David Lisnard, la liberté comme boussole

Dans un podcast politique publié par ICI Azur, David Lisnard se dévoile un peu plus que d’habitude. Derrière le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF), se dessine un itinéraire et une ligne politique cohérente, une même exigence de responsabilité, née du terrain, du travail, et d’une défiance assumée envers le conformisme.

le 17 décembre 2025
ICI AZUR PODCAST

Un parcours de liberté, loin des chemins balisés

Né à Limoges, élevé entre sport, culture et petit commerce, David Lisnard revendique une formation par la vie, les jobs étudiants, le commerce familial, l’expérience de l’entrepreneuriat, et aussi la fragilité réelle de l’entreprise, quand tout peut partir dans une spirale. Cette trajectoire explique une vision très concrète de l’action publique, une mairie, dit il, c’est H24, un mandat est une gravité, pas une célébration.

Cette culture de l’effort et du réel irrigue aussi son rapport à la politique. « Mon seul mot en isme, c’est le réalisme. » Une phrase qui résume une méthode, partir des faits, et refuser les slogans.

Moins de bureaucratie, plus de responsabilité

Au cœur de l’entretien, une conviction revient avec insistance, la France s’est enfermée dans l’excès de normes et la multiplication des procédures. David Lisnard ne conteste pas le principe des règles, mais dénonce leur empilement, leurs contradictions et leur coût, financier, social, et démocratique.

Il cite l’exemple emblématique de la réutilisation des eaux usées traitées, dossiers, autorisations, années de procédure, au point que la France, pourtant pionnière technologique, se retrouve distancée par des pays appliquant des normes strictes mais des contrôles plus simples, souvent a posteriori. Pour lui, l’enjeu est clair, remplacer une logique d’entrave préalable par une logique de responsabilité et de sanction en cas de fraude.

Contre le conformisme étatiste

L’échange prend un ton plus personnel lorsque la musique surgit, punk, Clash, Sex Pistols, Beastie Boys. Loin d’une anecdote, c’est un marqueur politique. David Lisnard y voit le refus du prêt à penser et du conformisme, y compris dans la vie publique.

Ce qu’il combat c’est le réflexe devenu automatique face à chaque problème, créer une taxe, une aide, une nouvelle couche administrative. Une mécanique qui traverse, selon lui, tout le spectre politique, de l’extrême gauche jusqu’au RN, en passant par les partis traditionnels. C’est précisément ce constat qui fonde Nouvelle Énergie, sortir du réflexe étatiste et redonner de l’air à la société.

Liberté pour ceux qui produisent, autorité contre ceux qui nuisent

David Lisnard assume le grand écart qu’on lui reproche parfois, et le formule en une doctrine simple, « plus de libertés pour ceux qui produisent, plus d’autorité contre ceux qui nuisent. » Une ligne qui vise autant la relance économique que l’efficacité de l’État, moins d’entraves pour les honnêtes, davantage de fermeté envers les fraudeurs, les tricheurs, les délinquants.

Cette vision s’accompagne d’une priorité constante, l’éducation, l’instruction, la culture, pour que chacun soit propriétaire de sa vie, et pour réarmer l’égalité des chances.

Une ambition, peser dans le débat national

Sur la présidentielle, David Lisnard assume une stratégie de clarté, dans la Ve République, l’échéance structure tout. Il dit se préparer, et veut remettre dans le débat des thèmes qu’il juge décisifs, responsabilité plutôt que précaution paralysante, liberté scolaire, capitalisation des retraites, simplification radicale de l’action publique.

Son moteur, affirme t il en conclusion, tient en trois mots, ses enfants, la jeunesse, la France. Avec une même idée en filigrane, la France a un atout majeur au XXIᵉ siècle, sa créativité, et elle ne peut l’exprimer pleinement qu’en se libérant d’une bureaucratie devenue, selon lui, un frein à la prospérité comme aux libertés.

Libéralisme, prospérité et autorité : remettre la France sur ses pieds

Invité de Punchline sur CNEWS et Europe 1, David Lisnard a livré une analyse sans détour des maux français et des impasses politiques actuelles. Agriculture, libre-échange, narcotrafic, immigration illégale, derrière la diversité des sujets, un même fil conducteur apparaît clairement : la nécessité de restaurer la liberté économique, la prospérité et l’autorité de l’État.

le 17 décembre 2025
2CNEWS

Sur le libéralisme, David Lisnard assume une ligne pragmatique et décomplexée. Le libre-échange n’est pas un dogme mais un contrat : il suppose des règles équitables. Refuser certaines pratiques aux producteurs français tout en autorisant l’importation de produits étrangers ne respectant pas ces normes constitue une distorsion de concurrence, à l’opposé même du libéralisme. Le débat sur le Mercosur révèle surtout la faiblesse française au sein de l’Union européenne, là où d’autres pays savent défendre efficacement leurs intérêts stratégiques.

Cette perte de puissance s’explique par un système trop administré, trop fiscalisé, qui étouffe ceux qui produisent. Agriculteurs, entrepreneurs, créateurs de richesse subissent un modèle à bout de souffle. Pour David Lisnard, la nouvelle prospérité passe par un allègement massif des normes, la fin de la surtransposition européenne et la reconnaissance pleine et entière des agriculteurs comme chefs d’entreprise.

Même logique sur le terrain de la sécurité et du narcotrafic. Les opérations ponctuelles et les annonces martiales ne suffisent pas. Le combat doit être mené méthodiquement, sur toute la chaîne : production, logistique, blanchiment, livraison, consommation. Comme pour l’excès de vitesse, la sanction doit être certaine et dissuasive. Sans autorité réelle, il n’y a ni sécurité ni liberté.

Enfin, l’exemple des OQTF résume l’absurdité d’un État qui se contredit lui-même : imposer à un maire de marier une personne sous obligation de quitter le territoire revient à conforter le droit de l’illégal. Cette incohérence alimente la colère des élus comme des citoyens.

À travers ces constats, David Lisnard porte avec Nouvelle Énergie un projet clair : plus de liberté pour ceux qui produisent, plus d’autorité contre ceux qui nuisent, et une refondation profonde de l’État-providence devenu inefficace. Une condition indispensable pour que la France redevienne prospère, respectée et souveraine.

Marché Forville : un chantier prolongé pour sauver un emblème du patrimoine cannois

Les travaux du marché Forville se prolongeront, mais pour une raison essentielle : sauver un bâtiment emblématique de Cannes. Le diagnostic approfondi du bâtiment centenaire a révélé un état de dégradation bien plus avancé que prévu, nécessitant des interventions lourdes et indispensables pour garantir sa pérennité.

le 15 décembre 2025
Forville_03

Conçu dans les années 1930, le marché Forville fait partie intégrante de l’histoire et de l’identité cannoise. Les fragilités structurelles découvertes : poteaux corrodés, béton altéré, fondations à renforcer, imposaient une action en profondeur. Il ne s’agit plus d’une simple rénovation, mais bien d’un sauvetage patrimonial, mené pour éviter une dégradation irréversible, voire la disparition du bâtiment à moyen terme.

La municipalité a fait le choix de la responsabilité : prendre le temps nécessaire pour sécuriser, consolider et embellir ce lieu unique, tout en préparant son avenir. Un chantier complexe et exigeant, suivi de très près, afin que le marché Forville puisse continuer à accueillir commerçants et habitants dans les meilleures conditions de sécurité et de qualité.

Comme l’a rappelé David Lisnard :

« C’est le cœur, le “ventre” et une partie de l’âme de Cannes. (…) Les travaux sont complexes, très longs et en cela préjudiciables pour des commerçants, mais ils étaient indispensables pour sauver – et embellir – le marché. (…) Nous permettrons à Forville de s’inscrire dans la durée, la sécurité et la prospérité. »

En investissant aujourd’hui pour préserver Forville, la Ville fait le choix d’un patrimoine vivant, au service des Cannois, de l’attractivité du centre-ville et de l’identité de Cannes.

« Remettre de l’ordre sans renoncer aux libertés »

Invité de l’émission Dimanche en politique sur Ici Azur, David Lisnard a réaffirmé sa ligne : refuser les faux clivages, défendre l’universalisme républicain et proposer une alternative crédible face à l’impuissance publique. Sécurité, école, finances publiques, démocratie : le maire de Cannes et président de Nouvelle Énergie a assumé une parole claire et constante.

le 15 décembre 2025
ICI AZUR

Face à la montée des extrêmes et à l’éclatement des forces politiques, David Lisnard a défendu une conviction centrale : la République est aujourd’hui menacée moins par les étiquettes que par le désordre, l’impuissance de l’État et l’effondrement de ses missions essentielles. Sécurité, justice, école, maîtrise de l’immigration : « remettre de l’ordre » est, selon lui, une condition pour garantir les libertés individuelles et la cohésion nationale.

Refusant toute alliance avec le Rassemblement national, il plaide pour une compétition démocratique large, du centre à la droite, afin d’éviter l’élimination dès le premier tour de la présidentielle et de faire émerger un projet fondé sur la responsabilité, la liberté économique et l’autorité républicaine. « Ce n’est pas une alliance, c’est une sélection », a-t-il martelé.

Sur le plan économique, David Lisnard a dénoncé l’incohérence des votes parlementaires, notamment sur le budget de la Sécurité sociale, et réaffirmé sa ligne : baisse des dépenses publiques, refus de la fuite en avant fiscale, défense du travail et des générations futures. « Trop d’impôts tuent l’impôt », a-t-il rappelé, en appelant à une réforme profonde de l’État social.

Enfin, s’exprimant en tant que maire, il a rappelé les limites mais aussi les responsabilités locales en matière de sécurité, après un drame survenu à Cannes-la Bocca. Vidéoprotection, police municipale, prévention et sanction doivent aller de pair, mais seule une reprise en main nationale permettra de rétablir durablement l’autorité.

Constante dans ses convictions, appliquées localement et portées nationalement, la ligne défendue par David Lisnard se veut une voie de liberté, d’ordre et de responsabilité, au service d’une République forte et fidèle à ses principes.

 

 

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« Que l’État nous laisse faire : la liberté locale fonctionne ! »

Retrouvez la tribune de Murielle Fabre, Etienne Blanc et Yves d’Amécourt parue dans La Tribune.

le 15 décembre 2025
MF EB YDA

L’on nous reparle (enfin) de décentralisation. Dont acte. Car aujourd’hui tout part trop souvent du centre. Que l’État saurait mieux. Mais que la proximité serait un supplément d’âme. Pendant ce temps, les citoyens attendent des réponses concrètes et rapides. Et qui agit ? Les collectivités.

La réalité est connue : recentralisation financière, carcan bureaucratique et errance politique nationale. L’État bavarde, le territoire se débrouille.

Les communes perdent leur liberté budgétaire : dotations fléchées, appels à projets avilissants, disparition de ressources stables. Elles sont submergées par des normes qui disent « innovez » tout en interdisant d’agir autrement. Elles se voient confier des responsabilités lourdes sans les moyens qui vont avec.

Un Etat qui agit peu, et à crédit ; des élus locaux qui agissent chaque jour, de plus en plus sous contrôle d’une main trop visible ; ce modèle ne fonctionne plus.

La commune reste pourtant le premier échelon démocratique, là où la République se vit. Là où l’on regarde les habitants dans les yeux. Là où l’action publique se réalise quotidiennement.

La proximité s’exerce donc d’abord dans le bloc local : la commune, cœur battant de la démocratie, l’intercommunalité choisie, là où l’efficacité collective se construit.

Au-dessus, le millefeuille territorial étouffe l’action. Départements et grandes régions se superposent, créant confusion et dépenses inutiles. L’Etat se perd, dans ses multiples organes déconcentrés, s’éparpille dans ses palabres législatifs.

Pour être lisible et performante, la République doit reposer sur un seul niveau territorial supérieur, adapté aux réalités économiques, sociales et culturelles.

Une organisation simple et efficace : un bloc local responsable, au-dessus des provinces. Entités claires, héritières de nos identités et spécificités. Comme la Normandie, un territoire qui a du sens, avec notamment une cohérence culturelle et économique. L’Alsace doit aussi avoir les leviers d’une identité claire à part entière. Un territoire historique, européen par nature, au cœur des flux.

Et une subsidiarité ascendante : la décision au plus près, la coordination, la mutualisation, le transfert de compétence seulement quand c’est nécessaire.

La subsidiarité, c’est aussi moins de dépense publique. Moins d’intermédiaires. Moins de procédures. Et surtout des décisions prises par ceux qui assument les résultats.

Il nous faut une République claire, pas un puzzle administratif. Une puissance publique utile, pas bureaucratique.

Ouvrir une nouvelle étape de décentralisation, ce n’est donc pas affaiblir l’État : c’est lui rendre sa vraie mission : protéger, soutenir, défendre. Et plus administrer tout, tout le temps, à la place de tout le monde.

L’enjeu n’est pas institutionnel : il est démocratique. Il nous faut plus de lisibilité, pour plus de responsabilité et plus d’efficacité.

Historiquement la France a toujours gagné en se modernisant. Lorsqu’elle accepte de se décentraliser la France est plus performante. C’est le moment de lui redonner sa puissance. Nous sommes prêts.

La République gagnera à faire confiance à celles et ceux qui sont sur le terrain.

Qu’on nous laisse faire.

Par Murielle Fabre, Porte-Voix Nouvelle Energie, Maire de Lampertheim, Vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de l’action culturelle, de la lecture publique, de l’audiovisuel et du cinéma et Secrétaire Générale de l’Association des Maires de France Etienne Blanc, Porte-Voix Nouvelle Energie, Sénateur du Rhône et Conseiller Municipal de Lyon Yves d’Amécourt, Porte-Voix Nouvelle Energie, Ancien Elu Local et Vigneron

Retrouvez cette tribune sur le site de La Tribune en cliquant ici.

« Une expérience formatrice, qu’il ne faut pas idéaliser » : David Lisnard raconte son service militaire

David Lisnard se souvient de son service militaire d’abord en Normandie, puis à l’école militaire. Il raconte ses anecdotes à Paris Match.

le 12 décembre 2025
DL SM

« J’ai effectué mon service militaire, entre 1993 et 1994, en tant que canonnier dans l’armée de terre, d’abord en Normandie, puis à l’école militaire au service information. Ce fut une expérience formatrice, qu’il ne faut pas non plus idéaliser : en caserne, nous n’avions qu’un Famas pour six, et cinq d’entre nous devaient se contenter de fusils datant de la guerre d’Algérie. La réalité est qu’il y avait aussi quelques cas d’alcoolisme et des bagarres, et la reproduction d’inégalités sociales.

Côté anecdotes, je me souviens d’un soir, pendant mes classes, où, avec un copain, nous avions fait le mur pour aller dans un bistrot… Hélas pour nous, des officiers s’y trouvaient. Nous en étions revenus avec une sanction disciplinaire. À l’inverse, je garde un souvenir fort d’un réveillon de la Saint-Sylvestre : seul en poste d’observation, puisque j’avais pris volontairement les jours de Noël et du Nouvel An, j’avais eu la visite d’un officier très haut gradé de l’état-major avec qui j’avais parlé littérature et géopolitique jusqu’au bout de la nuit. Je crois qu’un retour du service militaire est nécessaire pour aguerrir individuellement de nombreux jeunes Français et développer l’esprit patriotique de défense. Il doit être universel, court pour des raisons financières – d’une durée de trois mois? -, en caserne et en uni-forme. Il faut que tous les Français suivent une vraie préparation militaire pour renforcer le sentiment national et pouvoir contribuer à dissuader toute attaque extérieure terrestre.»

Voir l’article sur le site de Paris Match en cliquant ici.

L’adoption du budget de la Sécu : le nouveau «n’importe quoi qu’il en coûte»

« Voilà où nous en sommes : des députés qui votent pour un texte qu’ils désavouent eux-mêmes » David Lisnard dans sa chronique pour l’Opinion.

le 11 décembre 2025
L'opinion

L’adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 restera comme le symbole d’une capitulation politique. La réforme des retraites, présentée comme l’acte majeur du second quinquennat d’Emmanuel Macron, a finalement été suspendue au nom de la « stabilité ». Cette mesure, pour laquelle le gouvernement avait engagé sa responsabilité au printemps 2023, qui avait mobilisé toute son énergie pendant des mois, s’évanouit au gré d’un compromis parlementaire arraché entre la gauche, le Rassemblement national, des macronistes et autres députés complices du « bloc central ». Gabriel Attal produit le faux alibi : « Nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis qui a été trouvé par le Premier ministre avec le groupe socialiste. » Traduction : nous sacrifions un combat emblématique plutôt que de risquer la censure.

Et nombreux sont les parlementaires de la droite et du centre, malgré le courage de quelques-uns, qui ont contribué à l’adoption de ce texte. Voilà où nous en sommes : des députés qui votent pour un texte qu’ils désavouent eux-mêmes. Ce renoncement s’inscrit dans une série de capitulations budgétaires qui se soldent par un déficit officiel de près de 20 milliards d’euros et plus de 10 milliards d’économies abandonnées, auxquelles s’ajoute le coût de la suspension de la réforme des retraites.

Instrument électoral. Pour comprendre ce naufrage budgétaire, il faut revenir au 12 mars 2020. Emmanuel Macron déclare alors que le gouvernement mobilisera « tous les moyens financiers nécessaires pour sauver des vies, quoi qu’il en coûte ». Dans les premiers temps de la pandémie, cette doctrine se justifiait. Mais très vite, le « quoi qu’il en coûte » aurait dû céder la place à une gestion plus rigoureuse comme partout ailleurs dans le monde. Il n’en fut rien. Et plus l’élection présidentielle de 2022 approchait, plus cette doctrine s’est transformée en instrument électoral. Le « quoi qu’il en coûte » a muté en « n’importe quoi qu’il en coûte ». Chaque difficulté appelait une réponse budgétaire. Cette période a constitué une véritable martingale politique, un clientélisme d’Etat financé par la dette de nos enfants.

Depuis la dissolution de juin 2024, ce « n’importe quoi qu’il en coûte » a atteint son paroxysme. Le président de la République et son gouvernement pratiquent la politique de l’instant. Sans cohérence. Sans vision. Seul compte le fait de tenir et durer. Plus Emmanuel Macron perd en soutien populaire, plus il se cramponne au pouvoir.

Le vocabulaire employé par ce pouvoir finissant mérite qu’on s’y arrête. On invoque la « responsabilité » pour justifier l’augmentation des impôts. On parle de « stabilité » pour expliquer l’abandon de la réforme des retraites. Mais ces mots ont perdu tout contenu. La « stabilité politique » est devenue le grand alibi du système.

Qu’importent l’instabilité fiscale qui frappe les entreprises et décourage l’investissement, l’instabilité comptable qui plonge la Sécurité sociale dans un déficit abyssal, l’instabilité sociale qui multiplie les tensions, l’instabilité économique qui érode la compétitivité du pays. Qu’importent le sacrifice des actifs écrasés d’impôts et de charges, la trahison des générations futures condamnées à porter le poids d’une dette devenue insoutenable. Qu’importent les dépôts de bilan qui se multiplient, l’effondrement du niveau scolaire qui hypothèque l’avenir, les frontières passoires qui alimentent les flux migratoires incontrôlés, le délitement régalien qui livre des pans entiers du territoire au chaos. Qu’importe la réalité, pourvu qu’il y ait la stabilité des postes pour quelques-uns et, surtout, la stabilité du maintien à l’Elysée du principal responsable de ce désastre.

L’Assemblée nationale a adopté une hausse de la CSG sur les revenus du capital, ciblant spécifiquement l’épargne financière investie sur les actifs les plus risqués, c’est-à-dire précisément celle qui finance l’économie productive, l’innovation, la croissance.

Le sophisme politique l’emporte sur la logique économique. Plus l’investissement est risqué, plus il est producteur de valeur pour l’économie. Mais cette considération disparaît devant la lutte des places.

Inefficacité. Ce « n’importe quoi qu’il en coûte », on le retrouve partout. Dans le logement, où l’Etat distribue 43 milliards d’euros d’aides tout en empilant les normes qui paralysent la construction. Dans la santé, où la Sécurité sociale dépense 266 milliards mais où les urgences ferment. Dans l’éducation, où le budget atteint 90 milliards mais où le niveau s’effondre. Partout, des milliards engloutis. Partout, la même inefficacité. Partout, le même refus de s’attaquer aux causes structurelles des problèmes.
Pour arracher le vote du 9 décembre, le gouvernement a multiplié les pressions. Le 4 décembre, il transmettait aux députés la lettre du directeur de la Sécurité sociale détaillant les conséquences d’une absence de vote : un déficit qui pourrait dépasser 30 milliards d’euros, des coupes brutales dans les prestations familiales, le doublement des franchises médicales par simple décret. Sébastien Lecornu lui-même martèle que l’absence de texte conduirait à « 29 ou 30 milliards d’euros de déficit ». Nous en sommes là : un gouvernement qui fait du chantage à la catastrophe pour masquer son impuissance.

Pourtant, « en responsabilité », une autre voie existait. Alors que la France n’a plus de majorité capable de prendre les décisions nécessaires pour redresser ses comptes et œuvrer pour les jeunes générations, le président de la République aurait pu tirer les conséquences de la dissolution catastrophique de juin 2024 et annoncer sa démission pour redonner un élan démocratique au pays. Les gouvernements successifs auraient pu baisser véritablement les dépenses publiques, diminuer les cotisations sociales et augmenter ainsi le salaire net des Français. Ils auraient pu confirmer la réforme des retraites, ne plus toutes les indexer, préparer l’avenir en organisant le financement de la retraite par capitalisation, et se projeter vers 2050, en songeant aux jeunes générations qui devront affronter le vieillissement démographique. Car c’est cela, la noblesse de la politique : assumer une vision de long terme, prendre des décisions exigeantes aujourd’hui pour éviter le désastre demain, porter la responsabilité de l’avenir plutôt que de gérer les émotions de l’instant. Agir sans procrastiner.

Faux-semblants. Ce qui s’est joué cette semaine incarne tout ce qu’il fallait éviter pour acheter du temps de survie politique au prix de la dette et du sacrifice des actifs et des jeunes.

Nous ne sortirons de cette impasse qu’en brisant ce système fait de faux-semblants, de promesses creuses, de communication permanente qui tient lieu de politique. Cela exige de reconstruire une vision, un projet, une méthode sur le « comment », une ambition collective fondée sur le travail, la responsabilité individuelle, la rigueur budgétaire et l’investissement dans les générations futures. Le temps n’est plus aux demi-mesures ni aux reports électoraux. Il est venu le temps de choisir entre la stabilité des places et l’avenir de la nation. Ainsi va la France.

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Ne faisons pas de la laïcité un renoncement

La loi de 1905, véritable chef d’œuvre d’équilibre politique, célèbre ses 120 ans. Si le mot « laïcité » ne sera consacré que plus tard par les textes constitutionnels de 1946 et 1958, elle énonce des principes concrets – non-reconnaissance et non-subvention des cultes – et fait de la liberté son principe : liberté de l’État face aux Églises, liberté des consciences face à l’État, liberté des cultes dans le respect de l’ordre public. Une tribune de David Lisnard parue le 9 décembre 2025, jour d’anniversaire de la loi de 1905, sur Rupture-Mag.

Liberté le 09 décembre 2025
120 ANS LOI

Pourtant, cette loi de sagesse subit depuis quelques années un détournement systématique et la République fait face à une instrumentalisation de ce principe fondateur. Ce qu’Aristide Briand avait conçu pour pacifier les rapports entre l’État et les Églises sert désormais à nier ce que nous sommes, ce qui n’était pas son objet.

L’objectif initial de ce texte, après vingt-cinq ans d’affrontement, était clair : protéger la conscience de chacun en séparant les pouvoirs religieux et politiques. Il ne fut jamais question, dans l’esprit de Briand, de nier l’identité historique du peuple français, construite sur un socle judéo-chrétien. Et la neutralité de l’État ne devait pas se transformer en négation de cette réalité.

S’il refusait d’imposer une confession particulière, il refusait tout autant d’effacer quinze siècles d’histoire.

Car il faut le comprendre : la laïcité n’est pas une fin en soi mais un moyen au service de la liberté. Elle garantit que l’État ne dictera pas au citoyen ce qu’il doit croire. Elle le protège de l’emprise du pouvoir spirituel. Elle assure que personne ne sera contraint dans sa foi. Mais cette liberté ne surgit pas dans un vide civilisationnel. Elle suppose un cadre qui la rend possible et lui donne son sens.

Ce cadre, c’est précisément notre héritage judéo-chrétien. Celui-ci, en France, est lié à la pensée grecque et au droit romain, puis, d’une certaine façon, génère l’esprit des Lumières qui certes en contestera le magistère mais en consacrera les valeurs d’universalisme et de dignité de la personne humaine. C’est le christianisme qui, le premier, a distingué le spirituel du temporel. C’est lui qui participera culturellement à l’évènement de la notion d’un individu souverain, libre et responsable. La parole évangélique « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » a fondé la possibilité même d’une séparation des pouvoirs, développée plus tard par Saint-Augustin. Elle a créé l’espace conceptuel dans lequel la laïcité pouvait naître. Seul l’Occident chrétien a produit cette dualité qui permettra l’émergence d’un État laïc.

La laïcité française accomplit donc, après bien des siècles il est vrai, ce que le christianisme a rendu pensable : la possibilité pour l’individu d’être citoyen sans que sa foi privée ne détermine son statut public. Cette liberté de conscience s’enracine dans la conception chrétienne de la personne humaine, dotée d’une dignité inaliénable.

 

Prétendre que la laïcité exige d’oublier, voire de nier et même de combattre cet héritage, c’est scier la branche sur laquelle elle repose. C’est transformer un acquis civilisationnel en concept abstrait manipulable à merci au détriment de la nation française. Sans la reconnaissance de ce terreau historique, la laïcité devient une coquille vide que chacun peut remplir selon ses intérêts. Et c’est précisément ce qui se produit aujourd’hui.

Briand le savait. Durant les débats de 1905, il a dû combattre sur deux fronts. Contre les catholiques opposés à la séparation, certes. Mais aussi contre les anticléricaux extrémistes de son camp qui proclamaient « l’incompatibilité entre l’Église et tout régime républicain » et affirmaient que « tant que l’Église n’aura pas entièrement disparu, notre tâche ne sera pas achevée ».

Briand a tenu bon, refusé une loi « braquée sur l’Église comme un revolver », selon ses propres termes, et conclu les débats en rappelant que la majorité avait accordé aux catholiques « tout ce que raisonnablement pouvaient réclamer vos consciences : la justice et la liberté ».

Aujourd’hui, une double offensive converge pour détruire cet équilibre. D’un côté, l’idéologie woke issue du multiculturalisme anglo-saxon transforme la laïcité soit en instrument de discrimination soit en outil d’ « annulation » de l’héritage chrétien. De l’autre, l’islam politique la perçoit comme un obstacle à abattre. Les deux s’allient objectivement dans une même entreprise de démolition de l’universalisme républicain.

Dans les années 1990, des courants intellectuels inspirés par le multiculturalisme ont commencé à promouvoir une « laïcité de reconnaissance » qui remet en cause la frontière classique entre sphère privée des convictions et neutralité de l’espace public.

Ses promoteurs prétendent prolonger l’esprit libéral de la loi de 1905. Or, c’est une lecture anachronique et infidèle à l’intention originelle du législateur.

Briand défendait la liberté de conscience dans un cadre civilisationnel assumé, mais il n’a jamais demandé à la République de reconnaître publiquement toutes les revendications identitaires. Il n’a jamais transformé la neutralité de l’État en obligation positive d’accueillir et de légitimer dans l’espace public tous les codes culturels religieux ; il garantissait la liberté des cultes, pas un droit général à la reconnaissance identitaire.

Cette dérive multiculturaliste a ouvert la voie à des positions plus radicales encore. Le courant décolonial récuse aujourd’hui la laïcité, dans laquelle il voit une « expression du pouvoir blanc ». Il défend l’autonomie des groupes communautaires et leur droit à imposer leurs normes religieuses.

Le paradoxe est saisissant. Les mêmes qui s’offusquent d’une crèche sur un village de Noël au motif qu’elle violerait la neutralité de l’espace public restent silencieux face aux revendications islamistes les plus fanatiques. Cette laïcité à géométrie variable est une capitulation déguisée en tolérance. Elle frappe avec zèle les symboles de notre héritage et s’agenouille devant les offensives qui le contestent et servent objectivement l’islam politique.

Des groupements religieux se sont succédé pour structurer cette offre : le Tabligh d’abord, le mouvement des Frères musulmans ensuite, puis les groupes salafistes. Leur objectif est clair : immuniser les jeunes musulmans contre l’influence de l’école républicaine, empêcher ce qu’ils nomment « l’aliénation culturelle ». Autrement dit, empêcher l’intégration. Sans même parler de l’assimilation, hélas abandonnée depuis trop longtemps.

Selon le dernier sondage IFOP de novembre 2025, 38 % des musulmans de France approuvent désormais tout ou partie des positions islamistes, contre 19 % il y a trente ans.

Chez les musulmans de 15 à 24 ans, les chiffres sont plus éloquents encore : 59% pensent que la charia doit être appliquée en France, 57 % estiment que les règles religieuses doivent primer sur les lois de la République, 42 % se disent proches d’une « mouvance islamiste ».

Ces chiffres révèlent l’émergence d’une contre-société organisée selon des normes religieuses distinctes, voire opposées, à celles de notre nation.

Les idiots utiles de l’islamisme, qui utilisent la laïcité dévoyée pour légitimer cette balkanisation culturelle et religieuse au nom de l’inclusivité et de la lutte contre les discriminations, travaillent objectivement à la déconstruction de cette même laïcité. Tout comme les anti-cléricaux de 1905 voulaient détruire l’Église au nom de la République, ils entendent détruire la République au nom du multiculturalisme.

Le djihad judiciaire mobilise tribunaux et instances internationales pour attaquer les pouvoirs publics et intellectuels. L’islam politique utilise toutes les armes à sa disposition, en commençant par accuser d’islamophobe tout opposant, cherchant ainsi à faire taire toute critique en l’assimilant à du racisme et en accrochant une cible dans le dos de la personne incriminée.

Samuel Paty a été assassiné en 2020 non pas parce qu’il enseignait la neutralité, mais parce qu’il osait enseigner la liberté d’expression, cette valeur profondément ancrée dans notre conception judéo-chrétienne de la personne humaine. Dominique Bernard a été tué pour le même crime : avoir transmis, à travers la littérature française, une vision du monde que d’autres considéraient comme incompatible avec leurs convictions religieuses.

Ces morts exigent de nous clairvoyance et courage. La France n’est pas un marché où tous les projets civilisationnels se valent. Elle n’est pas une page blanche où chacun pourrait écrire son propre système de normes. C’est une nation avec une histoire, des fondations, une âme. Elle a le droit de les défendre. Elle en a le devoir.

L’universalisme républicain ne nie pas les différences. Il les rend possibles en les situant dans la sphère privée. Il protège les libertés individuelles contre l’emprise des groupes. Il garantit que personne ne sera assigné à une communauté, enfermé dans une identité, soumis à une autorité religieuse.

Assumer notre identité n’est donc pas trahir la laïcité. C’est la comprendre dans sa profondeur. La France laïque n’est pas une France amnésique. Elle est une nation qui accueille toutes les croyances à condition qu’elles acceptent ses fondements, qui ne sont pas négociables.

Le combat du XXIe siècle se joue ici. Entre une laïcité vivante qui assume l’héritage civilisationnel de la France et une laïcité dévoyée qui organise notre effacement. Entre un universalisme qui libère les individus et un communautarisme qui les asservit.

Cette bataille se gagnera par notre capacité à reprendre le terrain perdu. Chaque voile à l’université – qui n’a pas vocation à être un lieu de manifestation identitaire mais un sanctuaire de la raison et de l’émancipation –, chaque burkini sur nos plages, chaque refus de mixité dans nos piscines, chaque prière de rue est un étendard politique, souvent un pion avancé par les islamistes sur l’échiquier de notre espace public, et toujours un renoncement de la République française.

L’absence de tout signe religieux ostensible doit prévaloir partout où la République instruit, juge ou administre.

Ces mesures visent à protéger la liberté de conscience contre les assignations identitaires. Elles défendent l’espace commun contre la fragmentation communautaire. Elles accomplissent ce que Briand voulait : permettre à chacun de vivre sa foi dans la sphère privée sans que celle-ci ne détermine son statut dans l’espace public.

Cent vingt ans après, nous devons faire ce qu’il a fait : combattre sur deux fronts. Refuser l’offensive islamiste qui veut soumettre la République à la charia. Refuser l’offensive woke qui veut dissoudre notre identité dans le multiculturalisme. Dénoncer les idiots utiles qui, par lâcheté ou par calcul, ouvrent les portes aux deux.

Résister à ces nouveaux empires idéologiques, c’est assumer pleinement ce que nous sommes comme Français, précisément dans l’esprit républicain, c’est-à-dire quelles que soient nos origines et nos éventuelles croyances religieuses. Sans cette double fidélité à la liberté individuelle et à l’identité nationale héritée, il ne restera bientôt plus rien à défendre. Ni République, ni civilisation, ni nation. Seulement un espace vide offert à ceux qui n’ont jamais renoncé à le conquérir.

 

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David Lisnard face à la crise du logement : « Il est temps de briser cette spirale infernale ! »

David Lisnard juge que les attaques d’un État trop centralisateur sur la propriété sont la première cause d’une crise sociale et humaine de grande ampleur. Une interview accordée au Figaro.

Logement le 05 décembre 2025
DL FIGARO

LE FIGARO. – Une femme de 66 ans est décédée à Piriac-sur-Mer après avoir passé six nuits avec son mari dans leur voiture, faute de logement…

Au-delà de l’émotion ressentie, malheureusement je n’ai pas été surpris. J’avais évoqué, récemment, la réalité de compatriotes y compris salariés qui vivent dans leur voiture. Nous sommes plusieurs à répéter depuis des années que cette crise du logement serait la plus grande crise sociale et humaine que nous aurions à affronter. Nous y sommes. Et cette crise, elle n’est pas terminée puisque les gouvernants persistent dans l’amplification des causes de cet effondrement.

Cette crise du logement, qui est aussi une réalité européenne, est-elle une fatalité en France ?

Le sujet est très compliqué mais il n’y a jamais de fatalité. C’est une fatalité si l’on continue de refuser de regarder la réalité : les besoins de logement augmentent. Explosion des ménages, accélération des divorces… Toutes les études le disent. Rien que sur le neuf, il faudrait 30% de logements en plus d’ici dix ans alors que nous souffrons de 30% en moins. Il faut absolument sortir du diagnostic erroné des technocrates qui ont pensé que la stagnation démographique entraînerait moins de besoins. Dans une grande mesure, la crise du pouvoir d’achat est aussi la conséquence de la crise du logement, sachant que l’autre cause réside dans les prélèvements obligatoires excessifs. Le coût du logement, qui est une dépense contrainte, représente 32% des revenus du ménage, contre 16% il y a vingt ans.

À qui la faute ?

À l’incompétence.

Comment sortir de cette spirale ?

Pour en sortir, nos dirigeants doivent d’abord accepter le bon diagnostic. Il est temps de briser cette spirale infernale, amorcée il y a trente ans et accentuée depuis dix ans. Nous avons tari l’offre tout en pénalisant la capacité de la demande sur un besoin pourtant vital de l’être humain : un toit. Il faut absolument libérer le marché, lui permettre de redevenir la base de la production de logements pour les classes moyennes, puis permettre au logement social de vivre. Cette crise aiguë est aussi la conséquence des attaques répétées sur la propriété.

Pourquoi ?

Car la France ne compte que 54% de propriétaires contre la moyenne européenne à 70%. Pour augmenter le nombre de locataires ayant accès à des appartements, il faut que des propriétaires aient la possibilité de mettre leurs biens en locatif. Or, nous avons surtaxé le logement. Sans même parler des squatteurs qui ont souvent plus de droits que les propriétaires. En 2017, Emmanuel Macron avait parlé d’un choc de l’offre mais en réalité le choc s’est inversé. Nous sommes passés de 500.000 logements neufs à 300.000. C’est une catastrophe engendrée par plusieurs facteurs : raréfaction du foncier via la loi ZAN (Zéro artificialisation nette), complexification des procédures locatives, diagnostics de performances énergétiques empêchant 7 millions de logements d’être loués en résidences principales, impôt sur la fortune immobilière…

J’avais posé tout cela par écrit dès 2018. Emmanuel Macron considérait que l’immobilier n’était pas l’économie réelle alors que chacun sait que ce secteur est l’un des principaux moteurs de l’emploi et de la création de valeur, puisque 440.000 entreprises et de nombreux corps de métiers en dépendent. «Quand le bâtiment va, tout va»… Le vieil adage n’était pas si idiot. Par sa fiscalité et ses contraintes, le «en même temps» macroniste a tué l’offre de logements tout en étouffant la demande, avec des restrictions sur les crédits immobiliers depuis 2020, des prêts à taux zéro non abondés ou encore des restrictions sur les aides personnalisées au logement (APL) qui ont privé les bailleurs sociaux de capacité d’autofinancement.

Comment expliquez-vous la surdité de l’État aux alertes, notamment celles des maires de France ?

François Baroin, André Laignel, tous les vice-présidents de l’AMF et moi-même avions lancé l’alerte dès 2017 ! Mais notre pays a subi une recentralisation de la politique du logement, alors qu’une expérience conduite en Bretagne, beaucoup plus pertinente que les zonages de Bercy, a montré une augmentation des permis de construire quand cette politique est conduite par les collectivités locales. En réalité, l’État est centralisateur et croit avoir la science infuse. Mais ses attaques sur la propriété sont une réalité structurelle. On a tellement voulu protéger le locataire qu’on a fini par le fragiliser en montant les exigences des loueurs. Toutes les causes de la situation actuelle sont documentées : fiscalité, bureaucratie, autorisations préalables, code de l’urbanisme abscons, raréfaction des crédits…

Quid des effets pervers de la spéculation immobilière ?

Elle est la conséquence d’un excès de réglementation et n’est que le fruit de la rareté ! Nous l’avions d’ailleurs annoncée car par nature, ce qui est désiré devient rare et entraîne, mécaniquement, une augmentation des prix.

À la veille des municipales, quelles sont les marges de manœuvre des maires sur le sujet ?

Le logement est une politique nationale et l’hébergement d’urgence est strictement une compétence de l’État. Une décentralisation de ces compétences n’aurait de sens que si elle s’accompagnait de moyens. Sinon, l’État se défausserait simplement de ses responsabilités. La France est le pays disposant le plus d’aides au logement (40 milliards d’euros) en prélevant la plus forte fiscalité immobilière (90 milliards). Ce système centralisé est totalement inefficace. Il est donc urgent que l’action publique redevienne une politique de subsidiarité, concrète, pratique et simple pour aider les gens en difficulté auxquels l’État ne peut pas répondre.

Hélas, tout est inversé ! Quelque 75% de la population française sont éligibles aux logements sociaux et l’on n’a jamais produit aussi peu de logements neufs. C’est absurde. En tant que maire de Cannes, si je signe des logements pour résidences principales, je détériore mon ratio de logements sociaux et je paye davantage de pénalités. Donc, je n’ai intérêt qu’à signer du social, ce qui consiste à tuer le marché en amplifiant le goulot d’étranglement de manière particulièrement pernicieuse.

Vous président, quelles décisions concrètes prendriez-vous dès 2027 ?

J’allégerais la réglementation et je baisserais la fiscalité sur le revenu du locatif en résidence principale. Ensuite, je remettrais en cause les lois «SRU», «Alur», «Climat» et «Résilience» et je permettrais la relance de la construction en créant un bonus à la densification et un malus à l’étalement urbain. Je faciliterais aussi l’expulsion des squatteurs et je supprimerais le DPE. Je libérerais le foncier public, notamment celui de l’État. Et je simplifierais totalement le droit de l’urbanisme. Je réformerais enfin le logement social en permettant aux maires d’exclure les familles de délinquants avérés et récidivistes.

Vous risquez d’être accusé de défendre une vision très «libérale» du logement…

Je le prendrais comme un compliment mais c’est surtout une vision très réaliste, volontariste, pragmatique et sans idéologie.

Les 15 mois qui nous séparent de la présidentielle peuvent-ils être un temps utile pour relancer le logement ?

Il est toujours possible d’y croire mais cela me semble très compliqué dans le cadre actuel, parce qu’il faut tout revoir. C’est pour cela, entre autres, que je défends l’idée d’une présidentielle anticipée. Afin de pouvoir agir pour amorcer un nouveau cycle positif. Sans attendre.

 

 

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« Le discours écologiste devient un épouvantail à action environnementale »

ENTRETIEN – Pour David Lisnard, l’écologie punitive est contre-productive. Et de redire la nécessité de laisser le pouvoir d’agir à l’élu de proximité, en hiérarchisant les interventions à l’échelle nationale.

Environnement le 04 décembre 2025
LA TRIBUNE

LA TRIBUNE DIMANCHE — Le mandat de maire est celui de la qualité de la vie, dites-vous… Que recouvre la « qualité de vie » ? 

DAVID LISNARD — Le mandat de maire n’est pas que celui de la qualité de la vie, mais c’est avant tout celui de la qualité de la vie. C’est la maîtrise, la bonne tenue de l’espace public. Qu’il soit propre, sûr. C’est la bonne capacité de déplacement, faire en sorte que l’on puisse toujours y venir en voiture, tout en laissant la place au piéton, tout en développant le vélo et les transports publics. C’est donc de l’aménagement urbain.

Cela comprend l’accessibilité aux soins, la défense de l’environnement, la protection de la nature, la qualité de l’air. C’est aussi la solidarité locale. C’est nous, les maires qui recousons le tissu social, tous les jours. C’est, évidemment, créer un environnement positif pour l’activité économique, pour les entreprises qui créent de la richesse. Cela comprend également le développement d’une identité locale, des marques territoriales, ces entités connectées à un marché.

Le sondage IFOP, publié la semaine dernière dans La Tribune Dimanche, souligne que le climat est la dernière préoccupation des citoyens. Cela vous étonne-t-il ?

Dans mon action locale, en tant que maire de Cannes, cela reste une priorité très concrète. S’il y a eu un déclassement de ce centre d’intérêt, c’est pour deux raisons. D’abord, d’autres problématiques apparaissent de façon plus aiguë, comme la sécurité. Le déclassement de la France sécuritaire, économique, social, éducatif, démographique apparaît plus fort. Ensuite, malheureusement, la problématique climatique – et ce n’est pas faute de le dire est souvent défendue par des idéologues qui font des leçons de morale. Donc, ça énerve et ça éloigne du combat. Auparavant, on le théorisait moins, mais on parlait tout autant de l’environnement – certes, en n’employant pas les mêmes mots, mais nous étions attentifs aux problématiques du quotidien, au sort des dauphins, au goudron sur les plages… Le thème n’est pas apparu dernièrement.

Vous êtes assez remonté contre certaines mesures qui, selon vous, n’interviennent pas au bon moment… 

Faire apparaître le combat environnemental comme une somme de mesures liberticides au détriment des plus modestes, comme la ZFE en est l’un des symboles, ou la Zéro Artificialisation Nette, est contreproductif. C’est également le cas du DPE, ce diagnostic de performance énergétique mis en place au moment même où les Français n’ont jamais autant eu de difficulté à se loger… Défendre la planète, par exemple, c’est sortir 40 % du parc des logements de Paris de la possibilité de louer ? Laisser en plan des propriétaires qui ne peuvent procéder aux travaux ? Comment cela peut-il rendre la cause populaire ? Bien sûr que nous sommes tous partie prenante de l’avenir de la planète ! Mais le discours écologiste devient un épouvantail à action environnementale. C’est tout le paradoxe.

Quelle serait la bonne méthode ? 

Il faut hiérarchiser les choses, autrement on tombe dans un puritanisme écologique qui fait beaucoup de mal et ne sert à rien. Il faut ramener ces grands objectifs à des grandes politiques internationales, nationales et locales. Et, en matière énergétique, cela ne peut pas se régler au plan local, il doit y avoir une structure énergétique nationale, électrique. Il faut une colonne vertébrale unique qui soit pilotable, puissante, bon marché et décarbonée. Et cela, c’est le nucléaire et l’hydro-électrique.

L’amendement récemment voté qui taxe les plateformes touristiques comme Airbnb pour financer le fonds d’érosion côtier, cela vous paraît-il une bonne idée ?

Il y a un enjeu colossal sur le recul du trait de côte, puisque, avec le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, Ndlr), nous évaluons les besoins en financement, sur les sept décennies, à 100 milliards d’euros. On le voit dans certains régions atlantiques, méditerranées, aussi, un peu, en outre-mer… Ce qui est très troublant c’est que, jusqu’à maintenant, l’entretien des digues fluviales, la lutte contre les inondations, le recul du trait de côte n’étaient pas précisément définis dans l’action publique, mais apparaissaient en aménagement du territoire. Nous nous retrouvons désormais avec la responsabilité de cela sans décentralisation : on nous transfère des missions sans financements, ou alors très réduits.

Faut-il donc taxer les plateformes ? 

Il faut bien qu’il y ait un fonds national, cela ne peut pas être à la seule charge des communes exposées. C’est insoutenable, d’autant que c’est là que l’on concentre le maximum de population. La nouvelle martingale, après celle de la TVA pendant dix ans, est celle de la taxe de séjour. Pourquoi ne pas faire participer le consommateur touristique à l’aménagement touristique ? Le système est plutôt pertinent. Mais, dans le contexte actuel de sur-fiscalité et en l’absence de remise en cause de l’architecture des pouvoirs publics, cela apparaît comme un impôt supplémentaire.

 

 

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