« La seule issue, c’est la démission du président »
En déplacement à Saint-Malo, le maire de Cannes et président de Nouvelle Énergie, David Lisnard, estime qu’Emmanuel Macron n’a plus de légitimité politique pour gouverner. Face à un pays « bloqué », il appelle le chef de l’État à démissionner pour permettre un nouveau départ démocratique. Un article à retrouver dans le JDD.
Ce vendredi soir, vers 22 heures, une collaboratrice se penche à l’oreille du maire de Cannes. David Lisnard, en pleine séance de dédicaces, suspend son stylo. « C’est une plaisanterie ? Tu me fais marcher ? » Le président de la République vient de reconduire Sébastien Lecornu à Matignon. Le président de l’AMF lève les yeux au ciel : « Donc il renomme un Premier ministre qui disait il y a quelques jours ne pas vouloir rempiler… Ces gens sont trop intelligents pour nous ! » Pour lui, pas de doute : cette histoire finira mal. Plus tôt dans la soirée, il s’en expliquait déjà devant 300 personnes réunies au Carré, le centre d’affaires de la cité corsaire, lors d’une réunion publique de son mouvement Nouvelle Énergie. Depuis plus d’un an, le chantre du libéralisme sillonne la France pour faire entendre sa voix.
Ce week-end, cap sur la Bretagne. Dans la voiture qui le conduit de Rennes à Saint-Malo, le vice-président des LR refait le film d’une semaine politique chaotique. Bruno Retailleau a-t-il eu raison de précipiter la chute du gouvernement ? Et que penser de ces députés LR prêts à brader la réforme des retraites pour éviter des législatives anticipées ? Lisnard hausse les épaules. À ses yeux, le Vendéen aurait dû claquer la porte plus tôt, dès juin, quand il était au faîte de sa notoriété. Songe-t-il à quitter LR ? Oui, si sa famille politique s’obstine à vouloir participer à un nouveau gouvernement. Une option finalement écartée, à son grand soulagement, ce samedi, lors du bureau politique des LR. À Saint-Malo, Lisnard fait halte au port : visite d’un chalutier-usine, puis échange avec des entrepreneurs locaux, qu’il tente de rallier à sa vision. Le soir, dans un amphithéâtre comble – 300 personnes entre deux âges –, pendant une heure, le maire de Cannes déroule son « projet libéral, sécuritaire et éducatif » pour sortir le pays de l’ornière. La démonstration vire vite au réquisitoire contre « la caste » au pouvoir. Au banc des accusés, le chef de l’État et sa dissolution ratée. On n’en sortira, estime-t-il, que par un retour aux urnes. Mais pas de législatives anticipées : « La seule issue, c’est la démission du président de la République. » Et qu’on ne lui parle pas de précédent dangereux : « Quand le sélectionneur de l’équipe de France est mauvais, on ne le garde pas au motif que son départ risquerait d’affaiblir les prochains entraîneurs. »
Soucieux de ne pas passer pour un factieux, il rappelle qu’il n’a jamais demandé la démission de François Hollande, qu’il jugeait pourtant « nullissime ». Et pour cause : « Le pays n’était pas bloqué. » Il convoque alors de Gaulle, qui quitte le pouvoir en 1969 après son référendum perdu, fort encore d’une légitimité historique et politique. « Emmanuel Macron n’a plus qu’une légitimité juridique. » La référence fait mouche chez Odette, 92 ans, gaulliste revendiquée, que le spectacle politique désespère : « Le président se grandirait en actant son départ. » François, la quarantaine, se joint à la discussion. Il partage le diagnostic de blocage, pas le remède : « Le fait majoritaire n’est plus une évidence. On ne peut plus garantir que de nouvelles législatives donnent une majorité claire. » Dans la file des dédicaces, à la sortie, la perspective d’une démission anime les conversations. Beaucoup la souhaitent, peu y croient. Mais tous s’interrogent sur la stratégie de la droite. Y aller ? Ne pas y aller ? « Dans un moment de crise, juge un vieux marin, la droite doit prendre ses responsabilités et incarner la stabilité. On ne quitte pas le navire quand il coule. » Mais pour David Lisnard, la question ne se pose plus : le bateau gît déjà au fond.
Un article de Victor-Isaac Anne à retrouver sur le site du JDD en cliquant ici.
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de Nouvelle Énergie et David Lisnard