.
Quelle serait la bonne méthode ?
Il faut hiérarchiser les choses, autrement on tombe dans un puritanisme écologique qui fait beaucoup de mal et ne sert à rien. Il faut ramener ces grands objectifs à des grandes politiques internationales, nationales et locales. Et, en matière énergétique, cela ne peut pas se régler au plan local, il doit y avoir une structure énergétique nationale, électrique. Il faut une colonne vertébrale unique qui soit pilotable, puissante, bon marché et décarbonée. Et cela, c’est le nucléaire et l’hydro-électrique.
L’amendement récemment voté qui taxe les plateformes touristiques comme Airbnb pour financer le fonds d’érosion côtier, cela vous paraît-il une bonne idée ?
Il y a un enjeu colossal sur le recul du trait de côte, puisque, avec le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, Ndlr), nous évaluons les besoins en financement, sur les sept décennies, à 100 milliards d’euros. On le voit dans certains régions atlantiques, méditerranées, aussi, un peu, en outre-mer… Ce qui est très troublant c’est que, jusqu’à maintenant, l’entretien des digues fluviales, la lutte contre les inondations, le recul du trait de côte n’étaient pas précisément définis dans l’action publique, mais apparaissaient en aménagement du territoire. Nous nous retrouvons désormais avec la responsabilité de cela sans décentralisation : on nous transfère des missions sans financements, ou alors très réduits.
Faut-il donc taxer les plateformes ?
Il faut bien qu’il y ait un fonds national, cela ne peut pas être à la seule charge des communes exposées. C’est insoutenable, d’autant que c’est là que l’on concentre le maximum de population. La nouvelle martingale, après celle de la TVA pendant dix ans, est celle de la taxe de séjour. Pourquoi ne pas faire participer le consommateur touristique à l’aménagement touristique ? Le système est plutôt pertinent. Mais, dans le contexte actuel de sur-fiscalité et en l’absence de remise en cause de l’architecture des pouvoirs publics, cela apparaît comme un impôt supplémentaire.
Retrouvez cette interview sur le site de La Tribune en cliquant ici.
« Si la présidence de la République voulait se caricaturer en ministère de la vérité, elle ne s’y prendrait pas mieux »
Pour David Lisnard, la volonté d’Emmanuel Macron de labelliser la liberté d’expression touche au socle de notre démocratie. Une tribune parue dans le Figaro.
La liberté d’être informé est consubstantielle de la démocratie. Cette liberté est menacée et même attaquée par les effets de meute, amplifiés par l’opacité algorithmique, les ingérences extérieures, les fausses nouvelles. Le président de la République, comme tant d’autres, a raison de soulever le problème mais ce qu’il propose est pire que le mal, car immanquablement liberticide. En démocratie, nul ne peut avoir le monopole de décréter la vérité. La liberté d’expression n’est pas une clause accessoire de nos institutions. Elle n’est pas un supplément d’âme pour temps de confort. Elle est l’axe autour duquel tourne toute société civilisée et libérale, parce qu’elle seule permet au vrai et au faux de se confronter sans violence, à la raison de surgir du débat et non de la contrainte, à l’individu d’exister comme être libre et responsable.
C’est pourquoi les mots du président de la République sur la possible création d’un label distinguant les bons médias des autres ne relèvent pas d’un gadget technocratique. Ils touchent au socle. Une démocratie ne tient pas par des filtres préalables, mais par la maturité de son peuple, la rigueur de son droit et la dignité de ses représentants. La publication sur X de l’Élysée, proposant un montage grossier pour dénigrer ceux qui contestent sa parole, est indigne. Si la présidence de la République voulait se caricaturer en ministère de la vérité, elle ne s’y prendrait pas autrement. Derrière ce vocabulaire lisse de labellisation se glisse une vision dangereuse du rôle de l’État, qui n’est pas de désigner ceux qui choisissent les paroles autorisées, mais de protéger l’espace où elles se confrontent.
Cette tentation n’est pas nouvelle : l’histoire abonde de pouvoirs persuadés de détenir le sens. Galilée fut condamné parce que les pouvoirs de son époque refusaient qu’une vérité nouvelle puisse contredire un ordre établi. Non parce qu’il avait tort, mais parce qu’une autorité avait décidé qu’elle seule disait le vrai. Le vrai n’a jamais besoin de censeurs. Il a besoin de contradiction. Le faux ne se combat pas par le monopole, mais par l’intelligence. Le pluralisme est une force précisément parce qu’il induit que des idées étranges, minoritaires, iconoclastes, puissent surgir. L’uniformité ne produit que stagnation et servitude.
Le droit existe, il doit être appliqué
Année après année, les déclarations d’Emmanuel Macron révèlent une pente malsaine qui confond ordre et contrôle, responsabilité et permission. Sa conception des médias et des réseaux sociaux nous ferait glisser d’un régime républicain fondé sur la liberté vers une société d’autorisations administratives, multipliant filtres, normes, suspects. Une telle dérive n’est ni moderne ni protectrice. Elle constitue une régression.
Comment dès lors adapter notre démocratie aux attaques de notre époque sur l’information ? Nul ne conteste la réalité des ingérences étrangères, des manipulations automatisées, des rumeurs virales qui troublent l’esprit public. Mais, dans une nation libre, les remèdes doivent être à la hauteur des principes. La loi de 1881 offre un cadre clair et pertinent. Elle permet de sanctionner, rapidement et fermement, la diffamation, le racisme, l’atteinte à l’ordre public. Le droit existe. Il doit être appliqué. Ce qu’il ne faut surtout pas, c’est remplacer la responsabilité par l’autorisation préalable, inviter une instance agréée par le pouvoir à distribuer les certificats de bonne pensée, à distinguer les voix légitimes et les voix suspectes.
Face au tumulte des rumeurs et aux manipulations, il convient de renforcer une justice rapide et rigoureuse, dotée de moyens réels. Surtout, les solutions passent par un travail patient et massif de formation de l’esprit, par la lecture, la culture, l’apprentissage du jugement. La raison critique doit être enseignée dès le plus jeune âge. Il est nécessaire aussi de garantir une transparence algorithmique minimale, avec la publication d’indicateurs clés nécessaires à la transparence du marché, de sanctionner réellement, mais uniquement, les comportements illicites, d’identifier ce qui est produit par l’IA et porte atteinte à la réputation des individus, dans une logique de respect des droits de propriété et à l’image.
Nous n’avons pas besoin d’un label de vérité. Nous n’avons pas besoin non plus que l’État remette de « la hiérarchie dans l’espace public », pour reprendre les mots délétères du président de la République. Nous avons besoin d’un pays qui croit encore à la liberté de penser, de dire, de contredire. Nous avons besoin de citoyens debout, non de sujets triés par degrés de respectabilité médiatique. Aussi improbable que cela ait pu être imaginé, nous voici désormais au seuil d’alerte qui nécessite toute notre vigilance, notre combativité et notre vigueur démocratique. Le pluralisme de l’expression constitue la première condition pour qu’une information crédible et de qualité puisse vivre. C’est aussi le premier rempart contre les dérives du pouvoir. La liberté n’a pas à être autorisée. Nous nous battrons sans limite pour elle.
« La liberté, c’est le pluralisme »
Lors de son intervention sur Europe 1, David Lisnard a rappelé une vérité essentielle pour toute démocratie vivante : la liberté n’a pas à se justifier. C’est toujours la restriction de la liberté qui doit être strictement motivée, mesurée et provisoire.
Face à l’idée d’un « label de confiance » appliqué aux médias, le président de Nouvelle Énergie a souligné que la bonne information ne naît ni d’une labellisation par l’État ni d’une vérité officielle confiée à des experts autoproclamés. La démocratie repose au contraire sur le pluralisme, la pluralité des opinions, la confrontation des idées et la capacité de chacun à exercer son esprit critique.
« On ne naît pas politique, on le devient », rappelle-t-il, insistant sur la nécessité d’apprendre dès le plus jeune âge à raisonner, différencier, analyser. Ce n’est pas par la centralisation ou par un contrôle préalable des contenus que l’on lutte contre les dérives informationnelles, mais en renforçant la culture, l’éducation et la liberté de débattre.
À chaque nouvelle mesure proposée, une démocratie solide devrait d’abord se poser une question simple : est-elle liberticide ?
Chez Nouvelle Énergie, la réponse est constante : défendre la liberté passe avant tout par la confiance dans les citoyens, le pluralisme des voix et la clarté du débat public.
Standardisation du langage, régression démocratique
« Quand tout le monde emploie les mêmes formules préfabriquées, les mêmes éléments de langage, les mêmes expressions toutes faites, personne ne pense plus vraiment. On récite. On répète. On reproduit. La diversité des opinions s’efface au profit d’une doxa molle, faite de lieux communs et de prêt-à-penser » Retrouvez la chronique de David Lisnard pour l’Opinion.
Ces dernières semaines, un nouveau vocable ingrat a fait son apparition dans le monde politico-médiatique : le « bougé ». Il indique un mouvement de compromis, il fut usité notamment pour nommer en termes politiquement corrects la scandaleuse renonciation à la réforme des retraites. Le mot n’existait pas jusque-là en dehors du lexique de la photographie (dans lequel il exprime, non sans ironie, un mouvement de flou), mais il s’est imposé quelques jours durant comme un mantra technocratique, repris par plusieurs futurs-ex-ministres.
Son usage devrait rester éphémère. Demain viendra un autre terme, aussi lourd que creux, et chacun s’empressera de le répéter. Ainsi naît la novlangue, dans les cellules de communication ministérielles, dans les cabinets de consultants, dans les studios de chaînes d’information en continu, sur les fils des réseaux sociaux.
Saturation. Nous pourrions multiplier les exemples à l’infini. L’espace de quelques jours, des mots saturent les ondes et les éléments de langage, comme ces dernières semaines, le si trompeur « stabilité ». Des expressions ou mots anciens, rares ou impropres deviennent omniprésents dans le langage des politiques, des journalistes et des commentateurs, tel l’inattendu et pénible « dinguerie », le lassant « trou dans la raquette », le discriminant « boomer », l’exaspérant « en responsabilité », le suremployé « résilience » ou encore le pompeux « paradigme », qu’il faut naturellement changer. Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre…
A cette uniformisation s’ajoute la mécanique de l’intelligence artificielle. Voyez le long tiret, dit tiret cadratin — ce long trait horizontal oublié des typographes et des claviers, remis au goût du jour par ChatGPT, et désormais utilisé à toutes les sauces. On peut certes se réjouir de la renaissance de cet outil de ponctuation pertinent et élégant. Mais à force de proliférer, il devient une béquille, et ceux qui l’utilisaient auparavant redoutent désormais de le faire, pour ne pas laisser croire que leur composition provient de l’IA.
Nous assistons ainsi à une standardisation linguistique et stylistique aussi redoutable qu’elle passe inaperçue. Derrière la pauvreté lexicale, c’est la pensée qui s’amenuise. Des mots uniformisés produisent des raisonnements standardisés. Des formules mécaniques engendrent des réflexes pavloviens. La logique des plateformes numériques conduit à un monde où le langage n’est plus un instrument de liberté, mais un flux automatisé. L’algorithme récompense la répétition, la banalité. On croit s’informer, on ne fait qu’ingurgiter des mots prémâchés.
1984. Certes, chaque époque a connu ses tics verbaux. Les salons du XVIIIe avaient leurs modes, les journaux du XIXe leurs clichés. Flaubert en a tiré un délicieux Dictionnaire des idées reçues. Mais la différence est que l’algorithme amplifie aujourd’hui cette uniformité, la propulse à l’échelle planétaire, et la diffuse en temps réel. Là où il fallait jadis des années pour que les expressions passent d’une province à l’autre, il suffit maintenant de quelques heures pour qu’un néologisme creux de communicant se répande dans tout le pays.
Orwell l’avait compris en inventant le concept de novlangue dans 1984. Réduire le vocabulaire, c’est réduire les idées pensables. Quand tout le monde emploie les mêmes formules préfabriquées, les mêmes éléments de langage, les mêmes expressions toutes faites, personne ne pense plus vraiment. On récite. On répète. On reproduit. La diversité des opinions s’efface au profit d’une doxa molle, faite de lieux communs et de prêt-à-penser dicté par une caste médiatique ou technocratique qui donne le la.
Que faire ? Il ne s’agit pas de plaider pour un purisme nostalgique, ni de jouer les gendarmes du dictionnaire. La langue vit, c’est très heureux. Mais si nous voulons rester libres, il nous faut préserver des mots différents pour penser différemment. C’est un enjeu esthétique certes, mais aussi culturel et politique.
Altérité. Trois directions se dessinent. La première consiste à redonner toute sa place à l’instruction : remettre la lecture au centre absolu, non comme une corvée mais comme une ouverture. Lire, c’est agrandir son horizon lexical, c’est apprendre à nommer avec précision, à goûter la justesse d’une phrase bien construite, à retrouver la liberté d’exprimer une nuance. La rhétorique, jadis considérée comme un art suranné, devrait redevenir une discipline obligatoire, car elle forme l’esprit démocratique.
La deuxième passe par la culture. Les bibliothèques et les théâtres sont les antidotes naturels à la standardisation. On y découvre d’autres manières de dire, voir et penser, y compris contre soi-même. On s’y affranchit des formules imposées par les flux médiatiques. Trente minutes avec Homère ou Balzac vous lavent des banalités lues et entendues à flux tendus. Il convient de réinvestir ces lieux de liberté, les animer, les rendre à nouveau désirables, afin que chacun puisse y trouver un chemin vers la diversité des mots et des idées. Pas de liberté sans altérité.
La troisième concerne la technologie. L’IA est un merveilleux instrument de savoir et de découverte. Encore faut-il encourager des modèles entraînés sur la richesse des langues et des cultures, et non sur les tics du moment. Cela n’adviendra ni par des législations, ni par des vœux pieux. Puisque nous avons un esprit français à défendre et promouvoir, nous avons besoin de faire en sorte que nos meilleurs esprits soient influents et décisionnaires dans ces secteurs qui vont dessiner le futur de l’humanité. Cela passe par la formation d’ingénieurs, par l’attractivité des infrastructures, par la qualité de vie, par des politiques fiscales qui ne poussent pas talents et capitaux à fuir le pays.
Avant-garde. La démocratie ne se réduit pas à des institutions, elle repose sur des mots. Quand le vocabulaire se réduit, les horizons se ferment. Quand la pensée se standardise, la liberté s’étiole. Préserver la variété des formes et des propos, c’est préserver la possibilité de penser autrement, donc de contester, donc de vivre en citoyens libres.
Le combat est d’avant-garde, pour que nos futurs petits-enfants puissent toujours, dans vingt ans, exprimer une pensée complexe avec précision, lire un éditorial sans avoir l’impression de relire le précédent, entendre un discours politique sans reconnaître mot pour mot celui de la veille. La standardisation linguistique n’est pas une fatalité technologique. La langue française n’appartient ni aux algorithmes californiens ou chinois, ni aux technocrates paresseux, ni aux communicants pressés. Elle appartient à tous ceux qui la parlent, l’écrivent, la transmettent, notamment par des livres dont il faut imposer la pertinence et la modernité dans la bataille des intelligences et la compétition stimulante des neurones. La défense de notre langue et de la liberté de penser doit être notre combat total. Ainsi va la France.
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Vive la liberté !
Mardi 25 novembre, David Lisnard est intervenu au Dôme de Paris lors de la soirée “Face à vous”, organisée par le JDD et diffusée en direct. Face à Jules Torres, il a échangé longuement sur les municipales, l’action publique et les blocages auxquels les maires sont confrontés au quotidien.
Évoquant les réalités auxquelles tous les maires font face jour après jour, David Lisnard a décrit une dégradation inquiétante de la sécurité : des individus en situation irrégulière sous OQTF, souvent drogués, parfois au protoxyde d’azote, provoquant des drames qui se répètent. Il a rappelé plusieurs faits graves survenus récemment dans l’agglomération cannoise, estimant que la plupart pourraient être évités si les décisions étaient exécutées et si l’État se concentrait sur ses missions essentielles.
Pour lui, cette dérive témoigne d’une défaillance devenue structurelle. Plus l’État étend son emprise à des domaines qui ne relèvent pas de lui, moins il remplit correctement ses fonctions régaliennes. Il a résumé cette conviction par une formule qui a marqué la soirée : plus l’État s’occupe de tout, moins il est bon dans ce pourquoi il existe.
David Lisnard a ensuite dressé un constat précis de la situation dans les mairies. L’action locale est désormais paralysée par une inflation normative et procédurale sans précédent. Construire une école, aménager une infrastructure, installer une remontée mécanique ou réaliser un projet simple exige aujourd’hui des années d’études, de validations, d’avis contradictoires, de sigles incompréhensibles et de règles qui se superposent sans cohérence. Il a illustré cette absurdité par plusieurs exemples concrets, montrant comment la technocratie a pris le pas sur le bon sens et l’efficacité.
Face à ce « carcan administratif », David Lisnard a réaffirmé que la liberté locale est l’une des solutions majeures aux blocages du pays. Redonner de la liberté d’urbanisme, de gestion, d’organisation, appliquer réellement la subsidiarité et permettre aux communes d’agir rapidement lorsqu’elles en ont la capacité : telle est, selon lui, la condition pour restaurer l’efficacité publique.
Son intervention au Dôme de Paris s’inscrit dans la démarche portée par Nouvelle Énergie, qui place la liberté, la responsabilité et l’action au cœur de son projet. Pour David Lisnard, renouer avec la liberté locale et libérer l’initiative sont des conditions indispensables pour que le pays retrouve sa capacité d’agir et de protéger efficacement.
« Cotiser moins pour gagner plus »
Invité de David Pujadas sur LCI le 25 novembre 2025, David Lisnard a rappelé la ligne directrice du projet libéral porté par Nouvelle Énergie : pour redresser la France, il faut libérer le travail, encourager l’investissement et créer de la richesse plutôt que d’alourdir les prélèvements et la bureaucratie. Selon lui, la priorité est claire : rendre le travail plus attractif en réduisant les charges. « Cotiser moins pour gagner plus » résume cette ambition.
David Lisnard dénonce un modèle social devenu trop coûteux, inefficace et pénalisant pour ceux qui travaillent et entreprennent. Baisser durablement les charges et réduire l’écart entre salaire brut et salaire net est, selon lui, la seule manière d’améliorer réellement le pouvoir d’achat, de relancer l’embauche et d’attirer l’investissement productif en France.
Il revendique une vision libérale assumée, qu’il oppose à deux impasses politiques. L’extrême gauche, qu’il qualifie de néo-fasciste en raison de son radicalisme autoritaire et de sa remise en cause de la démocratie. Et le Rassemblement National, dont il critique l’étatisme économique, les propositions fiscales contre l’épargne et l’absence de vision productive, qu’il juge contraires aux intérêts des classes moyennes.
Pour David Lisnard, la véritable alternative passe par plus de liberté économique, une autorité républicaine restaurée, une école refondée, un État recentré sur ses missions essentielles et un choc de productivité rendu possible par la baisse de la dépense publique.
Avec Nouvelle Énergie, David Lisnard entend proposer en vue de 2027 une offre politique claire et cohérente fondée sur le travail, la responsabilité, la liberté et l’efficacité. Une voie pour rassembler ceux qui refusent les impasses des extrêmes et veulent reconstruire un modèle de prospérité moderne, compétitif et durable.
Ceux qui se reconnaissent dans ces principes : libérer le travail, récompenser l’effort, restaurer l’autorité républicaine et redonner à la France les moyens de produire et d’innover, sont invités à rejoindre Nouvelle Énergie et à participer à la construction de cette alternative ambitieuse.