Vive la liberté et AFUERA le collectivisme !
David Lisnard étrille l’asphyxie bureaucratique et accuse l’État d’étouffer les communes. Le patron de l’AMF défend plus de libertés locales, un État recentré sur le régalien… et assume désormais ses ambitions en vue de 2027. Vive la liberté, affirme-t-il pour le JDD.
Le JDD. Dans un contexte budgétaire contraint et de forte instabilité politique, quel est aujourd’hui l’état d’esprit des maires ?
David Lisnard. Très mobilisés et très déterminés. Les maires ont tenu bon malgré des années de turbulences : Gilets jaunes, Covid, émeutes urbaines, narcotrafic – sur lequel l’AMF fut l’une des premières à alerter –, crise migratoire et inflation, qui a lourdement pesé sur les budgets municipaux, notamment dans le BTP, les cantines scolaires et l’énergie. La violence contre les élus a explosé. Tout cela dans un contexte budgétaire calamiteux : l’État ne cesse de ponctionner les recettes des collectivités, comme il le fait déjà sur les ménages et les entreprises. Enfin, la bureaucratie subie est un fléau. Et nous avons compté une quarantaine de démissions de maires chaque mois, quatre fois plus qu’il y a vingt ans.
Le projet de loi de finances prévoit un effort de 4,6 milliards d’euros demandé aux collectivités. Y consentez-vous ?
Cette façon de poser le problème relève d’un récit infantilisant. Celui d’un État en faillite qui explique que tout le monde doit « faire un effort » parce que lui-même en est incapable. Participer à un effort collectif pour redresser le pays, tout le monde peut l’entendre et c’est nécessaire. Mais il ne s’agit pas de cela. On nous demande de renflouer un système à bout de souffle, victime d’une gestion calamiteuse. Ce n’est pas en saignant les bien-portants qu’on soigne les malades.
Vous renvoyez la balle à un État trop dépensier ?
À Cannes, nous avons réduit la dette de 81 millions d’euros sans augmenter les impôts, alors même que le taux de pauvreté – 21 % – y dépasse fortement depuis toujours la moyenne nationale. Pendant que nous appliquons des principes de bonne gestion, l’État continue de ponctionner nos budgets pour nourrir une bureaucratie sans fin, sans jamais se réformer. Financer à coups de milliards des agences et des directions régionales qui bloquent les projets locaux, ce n’est pas ma conception de l’action publique. La cause de nos maux réside notamment dans un système social qui engloutit la richesse produite. L’État-providence est mort. Il faut le remplacer par un État performant.
Le congrès de l’AMF s’ouvre sur le thème « Pour les communes, liberté ! ». Concrètement, quelles libertés supplémentaires réclamez-vous pour les maires ?
Depuis une quinzaine d’années, nous subissons une recentralisation financière et juridique. En tant que maire, je ne peux plus m’opposer à l’implantation d’une éolienne sur ma commune mais ne peux imposer un panneau solaire à l’architecte des bâtiments de France. Sur le plan financier, la suppression de la taxe d’habitation a privé les communes d’une ressource essentielle – sans que les prélèvements obligatoires baissent en France. Nous vivons désormais dans une « schématocratie », un empilement de procédures obligatoires et normes qui paralysent l’action locale. Pour une simple unité de traitement des déchets, il faut dix ans de procédures ! Il faut revenir à un régime de liberté et de responsabilité, passer de l’autorisation préalable au contrôle a posteriori. C’est la clé de l’efficacité et de la confiance.
Une mesure immédiate : le transfert du pouvoir réglementaire aux collectivités sauf sur le régalien. Et parallèlement que le préfet devienne l’unique responsable local de l’État. Aujourd’hui, les préfectures – comme les sous-préfectures – sont devenues des couloirs vides. Il y a eu en même temps recentralisation et un État parcellisé en une myriade d’organismes. Pour un simple projet d’équipement, il faut l’aval du préfet, de la Dreal, de la DDTM, de l’ARS, etc. Autant de « machins » dont aucun ne peut autoriser seul, mais chacun peut interdire. Résultat : des projets plus longs, plus coûteux et des collectivités contraintes de payer des cabinets pour s’en sortir. La confiance envers les élus coûte toujours moins cher que la défiance.
À un an de la fin de votre mandat à la tête de l’AMF, quel bilan tirez-vous ?
Nous avons fait grandir l’association, dont il faut rappeler qu’elle s’autofinance et ne dépend d’aucune subvention de l’État. Son congrès est le plus grand rassemblement des élus locaux en Europe. Notre première mission, c’est l’assistance aux communes : près de 12 000 demandes traitées chaque année. La seconde, la défense des libertés locales – comme l’écrivait Tocqueville, « c’est dans la commune que réside la force des peuples libres ». Enfin, nous préparons l’avenir : face aux défis numériques, écologiques, démographiques et aux risques majeurs, l’AMF aide les maires à anticiper et agir. C’est cela notre mission : renforcer localement la nation.
On vous prête des ambitions présidentielles. Faut-il désormais les assumer ouvertement ?
Ne soyons pas hypocrites : je fais tout pour qu’on me les prête. Je travaille, avec Nouvelle Énergie, à construire une véritable alternative : plus de liberté pour ceux qui produisent, plus d’autorité contre ceux qui nuisent. Si je devais résumer, il s’agit de permettre à la France d’être respectée et à chaque individu de pouvoir faire sa vie. Nous défendons la propriété parce qu’elle induit la liberté, la responsabilité, donc l’efficacité et la dignité.
Entre LFI qui aspire tout à gauche, telle l’Étoile noire de Star Wars, et un RN qui, selon Marine Le Pen, n’est « ni de droite ni de gauche », il faut un candidat pour incarner cet espace de droite dans lequel beaucoup de Français se reconnaissent. Pour qu’il puisse exister au second tour, il faut une primaire ouverte, la plus large possible, avec simplement une signature d’adhésion et une participation symbolique. C’est le seul moyen d’éviter l’éparpillement de candidatures qui condamnerait une fois encore la droite et le centre à la marginalité.
Vous revendiquez votre libéralisme, un mot rarement payant en politique française. Pourquoi le porter si haut ?
Quand on me dit « libéral », j’y vois un compliment. Je crois que la majorité des Français le sont sans le savoir : attachés à la responsabilité individuelle, au mérite, à la récompense de l’effort, à de bonnes écoles pour tous. Je ne veux rien d’autre que chacun soit propriétaire de sa vie. Mon projet est libéral sur le plan économique, sécuritaire sur le plan régalien. Avec Nouvelle Énergie, nous défendons ceux qui veulent s’en sortir, une France indépendante, respectée et prospère – un pays où chacun vit librement, tant qu’il ne nuit pas aux autres. C’est aussi simple que cela : vive la liberté et AFUERA le collectivisme !
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de Nouvelle Énergie et David Lisnard